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Actualités - CHRONOLOGIES

CONCERT - Église Saint-Joseph des pères jésuites - Achrafieh - L’Orchestre symphonique national libanais : un riche mélange de genres

Dynamisme continu de l’Orchestre symphonique national libanais, en collaboration avec de talentueux musiciens venus de Syrie, et placé sous la houlette du maestro Solhi al-Wadi, à l’église Saint-Joseph des pères jésuites illuminée et, comme d’habitude, archi pleine. Au menu un riche bouquet d’œuvres incluant des pages de Mozart, de Falla, Dvorak, Tchaïkovski et Puccini. De l’art lyrique avec la soprano Talar Dekermendjian aux flamboyances ibériques avec piano (en soliste Ola Karajoli) en passant par une marche slave au ton éminemment patriotique, la palette s’élargit pour une expression multiple et un heureux mélange des genres. Premières mesures tout en gaieté, fantaisie et humour de la brillante ouverture de Cosi fan tutte, opéra bouffe en deux actes de Mozart sur l’inconstance et la faiblesse du cœur des femmes. Ouverture qui débute par un andante et se termine par un presto avec des motifs empruntés à différentes scènes alliant vivacité, doute, espoir, méditation, petites colères et joie à peine contenue. C’est là tout le charme et la grâce du maître de Salzbourg qu’on retrouve dans un ton prestement et habilement enlevé. Un ton faussement détaché qui dit tout en ne grossissant jamais les traits. Mozart au meilleur de sa forme dans cette ouverture d’une œuvre commandée par l’empereur Joseph II et qui dévoile l’amertume des cœurs au-delà d’une plaisanterie qui a été trop loin et prend parfois un tour sérieux. Brûlante Espagne Changement d’atmosphère, d’horizons et de siècles avec une narration pleine du soleil du pays de Cervantes, exclusivement et profondément ibérique, d’un lyrisme soeuvent mélodramatique. On écoute ici les chatoyances orchestrales et les vibrants accords du piano de la partition Noches en los jardines de Espana (Les nuits dans les jardins d’Espagne) de Manuel de Falla. Formée de trois pièces fleurant bon et passionnément le folklore le plus authentique, cette œuvre est habitée non seulement de féérie mais aussi des murmures et des frémissements d’une grande poésie. Velours nocturne, mystère, gravité, tension et un certain panache avec En el-Generalife ; sensualité, mouvements emportés, falbalas et rythmes vifs (comme si le Tricorne et l’Amour Sorcier n’étaient pas loin !) avec «la danse lointaine»; éruptifs, brûlants, comme écrasés de soleil mais embaumant les roses et les œillets sont ces «jardins de la Sierra de Cordoue». Au piano, pour donner la réplique à l’Orchestre symphonique national libanais, une excellente soliste : Ola Karajoli. Après l’entracte, place au bel canto avec Talar Dekermendjian, originaire d’Alep, une soprano qui a littéralement subjugué l’auditoire par une voix extraordinaire et une prestation sans faille. Trois arias d’une grande beauté et techniquement ardues. De Dvorak, on écoute l’un des plus beaux chants d’amour, à la fois chaste et émouvant, tiré de Roussalka opéra à l’atmosphère poétique et brumeuse. Invocation à la «lune argentée» par une Roussalka seule et transie d’amour. Battements secrets du cœur que la musique et le chant traduisent admirablement. Arias brillantes Toujours dans le sillage du lyrisme slave, un passage de l’opéra inspiré d’un poème de Pouchkine, La Dame de Pique de Tchaïkovski, le plus cosmopolite des musiciens russes. Aria traitant bien entendu encore des intermittences du cœur mais où Lisa s’interroge sur les valeurs conjugales …Un parti idéal que ce prince parfait en tout point mais comment expliquer alors cette crainte que ressent au fond d’elle-même cette jeune héroïne ? Justes prémonitions auxquelles les événements donneront crédit... Pour terminer, encore la voix d’une grande amoureuse, celle de Madame Butterfly de Puccini. Une aria déchirante et d’une émouvante puissance dramatique que la jeune cantatrice a exprimé avec infiniment de doigté et de dévotion. Explosion d’applaudissements d’un public transporté et qui eut le plaisir de réécouter cette aria, en bis, en fin de concert. Pour se dégager de toutes ces flammes dévorantes de l’amour, Tchaïkovski pour boucler la ronde sur un air de Marche slave (op. 31). On ne retrouve guère ici l’inspiration de La belle au bois dormant ou de Casse-Noisette mais celle d’une œuvre véhémente et solennelle commandée par Nikolaï Rubinstein pour venir en aide aux blessés russes dans leur combat aux côtés des Serbes pour se défendre de l’invasion turque en 1876. D’un nationalisme farouche et altier, dotée d’un souffle épique, martial, toute en tornade et fanfare sur fond de roulements de tambour, cette marche qui couvre l’auditoire comme une déferlante, une mugissante lame de fond, combine avec grandeur l’hymne national russe et des airs du folklore serbe. Une belle prestation que le public a applaudie à tout rompre.
Dynamisme continu de l’Orchestre symphonique national libanais, en collaboration avec de talentueux musiciens venus de Syrie, et placé sous la houlette du maestro Solhi al-Wadi, à l’église Saint-Joseph des pères jésuites illuminée et, comme d’habitude, archi pleine. Au menu un riche bouquet d’œuvres incluant des pages de Mozart, de Falla, Dvorak, Tchaïkovski et Puccini....