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Actualités - BIOGRAPHIES

RENCONTRE - France Springuel, la passion du violoncelle

La dame blonde en jupe rouge du mémorable concert des I Fiamminghi, vendredi 8 mars, l’impressionnante violoncelliste, c’est elle, France Springuel. Une Flamande initiée à son instrument à l’âge de 7 ans, pour simplement jouer avec sa sœur Marie-Christine, véritable enfant prodige du violon : «Depuis l’instant où elle a posé son archet sur les cordes, elle n’a jamais fait de fausse note ou grincer l’instrument, se souvient France Springuel. Six mois plus tard, elle interprétait en concert un concerto de Vivaldi et, à 12 ans, elle a entamé une longue tournée en Europe pour l’interprétation de concerto de Mendelssohn». La « méthode » Tortelier À l’adolescence, les deux sœurs s’amusaient à reconnaître et à jouer, suivant la cadence, les notes du concerto pour violon et violoncelle de Brahms. Voilà pour l’apprentissage. Mais France Springuel est décidément modeste, car son parcours est plutôt hors du commun : alors qu’elle vient, à 15 ans, de terminer ses études au Conservatoire de Bruxelles, elle est invitée un an plus tard, en 1973, par Paul Tortelier, un des grands violoncellistes du XXe siècle, à participer au concours d’entrée du conservatoire d’Essen, en Allemagne, où il enseignait. «Il avait entendu parler de moi», raconte la musicienne. «Pendant près de deux ans, j’ai vécu presque en famille avec Tortelier, qui m’a donné beaucoup de leçons en privé». Tortelier était un artiste exigeant, voire terrifiant pour certains élèves. Mais France Springuel n’aime pas la compétition et l’a fait savoir à son professeur, qui lui gardera une amitié intacte, lorsqu’ils se rencontreront des années plus tard : «Il m’a fait écouter une des ses compositions puis m’a demandé avec appréhension : “J’ai toujours une bonne technique, France ?” Bien sûr qu’il l’avait encore, même à près de 70 ans». La vie des concours En 1975, après un bref retour en Belgique, elle suit les cours d’André Navarra au conservatoire de Detmold, en Allemagne : «Si Tortelier était un poète génial, Navarra m’a appris un système d’interprétation et une technique définitive pour l’archet, poursuit-elle. Mais il tenait à me préparer aux concours, en me poussant à gagner un premier prix». Entre 1977 et 1983, elle s’essaie à la vie des concours : à 20 ans elle remporte le 4e prix du concours Tchaïkovski en Russie, puis commence ses tournées à travers le monde. Une vie qui est loin de lui plaire : «Je vivais très difficilement la solitude», explique-t-elle. En 1981, elle rencontre Rudolf Werthen, le fondateur d’I Fiamminghi. «À cette époque, l’orchestre existait déjà mais sous un autre nom, poursuit-elle. Nous nous sommes mariés rapidement et je suis rentrée dans son aventure». L’ensemble, qui ne comptait au début des années 80 que 12 personnes, en rassemble aujourd’hui plus de 60. Multimédia et sensibilisation Après avoir commencé en douceur avec le répertoire virtuose baroque et celui de l’école franco-belge, qu’il a contribué à faire redécouvrir, I Fiamminghi se lance année après année dans ce que France Springuel appelle les combinaisons inventives : «Nous aimons jeter des ponts entre les grands compositeurs, comme par exemple Arvö Part et Hildegarde von Bingen, ou encore nous plonger dans la musique baroque», ajoute la violoncelliste. Avec plus de 50 enregistrements à leur actif, les Flamands sont plébiscités à travers le monde entier pour leur jeu irréprochable et leur inventivité sans bornes, insufflée par Rudolf Werthen : «Depuis quelques années, lors de nos concerts, nous effectuons des expériences multimédias», explique France Springuel. Lorsque nous avons interprété “Maria de Buenos Aires”, l’opéra de l’Argentin Astor Piazziolla, nous avons nous-mêmes créé une mise en scène, tandis que pour ses concertos pour cordes et bandonéon, nous rappelions, avec des projections par intermittences, les périodes douloureuses vécues par ce pays». Les projets d’I Fiamminghi sont incessants et se veulent de plus en plus des spectacles complets, où le public rejoint les musiciens sur scène pour danser le tango ou se souvenir des enfants d’un camp, en Tchécoslovaquie, qui ont écrit des poèmes. Les poèmes ont été projetés et les compositions, entre autres, de Pavel Haas, ont été interprétées par I Fiamminghi. Juste pour ne pas oublier ce drame comme tous les autres. Et France Springuel reste étroitement liée à ces ponts entre deux rives, jouant magnifiquement de son instrument. Sans doute le nierait-elle, mais la critique internationale la compare à Jacqueline Du Pré.
La dame blonde en jupe rouge du mémorable concert des I Fiamminghi, vendredi 8 mars, l’impressionnante violoncelliste, c’est elle, France Springuel. Une Flamande initiée à son instrument à l’âge de 7 ans, pour simplement jouer avec sa sœur Marie-Christine, véritable enfant prodige du violon : «Depuis l’instant où elle a posé son archet sur les cordes, elle n’a...