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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

FRANCOPHONIE - Conférence de Vincent Engel à l’Usek - Les ressources du langage contre l’indicible

«Imaginer, dire, transmettre» : avec ces trois étapes, Vincent Engel, écrivain, professeur de littérature contemporaine à l’Université catholique de Louvain, président de l’Association des gens de lettres et directeur du centre de la Nouvelle, a proposé mercredi, à l’Université Saint-Esprit de Kaslik, une conférence intitulée «De l’inimaginable à l’intransmissible : le rôle de la fiction dans la gestion de la mémoire». Le conférencier a commencé son propos en rectifiant un acquis très ancien : «Au commencement de toute vie humaine, il y a l’image et non pas le Verbe». En effet, «il y a d’abord la perception avant tout discours», et il s’appuie sur une phrase d’Albert Camus disant que «l’œuvre d’art n’est rien d’autre que ce long cheminement pour retrouver les deux ou trois images (…) sur lesquelle (…) le cœur s’est ouvert». Et de citer également l’écrivain français contemporain Frédérick Tristan, qui affirmait que l’imaginaire ne vient que de la réalité. Danger du manque d’imagination Première étape, «imaginer l’inimaginable» : après le premier choc, la réaction la plus commune est le refus pur et simple de l’inimaginable. Mais ce même refus entraîne paradoxalement la nécessité d’imaginer, d’abord pour mieux appréhender ce qui est étranger ou pour témoigner de la force de sympathie (comprendre un proche atteint d’une maladie ou d’un malheur quelconques) : selon le conférencier, «plus il y a d’imagination et moins il y a de conflits». En effet, l’imagination est ici le synonyme de compréhension et de tolérance. Il faut donc se méfier comme de la peste des individus sans imagination…Deuxième étape, «l’indicible» : quels mots employer ? Quels sens prennent-ils selon les mentalités et les cultures ? De même que les mots sont différents selon qu’on parle de soi ou des autres. Enfin, la troisième étape consiste à «dire l’indicible», qui ne peut être dit, malgré tout ce qu’on pense, que par des mots ou des gestes. Nécessité de l’œuvre d’art Mais il faut trouver les mots justes pour cet indicible né d’un traumatisme plus ou moins violent : c’est pourquoi, selon Vincent Engel, «il faut aller au bout des ressources du langage pour le dire». Dire l’indicible, c’est-à-dire transmettre : en citant un extrait de L’écriture ou la vie de Jorge Semprun, qui évoque le fameux problème littéraire de la validité de l’écriture après l’Holocauste, le conférencier donne une réponse : C’est par l’œuvre d’art que l’intransmissible doit être dit. Même si le choc entraînant le refus provoque l’oubli : selon Vincent Engel, «il ne faut pas discréditer l’oubli, pour autant qu’il soit provisoire». On ne peut pas se cacher éternellement. En conclusion, le conférencier précise que, la plupart du temps, «une œuvre d’art naît sur une blessure, légère ou traumatisante». Il suffit juste qu’un individu de talent et de volonté appelé écrivain ou peintre ou sculpteur s’en empare.
«Imaginer, dire, transmettre» : avec ces trois étapes, Vincent Engel, écrivain, professeur de littérature contemporaine à l’Université catholique de Louvain, président de l’Association des gens de lettres et directeur du centre de la Nouvelle, a proposé mercredi, à l’Université Saint-Esprit de Kaslik, une conférence intitulée «De l’inimaginable à l’intransmissible : le...