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Actualités - ANALYSES

Élection Sharon - La communauté internationale doit prévenir « tout aventurisme », déclare Lahoud - Le Liban partagé entre l’expectative et la crainte pour l’avenir de la paix -

Le Liban était partagé hier entre l’expectative et la crainte au lendemain de l’avènement en Israël d’Ariel Sharon. Mais on s’inquiète plus pour l’avenir du processus de paix dans la région que d’une offensive militaire israélienne contre le pays. De fait, le Hezbollah se dit confiant dans sa capacité de riposte en cas d’attaque : «Ariel Sharon sait que nous avons la capacité de porter des coups douloureux à l’intérieur du territoire israélien», a ainsi affirmé Mahmoud Comati, vice-président du bureau politique du parti islamiste. Le président de la République, le général Émile Lahoud, a d’ailleurs donné le ton des réactions libanaises à l’accession de M. Sharon à la tête de l’État hébreu. Selon lui, l’élection de ce dernier n’était pas «une surprise». «Mais elle reflète la volonté de l’électeur israélien hostile à une paix juste, globale et permanente dans la région», a-t-il dit devant ses visiteurs. Le président Lahoud estime ainsi que «la communauté internationale devrait assumer ses responsabilités et prévenir tout aventurisme qui pourrait avoir de graves conséquences dans la région». À ses yeux, ce sont surtout les États-Unis qui doivent s’employer à préserver «la stabilité» au Proche-Orient et à « sortir le processus de paix de l’impasse dans laquelle il se trouve à cause des positions des responsables israéliens». Et le chef de l’État de réaffirmer la nécessité de «resserrer les rangs internes pour être prêts à faire face à tous les développements. Une solidarité arabe effective et une coordination des positions avec la Syrie en particulier sont plus que jamais indispensables», selon lui. Commentaire de Hariri Pour le Premier ministre Rafic Hariri, c’est d’abord le peuple israélien qui doit assumer les conséquences de son choix. Néanmoins, devant les journalistes à son retour de sa visite au Japon, M. Hariri a fait preuve une fois de plus de modération à l’égard des développements politiques survenus en Israël : «Il appartient à M. Sharon et à son gouvernement de décider de l’avenir. S’il opte pour une paix globale et juste conformément aux résolutions des Nations unies, il constatera que le choix stratégique des Arabes et des Libanais en particulier va dans ce sens. Ils s’emploieront d’ailleurs à réaliser cet objectif quelles que soient l’identité du Premier ministre israélien et la composition de son gouvernement», a-t-il ajouté avant de poursuivre : «J’espère pour Sharon qu’il a compris que ce qui était possible en 1982 ne l’est plus aujourd’hui». Aridi craint des opérations militaires De son côté, le ministre Ghazi Aridi a estimé que «Sharon se prépare à se venger, d’autant que certains en Israël ont vécu comme une humiliation le retrait du Liban-Sud, en mai dernier». «Vis-à-vis des Palestiniens, ses positions sont connues : il leur refuse le droit au retour, il refuse la restitution de Jérusalem-Est dans les limites de 1967», a-t-il souligné avant d’ajouter : «Il menace maintenant la Jordanie en la présentant comme le pays des Palestiniens. On peut s’interroger : son plan est-il de chasser un nombre considérable de Palestiniens des territoires occupés et les remplacer par de nouveaux immigrants juifs venus de l’étranger ?» M. Sharon, «en résumé, refuse les résolutions 194, 242 et 338 de l’Onu comme bases d’une solution politique en vue d’une paix globale dans la région», a observé le ministre de l’Information. Il a en outre affirmé qu’avant sa victoire, le chef de la droite israélienne «n’a pas fait mystère de son intransigeance à l’égard du Liban et de la Syrie». «Je ne crois pas nécessairement à une guerre totale, mais au risque d’opérations militaires israéliennes», a ajouté M. Aridi. Interrogé sur l’opportunité, dans ces circonstances, de mener des actions armées dans les secteur des fermes de Chebaa, il a répondu : «C’est une décision qui relève du gouvernement libanais et de la Résistance». Faisant écho au Premier ministre, M. Aridi a toutefois ajouté : «Malgré cela, je dis que si Sharon veut la paix selon les résolutions internationales qui ont été à la base de la conférence de Madrid, le Liban est prêt à discuter». «Mais personnellement, j’en doute», a-t-il dit au sujet des intentions de M. Sharon. Berry : Le cadeau de la St-Valentin Le président de la Chambre Nabih Berry a commenté l’élection d’Ariel Sharon sur un ton ironique, affirmant que son accession au pouvoir «est le cadeau d’Israël au monde à l’occasion de la Saint-Valentin». Selon lui, les Arabes devraient plus que jamais, dans ces circonstances, suivre l’exemple du Liban et de la Syrie dans leur attitude à l’égard d’un règlement au Proche-Orient. Et d’analyser en ces termes la situation politique du Premier ministre israélien : «Le problème de Sharon ne se limite pas à la composition de son gouvernement. De toute évidence, il a aussi un problème au niveau de la Knesset. En effet, il aurait fallu dissoudre la Knesset et organiser en même temps des élections législatives», a-t-il estimé. Le ministre Mohammed Abdel Hamid Beydoun donne aussi son interprétation du résultat de l’élection, affirmant que la société israélienne traverse «une crise morale du fait que Sharon est aux yeux du monde entier un criminel de guerre». Comble de l’ironie, selon M. Beydoun, le Premier ministre israélien qui, en 1982, a usé de la force militaire pour chasser l’OLP du Liban, «la retrouve aujourd’hui en face de lui, en Cisjordanie». Le vice-président du Conseil supérieur chiite Abdel Amir Kabalan et le député Nassib Lahoud conviennent tous les deux de la nécessité de renforcer les relations entre les Arabes au regard de la nouvelle situation née en Israël, en commençant, selon M. Lahoud, par «les relations libano-syriennes». Celui-ci a notamment proposé de «remédier aux failles qui les entachent et les bâtir sur des bases de confiance, d’association stratégique et de respect mutuel». D’après lui, il est inutile de s’adresser aux États-Unis et à la communauté internationale en l’absence d’un consensus arabe sur la question. L’ancien conseiller du chef des Forces libanaises dissoutes, Toufic Hindi, abonde dans le même sens, estimant dans ce cadre que la solidarité entre les Arabes implique que chaque peuple et chaque État «respectent la souveraineté, la volonté et la liberté de décision nationale de l’autre».
Le Liban était partagé hier entre l’expectative et la crainte au lendemain de l’avènement en Israël d’Ariel Sharon. Mais on s’inquiète plus pour l’avenir du processus de paix dans la région que d’une offensive militaire israélienne contre le pays. De fait, le Hezbollah se dit confiant dans sa capacité de riposte en cas d’attaque : «Ariel Sharon sait que nous...