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Actualités - BIOGRAPHIES

Gregory Gatserelia : Une «gueule - d’atmosphère»

Gregory Gatserelia ... Même son nom alimente le parfum de mystère dont il aime s’entourer. Décorateur, si on veut... Il aurait préféré designer, artiste ou tout simplement fou... de formes, de couleur, de lumière. D’atmosphères. n commence par être artiste, on finit par être philosophe». Gregory Gatserelia est à la fois un artiste convaincu et un philosophe rebelle. Sans doute l’a-t-il toujours été. Son coin privé, qu’il retrouve le soir et le silence venus, ressemble étrangement au paradis d’un artiste solitaire. «Je m’enferme, tout se passe ici». Il y rejoint ses gribouillages exécutés à main levée sur de grandes planches – et qui ressemblent déjà étrangement à des tableaux –, ses feuilles éparpillées, esquisses de projets, recherches en cours et puis ses crayons, photos, livres d’art. C’est dans l’intimité de cette pièce que l’artiste parle le mieux et avec les mots un vocabulaire «asocial», mais vrai, des choses qu’il aime, du design, «je déteste le mot décoration», de ses références, ses repères, les villes – celle qu’il préfère, Barcelone – et les personnes, ces grands artistes, Gaudi, Royère et les autres. Le philosophe murmure sa propre conception du travail, une «autre façon de proposer la lumière, de proposer un espace, de faire du sur-mesure, du personnel. Le beau ne m’intéresse pas» et celle des autres, «je suis dépassé par le talent. Les choses vont tellement vite, il faut sans cesse se ressourcer et puis bousculer la vieille garde, la brochette des “surexposés”». L’artiste et le philosophe affirmeront en chœur une envie de «participer à une ou deux actions». Ne pas stagner. «Mon truc, c’est les recherches, c’est l’angoisse». L’homme, lui, se tait. Sur son passé, on ne saura rien ou pas grand-chose. Ainsi l’aura décidé Gregory. Sans doute trop indépendant pour s’enfermer dans un passé figé, certainement très mystérieux et timidement heureux de l’être, il avouera tout de même, sous la torture des questions, être d’origine géorgienne et avoir un frère, Alexandre, complice dans la vie et dans le travail. Atmosphères, atmosphères... Monsieur Gatserelia tout de noir vêtu, sa tenue de rigueur, atmosphères, atmosphères, préfère passer très vite à ses études d’architecture d’intérieur à l’Alba. «Je devais faire un métier artistique, où j’aurais pu m’exprimer à partir d’une base artistique. Mon rêve était la bande dessinée, le cinéma. Durant les années de guerre, il y avait ceux qui détruisaient. Moi, je reconstruisais. C’était une période intéressante où j’avais une envie de faire des choses et un besoin d’optimisme, de paix. J’ai surtout eu la passion de la construction». Sa passion s’exprime très vite à travers des chantiers, appartements mais surtout restaurants, salles d’expositions et boîtes de nuit, le Jet Set avec Serge Brounst, Intermeuble, la salle américaine du Casino du Liban, Mawal, Le Domino et d’autres. «Je préfère les projets publics ; j’essaie d’éviter les appartements, les gens veulent du label, pas du personnel». Gregory s’intéresse surtout à l’atmosphère à inventer, suggérer, imaginer, faire exploser. Ce mélange de vécu et d’acquis, héritage culturel, images inspirées des décors de cinéma et leurs héros, des souvenirs d’enfance, des voyages et des références historiques. En 1985, il part pour le Canada. «J’avais envie d’autre chose que de l’ambiance de la guerre. J’avais un ras-le-bol de la haine, du militarisme, des bombes. Et puis je ressentais le besoin de me mesurer ailleurs, voir ce que je pouvais dire à l’extérieur». La tentative – réussie – aura duré dix ans. Les frères Gatserelia se font un nom dans le domaine du design et signent de nombreux projets publics qui garderont leurs marques à Toronto. «Ça s’est passé merveilleusement bien, moi qui aimais le minimalisme, une école déjà bien établie là-bas, j’ai fait du maximalisme à outrance, avec de nombreuses références à ma culture orientale. Je me suis bien amusé. Amusant ne veut pas dire non professionnel !». La presse et les nombreuses critiques parleront notamment du Acrobat, du Zola, du Boa, de The Myth, en affirmant qu’après avoir plongé dans ces lieux, «la vie de nuit ne sera sans doute plus jamais pareille». Certains projets glaneront même de nombreux prix, ils auront surtout permis à Gregory de véritablement faire «son cinéma», un rêve d’enfant, à partir d’un concept, trouver le thème, puis le nom, l’ambiance et, du général, passer aux infimes détails, «des décors dépouillés et des formes pointues et dangereuses. Je crachais la couleur ! C’était passionnant de faire des choses qui allaient durer, non pas des années, mais un moment, tant qu’il dure». Il y a cinq ans, Gregory retrouvait le Liban, tout en maintenant ses bureaux à l’extérieur et en concevant des travaux pour l’Égypte, l’Espagne et le Yémen. Sa prochaine ivresse, et déjà un bonheur et une impatience, la boîte de nuit de l’hôtel Phoenicia. «Je n’ai pas envie de faire le singe, je ne suis pas un racoleur. J’ai surtout envie de personnaliser des espaces». Et de conclure : «La séduction se passe en cinq minutes». Il avait raison.
Gregory Gatserelia ... Même son nom alimente le parfum de mystère dont il aime s’entourer. Décorateur, si on veut... Il aurait préféré designer, artiste ou tout simplement fou... de formes, de couleur, de lumière. D’atmosphères. n commence par être artiste, on finit par être philosophe». Gregory Gatserelia est à la fois un artiste convaincu et un philosophe rebelle. Sans doute...