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Actualités - BOOK REVIEWS

POÉSIE - Les psaumes d’amour de Jean Salem

On savait Jean Salem lettré, essayiste, politologue, juriste, historien, érudit. On ignorait qu’il pouvait être, aussi, poète. Certes, on aurait pu le pressentir dès la lecture de son premier ouvrage1, où, sous l’implacable scalpel de l’analyste, surgissaient parfois, dignes des élans lyriques d’un Mauriac, des stances vibrantes sur la nature et le climat méditerranéens libanais. Le voici aujourd’hui qui, sous la forme d’un recueil2, donne libre cours à ce talent de poète jusque-là inexploité. Ce qui frappe avant tout dans Laudes, c’est l’unité de ton, de style, d’inspiration de ces poèmes dédiés à celle qui lui a ravi le cœur. Elle aura fait naître une passion beaucoup plus cérébrale que charnelle, s’exprimant en des vers enfiévrés par lesquels l’auteur révèle l’éblouissement de son âme. L’image de la femme aimée l’habite et lui permet de supporter le «désert de l’absence». L’instant où elle paraît est un «instant béni», et l’on comprend dès lors le titre du recueil car chacun des poèmes de Jean Salem est un psaume qui s’élève vers l’être adoré. Il est sous son pouvoir et la voit tantôt en fée, tantôt en ange, et n’aspire plus à d’autre mérite que celui de la louer toujours. Est-ce sous l’effet de cette inclination puissante, exclusive, obsédante, irrésistible, dans l’exaltation et l’ivresse d’un esprit à jamais conquis, trouvant son bonheur précisément dans ce lien, dans cette sujétion, dans cette brûlure de la passion, que Jean Salem a voulu se colleter avec les mille difficultés de la prosodie ? Passant du sonnet au quatrain, et du quatrain au tercet ou au madrigal, allant de l’alexandrin à l’octosyllabe, il fait preuve d’une véritable virtuosité, d’un art consommé, d’une inépuisable richesse linguistique, d’une audace verbale, d’une inventivité dans l’expression, en même temps que d’une sensibilité poétique frémissante, d’une délicatesse de sentiments, d’une vulnérabilité affective, s’exhalant en un chant toujours rythmé, mélodique, soutenu par un souffle venu du tréfonds même de l’âme. 1 - Le peuple libanais – Essai d’anthropologie (Librairie Samir, Beyrouth, 1968). 2 - Laudes, Cariscript Paris, 2000.
On savait Jean Salem lettré, essayiste, politologue, juriste, historien, érudit. On ignorait qu’il pouvait être, aussi, poète. Certes, on aurait pu le pressentir dès la lecture de son premier ouvrage1, où, sous l’implacable scalpel de l’analyste, surgissaient parfois, dignes des élans lyriques d’un Mauriac, des stances vibrantes sur la nature et le climat...