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Actualités - CHRONOLOGIES

LIBAN-FRANCE - Les jalons du renforcement de la coopération ont été posés - Le succès de la visite de Hariri se mesurera à ses résultats pratiques

Réussie la visite officielle du chef du gouvernement, Rafic Hariri, à Paris ? Sans doute, puisqu’elle a permis de donner un nouveau cours aux relations franco-libanaises – pour reprendre les termes de Catherine Colonna, porte-parole de l’Élysée – qui s’étaient quelque peu refroidies au cours des deux dernières années, pour diverses raisons politiques. Sauf que les résultats des entretiens du président du Conseil dans la capitale française ne se limitent pas à ce seul élément ou encore au coup de pouce donné à la coopération libano-française dans divers secteurs économiques ou techniques. Si l’étape parisienne de la tournée mondiale du chef du gouvernement semble jusqu’ici la plus importante, c’est surtout – soit dit en passant – parce qu’elle a permis de mettre en relief, beaucoup plus que les précédentes, les efforts de M. Hariri de se repositionner en interlocuteur politique libanais incontournable sur la scène internationale, et de réhabiliter ainsi le poste de président du Conseil, après avoir longuement reproché à son prédécesseur, Sélim Hoss, de l’avoir affaibli. Si l’on se permet de tenir ce genre de raisonnement, c’est peut-être parce que les résultats des entretiens du chef du gouvernement dans la capitale française – aussi importants soient-ils à certains niveaux – restent sans commune mesure avec l’énorme publicité faite autour de sa visite de travail à Paris. Le succès de la mission du chef du gouvernement en France se mesurera en réalité aux résultats sur lesquels elle débouchera sur le plan pratique : par rapport aux contacts français entrepris dans le but de contribuer à l’allégement de la dette publique d’abord. Par rapport aux entretiens engagés par les neuf ministres qui accompagnaient M. Hariri avec leurs homologues français, ensuite. Mais le chef du gouvernement, à qui l’on fait remarquer qu’on commence d’ores et déjà à lui reprocher, dans certains cercles politiques, d’assumer les fonctions de ministre des Affaires étrangères, se défend d’outrepasser ses prérogatives et souligne que les démarches qu’il effectue à l’échelle internationale s’inscrivent dans le cadre des efforts déployés par son équipe pour briser le marasme économique, stimuler la croissance et réduire autant que possible le poids de la dette publique qui s’élève à près de 23 milliards de dollars. Dans toutes les capitales où il s’est jusqu’à présent rendu, M. Hariri a pu susciter l’intérêt de ses interlocuteurs par son discours qui s’articule autour d’un point fondamental : encourager les investissements dans le pays grâce aux facilités accordées aux hommes d’affaires. À Paris, il a obtenu un plus : une intervention des autorités françaises auprès de la Banque mondiale, de la commission européenne et des puissances économiques et financières afin qu’elles contribuent à l’allégement du poids de la dette publique libanaise. On sait que le chef du gouvernement a pris le relais en engageant à son tour des contacts avec les présidents de la Banque mondiale, James Wolfenson, et de la commission européenne, Romano Prodi. Mais jusqu’à présent, rien de concret n’a été obtenu et dans l’entourage de M. Hariri, comme le chef du gouvernement lui-même, on s’abstient de donner davantage de précisions sur la question et l’on se contente de souligner que les contacts effectués sont «encourageants». Selon des sources ministérielles qui accompagnaient le chef du gouvernement à Paris, M. Hariri souhaitait évaluer avec les autorités françaises les moyens techniques qui peuvent être mis en place pour réduire le poids de la dette publique. D’où l’importance de l’entretien que le ministre des Finances, Fouad Siniora, avait eu jeudi avec son homologue français, Laurent Fabius. Campagne de sensibilisation Dans l’entourage de M. Hariri en revanche, on se contente de répéter ce que le chef du gouvernement avait expliqué dans sa conférence de presse à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, à savoir que c’est par un ensemble de procédés, dont la réduction des taux d’intérêt servis sur les emprunts que le Liban souhaite contracter à l’avenir pour financer ses projets de développement, qu’il est possible de réduire le volume de la dette publique. Pour le gouvernement, la priorité va dans ce contexte au rétablissement de la confiance internationale dans le pays, qui commence par une sensibilisation des capitales étrangères aux efforts déployés par le Liban pour mieux s’organiser sur le plan administratif et pour améliorer sa situation sur le double plan financier et économique. C’est ce qui explique que pour leur premier contact avec leurs homologues français, les neuf ministres qui accompagnaient le chef du gouvernement ont entrepris d’expliquer, chacun dans son domaine, la politique adoptée par le gouvernement pour initier un développement dans le pays et favoriser une croissance économique. Dans leurs entretiens avec leurs homologues français, les ministres Fouad Siniora (Finances), Ghassan Salamé (Culture), Abdel Hamid Beydoun (Énergie et Eau), Négib Mikati (Transports et Travaux publics) Bassel Fleyhane (Économie), Fouad el-Saad (Réforme administrative), Khalil Hraoui (Défense), Jean-Louis Cardahi (Télécommunications) et Élias Murr (Intérieur) ont exposé chacun ses projets sur lesquels il y a eu un accord de principe pour une coopération future. Le Liban souhaitait notamment un déblocage du crédit de 290 millions de dollars qui lui étaient alloués par la France sur base d’une série de protocoles financiers et qu’il ne peut plus utiliser depuis le 31 juillet dernier ou la conclusion de nouveaux protocoles financiers. Selon des sources ministérielles, il n’a pas pu obtenir satisfaction sur ce plan, parce que conformément aux règles établies par l’Organisation de coopération et de développement économiques (l’OCDE), le Liban ne peut pas conclure de protocoles financiers bilatéraux, dans la mesure où, en moyenne, le revenu per capita y est inférieur à 3 000 dollars. En revanche, il pourra bénéficier de l’aide de la France à travers l’Agence française pour le développement, qui s’est dotée d’un bureau à Beyrouth. Ce sera une aide substantielle du moment que le Liban fait partie de la Zone de solidarité prioritaire établie par les autorités françaises. Selon des sources ministérielles concordantes, c’est dans les quelques mois à venir que la coopération libano-française, dont les bases ont été jetées dans la capitale française, commencera à se concrétiser, surtout que le gouvernement entend lancer dans quatre mois son projet de privatisation pour lequel Paris a montré un intérêt soutenu.
Réussie la visite officielle du chef du gouvernement, Rafic Hariri, à Paris ? Sans doute, puisqu’elle a permis de donner un nouveau cours aux relations franco-libanaises – pour reprendre les termes de Catherine Colonna, porte-parole de l’Élysée – qui s’étaient quelque peu refroidies au cours des deux dernières années, pour diverses raisons politiques. Sauf que les...