Pompe à fric

Le voilà revenu, Senior Siniora. Et vachement requinqué après sa parenthèse judiciaire. Normalement, quand tu es traîné dans le fumier, même si tu te disculpes, il en reste toujours quelque chose, ne serait-ce que l’odeur. Lui, rien, nada ! Il en est sorti nickel et plus pompe à fric que jamais. On l’attendait celle-là. Après le petit cinéma sur les taxes douanières, fallait bien que les rapaces du ministère des Finances trouvent quelque chose pour régaler l’ordinaire. Avec un budget déficitaire de 52 %, dont une moitié sert à engraisser des fonctionnaires feignasses et l’autre à goinfrer des gardes du corps et bichonner des blindés, va falloir colmater les trous. Alors, le Senior a trouvé tout seul. Et quelle trouvaille ! Une nouvelle taxe véreuse sur les factures de téléphone destinée à financer Télé-Liban qui, hier encore, abreuvait d’injures son patron Bibendum. Selon ce projet tordu, plus tu disposes de lignes téléphoniques – là, je pense aux entreprises – plus tu contribues à gaver cette espèce de sous-lucarne aux ordres, véritable tonneau des Danaïdes dont l’incontinence financière n’a d’égal que la pléthore de ses employés. Crois-tu que Mister Senior a pensé une seconde à dégraisser son poulailler cathodique où l’embauche, comme partout ailleurs dans les entreprises publiques, se fait sur la base de la formule magique «un copain, un coquin» ? Que dalle ! N’a rien trouvé de mieux que de taper dans le portefeuille du vulgum pecus, l’ancien cobaye judiciaire. C’est surréaliste. Un peu comme si l’on délocalisait les colonnes de Baalbeck à Karm el-Zeitoun ou qu’on attrapait Sélim Hoss en flagrant délit d’éclat de rire... Au vu de ce qu’il nous promet, ce Senior-là devrait aller loin. Et plus tôt il s’en ira, mieux ce sera.