Rechercher
Rechercher

Actualités - BIOGRAPHIES

PORTRAIT D’ARTISTE - Wadih al-Safi, 60 ans de succès - Le chanteur le plus populaire du Moyen-Orient

«Al-safi», le pur en arabe : Wadih Francis de son vrai nom, né en 1921, gratifié dès son plus jeune âge d’une voix «divine», est le chanteur libanais le plus populaire du Moyen-Orient. Un titre qu’il n’a pas perdu depuis qu’il a commencé sa carrière, à 17 ans : «Selon Abdel Wahab, il n’y a qu’une belle voix tous les mille ans», dit-il avec un sourire modeste. «Il le disait en pensant évidemment à la grande Oum Kalsoum». Mais la prophétie a pris beaucoup moins de temps à se réaliser et même si Wadih al-Safi aime à se présenter comme «le volontaire de Dieu», les années 40 ont offert au chant classique et populaire arabe une voix comme le public aime. La carrière du chanteur commence, comme celles des légendes vivantes, très tôt : «Mes deux grands-parents avaient une très belle voix», raconte-t-il. «Quant à moi, je chantais et je jouais de la derbaké dès 4 ans. C’est à cet âge-là que je me suis produit pour la première fois en public, lors d’un mariage». Consécration C’est à 13 ans que sa voix se fait entendre au milieu des autres, alors qu’il apprenait les chants byzantin et syriaque dans une chorale réputée de Beyrouth. «Je possédais déjà 5 registres de voix», se souvient-il. «Les prêtres grecs-catholiques qui m’enseignaient alors étaient impressionnés». Il apprend le oud et la mélodie et, en 1938, à 17 ans, il présente un concours, qu’il remporte devant 45 concurrents. Un des ses premiers concerts ? Il le donne à Dora, avec une toute jeune fille de 15 ans, une certaine Sabah. Ils chantent ensemble des airs populaires, et lui se charge du «tarab». Sa voix est désormais connue, et Wadih Francis, le jeune homme un peu timide, devient Wadih le Pur, «al-safi», le rossignol que le Liban attendait. Il entre dans la cour des grands en chantant, comme la plupart d’entre eux, à la radio. Puis, en 1941, c’est la consécration : Wadih al-Safi chante à Alep, la ville sanctuaire de la musique classique arabe. La reine de la fête n’était autre qu’Oum Kalsoum. L’homme aux 6 000 chansons De 1943 à 1950, le chanteur s’exile au Brésil, et s’adapte. Son registre, toujours à la recherche de nouveautés, s’élargit : après le tarab, le religieux, il s’intéresse à ce qu’on appellerait aujourd’hui la «World Music». L’italien, l’espagnol et le français prennent place dans son répertoire. Mais pour une courte durée. Wadih al-Safi chante le Liban pour la diaspora, et sa voix gagne en émotion. À son retour, il chante les plus grands, en mettant toujours sa touche personnelle : en 1957, il se produit, aux côtés de Feyrouz, au Festival de Baalbeck. Son succès immense ne se dément pas, bien au contraire. Il est la référence, le symbole, la fierté du Moyen-Orient. Pour preuve, on le surnomme «Abou Kalsoum». Mais Wadih al-Safi, au souvenir de ces années, n’a qu’une réponse : «Cette voix, je l’ai reçue de Dieu», répète-t-il à l’envi. «Mon chemin est tout tracé, je dois le suivre, même si c’est parfois fatigant». L’homme aux 6 000 chansons, qui préfère chanter et jouer seul sur scène (exception faite pour Sabah, Oum Kalsoum et Feyrouz), celui qui, en 1980, était élu par les auditeurs de Radio Monte-Carlo le plus grand chanteur du Moyen-Orient, se sent profondément investi d’une mission : «Je chante toujours pour la patrie, la religion et la famille», explique-t-il. Patrie, famille et religion Voilà pourquoi le monde arabe rend hommage à ce chrétien qui perpétue la tradition du «tarab», et voilà pourquoi aussi il remplit les églises lorsqu’il s’y produit, toujours aussi régulièrement. En 1998, Wadih al-Safi s’est offert une nouvelle jeunesse, en chantant avec José Fernandez, jeune talent de 25 ans : «Les pionniers s’intéressent toujours à la nouveauté», ajoute-t-il. «Mais ce qui importe, c’est de toujours exprimer des sentiments dans les paroles des chansons». En 1999, le chanteur a fêté ses 79 ans sur scène, avec José Fernandez et un orchestre spécialement conçu pour lui. L’œil toujours vif, l’oreille toujours tendue vers la jeune garde qui s’apprête à prendre sa relève, Wadih à la voix pure peut encore se vanter de chanter dans tous les pays d’Orient, couvrant plus de 2 octaves. «J’ai reçu de Dieu plus que je n’attendais». Son public aussi.
«Al-safi», le pur en arabe : Wadih Francis de son vrai nom, né en 1921, gratifié dès son plus jeune âge d’une voix «divine», est le chanteur libanais le plus populaire du Moyen-Orient. Un titre qu’il n’a pas perdu depuis qu’il a commencé sa carrière, à 17 ans : «Selon Abdel Wahab, il n’y a qu’une belle voix tous les mille ans», dit-il avec un sourire modeste....