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Actualités - ANALYSES

Dans l’attente d’une initiative officielle de dialogue

Le pays scindé en deux. Des manifestations de masse pour ou contre la présence syrienne. Pour ou contre l’indépendance, la souveraineté, le pouvoir de libre décision nationale. Le fossé est évident. Et il est aussi clair qu’il faut tenter de le combler sans tarder. Pour parvenir à une position libanaise commune. Ce n’est pas la première fois, tant s’en faut, que les Libanais s’entredéchirent sur des questions importantes. Il leur en a coûté bien des malheurs et ils ont risqué pendant la guerre le naufrage total. Mais ils ont toujours su se rappeler, avant qu’il ne soit vraiment trop tard, qu’un pays composite ne peut survivre que par le compromis. Aujourd’hui, l’entente ne peut se faire que par le dialogue généralisé. Qui à son tour ne peut être organisé que par une initiative des autorités publiques. Comme le pouvoir exécutif semble ne pas vouloir bouger, un député, M. Abbas Hachem propose à ses pairs d’enclencher eux-mêmes le mouvement de replâtrage par un débat spécial à la Chambre. De nombreux politiciens souscrivent d’autant plus volontiers à cette idée qu’après tout le Parlement représente le peuple. Et à ce propos, les récentes positions réfractaires adoptées par M. Nabih Berry continuent à étonner, voire à agacer les cercles politiques locaux. D’autant que le président de la Chambre a été le premier, à l’issue d’une visite à Bkerké il y a cinq mois, à promettre et à annoncer le redéploiement syrien. Dans le même temps, il soulignait en privé qu’aucun pays ne peut être ad vitam æternam l’hôte consentant d’un autre et qu’il fallait à tout le moins fixer un délai raisonnable pour le retrait syrien. Ces positions, M. Berry les renie fermement aujourd’hui. Car il s’était fait taper sur les doigts par des «sources autorisées» extérieures. Qui avaient sèchement déclaré que cette affaire ne concerne que les gouvernements des deux pays, et aucune autre partie, aussi officielle qu’elle soit. Actuellement, M. Berry semble donc vouloir faire amende honorable, en quelque sorte. En prenant l’exact contre-pied de ses ouvertures antérieures en faveur d’une unité des rangs libanaise. Il proclame que le sujet doit être impérativement retiré de la circulation et que l’interdit court de manière permanente. Mais même une telle position en flèche nécessite, à l’ombre de la formule libanaise, d’être discutée de manière sensée. C’est-à-dire que les diktats d’allure dictatoriale, qui ont sans doute cours ailleurs, ne peuvent pas marcher dans ce pays de cœxistence. S’il faut qu’il y ait des interdits, ils doivent être librement consentis par les différentes composantes du corps libanais. Un effort de clarification en commun d’autant plus indispensable dans la conjoncture actuelle, que le virus du clivage ronge même les rouages de l’exécutif. Les officiels affichent en effet des positions distinctes, pour le moins nuancées. Bon nombre d’entre eux soutiennent Bkerké, plus ou moins ouvertement. Et défendent en tout cas son droit à soulever le problème de l’indépendance nationale. Les mêmes divisions existent, évidemment, au sein du Parlement. Objectivement, donc, le dialogue paraît requis au sein des instances officielles. Mais comment y parvenir quand les ultras en rejettent l’idée même, à l’instar de M. Berry ? Pour certains, il faut attendre de voir ce que la mission de M. Fouad Boutros va produire. Pour d’autres, la réponse, un «non» retentissant, est déjà donnée par les décideurs, à travers leurs hérauts locaux. Dans tous les cas de figure, la plupart des pôles pensent que le dialogue ne peut être entamé dans l’immédiat, même pas à la Chambre. Car il empiéterait sur la mission de M. Boutros et rendrait les choses encore plus confuses. Mais que pourrait-on faire si cette mission venait à échouer ou même si Bkerké acceptait de temporiser, ce qui paraît du reste peu probable, sans être cette fois suivi par la rue ? Qui vivra verra, répondent avec philosophie les modérés. Pour lesquels il ne faut désespérer ni du talent diplomatique de l’ancien ministre des Affaires étrangères, ni de la volonté d’ouverture de la nouvelle direction syrienne.
Le pays scindé en deux. Des manifestations de masse pour ou contre la présence syrienne. Pour ou contre l’indépendance, la souveraineté, le pouvoir de libre décision nationale. Le fossé est évident. Et il est aussi clair qu’il faut tenter de le combler sans tarder. Pour parvenir à une position libanaise commune. Ce n’est pas la première fois, tant s’en faut, que les...