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Actualités - ANALYSES

Administration - Le pouvoir se tient frileusement éloigné d’un dossier piégé - Toujours pas de réforme en vue

Les cercles politiques locaux accordent volontiers un satisfecit au Cabinet en place pour son traitement prioritaire de la crise socio-économique. Mais ne manquent pas de relever que tout effort de redressement nécessite une réforme en profondeur de l’Administration. Et déplorent par conséquent que les dirigeants ne fassent rien dans ce sens. À dire vrai, le pouvoir se tient frileusement éloigné de ce dossier piégé. Sur le plan pratique, les professionnels relèvent que le gouvernement élude même des questions assez simples, comme le statut des fonctionnaires mis à disposition sous le précédent Cabinet. Et qui continuent à toucher leurs traitements en se tournant les pouces ce qui, pour des sanctionnés, représente le plus édénique des purgatoires. Même à ce niveau, en effet, les avis des responsables divergent et se neutralisent. Les uns veulent que l’on mette fin aux services de ces fonctionnaires ; d’autres qu’on les rétablisse dans leurs postes ou qu’on les affecte à des missions différentes. Bien entendu, le gouvernement n’ose pas non plus ordonner un large mouvement administratif, des permutations qui permettraient de mieux installer the right man at the right place, comme disent les sujets de Sa Majesté. Il n’est donc toujours pas question d’examiner un peu ce que chacun a pu faire au poste qui lui est attribué, de faire le bilan des compétences comme de l’expérience acquises. Cela, répétons-le, par crainte que des disputes n’éclatent entre dirigeants, entre ministres, entre leaderships et entre communautés. On ne le sait que trop, bon nombre de fonctionnaires de toutes catégories se trouvent solidement protégés par un bouclier d’appartenance confessionnelle, féodale ou partisane. À l’ombre d’un système de partage du gâteau qui ne cesse de s’épanouir à coup de création de postes ou même d’organismes nouveaux, le plus souvent parfaitement inutiles quand ils ne sont pas nuisibles. Même la décision d’établir une rotation pour les postes de première catégorie, prise sous le précédent régime, reste lettre morte, à cause de considérations politico-confessionnelles. Il n’est pas étonnant, dès lors, que l’Administration continue à pourrir gentiment sur place, que les formalités prennent des siècles alors que des entreprises peuvent en être acculées à la faillite et que la pratique du pot-de-vin salvateur affecte les 80% du rendement public. On est loin des promesses de la déclaration ministérielle et des engagements de changement en profondeur pris par le régime à l’issue des dernières législatives, en rappel du discours d’investiture. Le président Émile Lahoud s’indigne pourtant, comme tout Libanais : il note, d’après sa propre expérience, que le courrier que le Conseil des ministres adresse à la présidence de la République met souvent un bon mois pour lui parvenir. Le chef de l’État en est d’autant plus offusqué, précise-t-il, que lorsqu’il était commandant en chef, quand il réclamait un dossier, il lui était livré dans l’heure ou, au plus tard, le lendemain. M. Lahoud relève enfin, comme tout Libanais, que la réforme administrative, le dossier de la corruption, des abus et de la dilapidation n’ont pas fait un pas en avant, malgré tous les cris poussés. Ancien haut fonctionnaire, M. Charles Rizk estime en substance que le mal réside non pas au niveau de la population ou de la société civile qui, à son avis, a dépassé le confessionnalisme, mais à celui de la collectivité politique, toujours gangrenée.
Les cercles politiques locaux accordent volontiers un satisfecit au Cabinet en place pour son traitement prioritaire de la crise socio-économique. Mais ne manquent pas de relever que tout effort de redressement nécessite une réforme en profondeur de l’Administration. Et déplorent par conséquent que les dirigeants ne fassent rien dans ce sens. À dire vrai, le pouvoir se tient...