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Actualités - ANALYSES

Le problème de la présence militaire syrienne divise les dirigeants

De nouveau le problème de la présence militaire syrienne divise les Libanais. Dirigeants compris, et en tête. – Le président Lahoud déclare que le retrait ne se fera qu’après la conclusion d’une paix régionale. – Le président Hariri affirme que ce retrait sera décidé à la lumière de l’intérêt des deux États concernés, qu’il y ait la paix ou non. Il ajoute qu’il est possible que la présence de l’armée syrienne au Liban continue à rester nécessaire bien après la paix, tout comme il est possible qu’elle ne le soit plus bien avant. – Le président Nabih Berry lui donne raison, et va même plus loin, en affirmant qu’il est tout à fait erroné de lier le retrait à un processus régional qui baigne toujours dans l’inconnu. Il note en substance que «le Liban doit en toute amitié, en toute fraternité, mais aussi en toute franchise s’entendre avec la Syrie pour qu’il assume ses responsabilités en tant qu’État. Car, souligne fermement le président de la Chambre, aucun État dans le monde ne peut rester suspendu ad vitam aeternam à des échéances non fixées, en continuant indéfiniment à recourir à une assistance sécuritaire extérieure, fut-elle fraternelle. Une telle situation gomme les fondements de l’État et sape la confiance de tout un chacun». On peut donc constater que les positions des dirigeants vont du chaud au froid, en passant par le tiède. Mais comme en arithmétique moins par plus cela fait moins, les nettes dissonances au sein du pouvoir réduisent à néant tout espoir de voir le Liban demander officiellement le retrait des troupes syriennes. Du reste, si une telle requête était présentée, il n’est pas du tout certain que la Syrie y donnerait suite, si elle estime n’être pas encore techniquement prête. Ou si elle pense que son départ ne servirait ni l’intérêt du Liban ni le sien propre. Il est assez évident dès lors que, sans accord préalable entre les deux pays, le retrait reste hors de question. Dix ans après Taëf, la présence militaire syrienne qui divisait les Libanais durant la guerre, demeure donc un thème sérieux de conflit intérieur. D’autant que la clause de redéploiement sur la Békaa qui lui était réservée dans Taëf n’a pas été respectée. Ce qui porte une partie de la population à en réclamer l’application. Tandis qu’une autre partie soutient que l’évolution régionale, toujours menaçante, rend ces dispositions caduques. – Pour sa part, M. Johnny Abdo, ancien militaire et diplomate, pense que la présence militaire syrienne qui était dans l’optique de Taëf d’ordre sécuritaire est devenue après Madrid de nature stratégique. C’est-à-dire, qu’à son avis, elle cristallise l’unité des deux volets libanais et syrien approuvée par Beyrouth. Et constitue dès lors une nécessité libanaise autant que syrienne pour parvenir à la paix globale équitable souhaitée par les deux pays. Il ajoute que la Syrie est incontournable sur l’échiquier régional, que tout le monde sait qu’il ne peut y avoir de paix sans elle, le Liban ne pouvant se dégager à son avis d’une telle équation. Donc, comme le président Lahoud, l’ancien officier estime que la présence militaire syrienne est liée à la conclusion de la paix. M. Abdo précise cependant que dans la logique même du transfert du sécuritaire au stratégique, il est nécessaire de reformuler les relations libano-syriennes, sur base d’un nouveau pacte que les Libanais pourraient approuver dans leur ensemble. Et dont le but serait d’ailleurs de permettre la réalisation de la réconciliation nationale. – Bien entendu de telles idées ne sont pas appréciées par les Libanais qui pensent que l’unité des deux volets signifie simplement qu’aucun des deux pays ne signerait la paix sans l’autre. Et rien d’autre, le Liban n’étant pas obligé, après avoir libéré son propre territoire, de dégager le territoire d’autrui en assumant seul les sacrifices à cette fin. – En l’état actuel des choses et des controverses, des sages relèvent pour leur part qu’il faut avant tout «balayer devant sa porte. C’est-à-dire, commencer par s’entendre entre Libanais sur une position unifiée. On pourrait plus facilement ensuite en parler avec les Syriens. Il peut y avoir une plate-forme commune qui se substitue aux accords de Taëf, en s’inscrivant sans doute dans le même esprit de dialogue et d’entente». Ces modérés estiment du reste qu’un débat positif sur la question «ouvrirait largement les portes à une réconciliation nationale qui aurait lieu dès lors non plus au niveau des personnes, mais à celui des idées, pour ne pas dire des concepts. Une telle attitude collective est d’autant plus nécessaire, en fait, que la région vit une phase historique de mutation qui peut balayer beaucoup de systèmes établis et autant de courants de pensée. Nous ne devons pas oublier, de la sorte, que les prochaines élections israéliennes peuvent se révéler cruciales pour la région, la plonger dans la guerre ou la conduire vers la paix. Une paix dont nous risquerions de faire les frais, si nous restons désunis».
De nouveau le problème de la présence militaire syrienne divise les Libanais. Dirigeants compris, et en tête. – Le président Lahoud déclare que le retrait ne se fera qu’après la conclusion d’une paix régionale. – Le président Hariri affirme que ce retrait sera décidé à la lumière de l’intérêt des deux États concernés, qu’il y ait la paix ou non. Il ajoute...