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Actualités - CHRONOLOGIES

Récession - Une question angoissante pour les experts comme pour le Libanais moyen - Le Cabinet de la dernière chance

Et si le gouvernement Hariri ne réussissait pas à redresser la barre sur le plan économique ? Cette question angoisse les experts autant que le Libanais moyen durement touché par la crise. Et elle se pose avec d’autant plus d’acuité que les conditions extérieures, desquelles dépend partiellement la santé économique du pays, restent manifestement défavorables. Le gouvernement Hoss avait proposé pour sa part une médication de compression qui s’est révélée défectueuse. Ni le déficit budgétaire ni l’accroissement de la dette publique n’ont pu être jugulés par une politique d’austérité qui a eu pour effet de tétaniser l’activité économique et de paralyser le commerce. De retour aux affaires, le milliardaire tente pour sa part d’enclencher la relance par une dynamique d’ouverture, c’est-à-dire de dépenses et de réduction des charges fiscales ou douanières. Il compte aussi, visiblement, sur l’apport de potentielles privatisations comme sur l’utilisation d’une ligne de crédit globale d’un milliard et demi de dollars laissée inemployée par son prédécesseur. M. Hariri et son équipe pensent faire repartir de la sorte la croissance, qui en est actuellement au palier zéro. Ils ne peuvent cependant nier qu’une telle stratégie va alourdir à la fois le déficit budgétaire et la dette publique. Un handicap qu’ils présentent toutefois comme temporaire, en affirmant qu’à terme, la reprise économique va elle-même éponger le supplément d’ardoise qu’elle aura coûté. C’est en effet possible. À condition, évidemment, que le redémarrage de la production et la ventilation du commerce s’accompagnent de solides afflux de capitaux ou d’aides étrangères. Ce qui est loin d’être acquis, malgré le démarchage pressant effectué au-dehors par le président du Conseil en personne, et malgré les promesses qu’il décroche, comme lors de sa visite au Koweït. On n’ignore pas en effet que la condition sine qua non d’un véritable déblocage reste cette confiance elle-même liée autant à l’affirmation de présence de l’État libanais, c’est-à-dire à son autorité comme à sa souveraineté, qu’à la stabilité sécuritaire ou politique intérieure du pays. Des éléments qui font toujours cruellement défaut dans le tableau présent, le Liban se voyant reprocher sa pusillanimité, notamment au Sud. Il n’est pas étonnant dès lors d’entendre certains politiciens et certains experts financiers soutenir en substance que «le problème d’ensemble paraît techniquement insoluble, à l’ombre de la situation politique de base actuelle. Les palliatifs adoptés ne peuvent être d’aucun secours véritable. L’endettement public s’aggrave de jour en jour et il devrait friser, à la fin de l’exercice financier en cours, les 30 milliards de dollars. Le déficit budgétaire suit évidemment la même courbe ascendante. Si la croissance devait redémarrer, elle serait annulée par l’alourdissement de la dette publique». Selon une étude de terrain remise dernièrement au président Émile Lahoud, les perspectives de déficit budgétaire pour cet an de grâce 2001 dépassent nettement les chiffres prévisionnels (51 %) avancés par le gouvernement. Ce document critique les mesures adoptées jusqu’à présent pour la relance, en affirmant qu’elles ne produiront que des contre effets. Bien évidemment, le chef de l’État, qui n’est pas un spécialiste, «se refuse à trancher, indique une source informée, entre les idées contradictoires qui lui sont exposées. Il préfère attendre de voir ce que les options du gouvernement vont donner, les premiers résultats devant commencer à apparaître au printemps. Si la situation régionale et intérieure reste plus ou moins stable et ne subit pas trop de secousses...». Des professionnels indépendants soulignent qu’en tout état de cause, les mesures gouvernementales doivent être soutenues, pour atteindre leurs objectifs, par d’indispensables béquilles. – Il s’agit tout d’abord, on l’aura facilement deviné, de la réforme administrative, le pays ne pouvant redémarrer sans l’instrument de base qu’est l’administration. – Il s’agit ensuite d’arrêter l’hémorragie causée au niveau des finances publiques par les dépenses incontrôlées de la santé, de l’éducation, des affaires sociales, de la MEA, de l’électricité (plus de 40 % des quittances restent impayées) et de l’information officielle. Un seul exemple de gaspillage suffit : les statistiques officielles montrent qu’il y a 50 000 instituteurs payés par l’État pour 500 000 élèves, soit un enseignant pour dix élèves. Cela étant, et pour revenir au fond du problème, si le Cabinet actuel ne s’en tire pas, la crise deviendra insurmontable.
Et si le gouvernement Hariri ne réussissait pas à redresser la barre sur le plan économique ? Cette question angoisse les experts autant que le Libanais moyen durement touché par la crise. Et elle se pose avec d’autant plus d’acuité que les conditions extérieures, desquelles dépend partiellement la santé économique du pays, restent manifestement défavorables. Le...