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Actualités - CHRONOLOGIES

PÉTITION - Le projet d’amendement de la loi d’amnistie est-il mort-né ? - Georges Frem : Il ne faut pas - en faire un sujet de polémique

La proposition d’amendement en faveur du chef des FL dissoutes de la loi d’amnistie adoptée en 1991 est-elle mort-née ? Le ministre Georges Frem, qui avait axé sa campagne électorale sur la nécessité d’une réconciliation nationale englobant le Dr Samir Geagea, estime aujourd’hui que l’affaire a été mal amorcée, et qu’un sujet d’une telle importance ne doit pas être utilisé à des fins personnelles ou de polémique. Si, en tant que ministre, Frem n’a pas le droit de signer une pétition parlementaire par respect des mécanismes qui garantissent le principe de la séparation des pouvoirs, il continue à considérer la réconciliation nationale comme une priorité. Depuis le 29 novembre dernier, lorsque le député Antoine Ghanem a rencontré Samir Geagea dans sa prison à Yarzé, l’idée d’un amendement en faveur de ce dernier, de la loi d’amnistie adoptée en 1991, a commencé à faire son chemin. Ghanem en avait d’ailleurs parlé à la presse précisant que le sujet avait été évoqué avec le leader emprisonné lui-même. Ce qui avait constitué l’un des principaux thèmes de la campagne électorale des législatives 2000 prenait donc corps. Il restait à le concrétiser par un texte proposant l’amendement de la loi d’amnistie, dans le sens de l’élimination des exceptions prévues par la fameuse loi. Des avocats de renom, à leur tête le Dr Edmond Naïm qui avait d’ailleurs défendu Geagea dans les procès intentés contre lui, se sont penchés sur la question, préférant rédiger un texte général plutôt qu’un paragraphe concernant uniquement le chef des FL dissoutes. Saboter le projet en le divulguant à la presse… Une fois le texte prêt, Mme Sethrida Geagea a entrepris de contacter les députés susceptibles de signer cette proposition de loi afin qu’elle puisse être soumise au vote de l’Assemblée. C’est ainsi qu’elle s’est rendue chez le député devenu ministre depuis, Georges Frem. Ce dernier, qui est un homme de convictions, lui a précisé qu’il est d’accord avec le principe mais qu’il comptait étudier le texte ainsi que la situation politique et constitutionnelle. Malgré la priorité qu’il accorde aux questions économiques, notamment l’urgence d’assurer des emplois aux jeunes afin qu’ils ne quittent plus le Liban, Frem s’est longuement penché sur le texte, parce que le cas de Geagea lui tient énormément à cœur. Et c’est avec une sincère désolation qu’il confie à L’Orient-Le Jour son impression que l’affaire est en train d’être sabotée, d’abord par sa divulgation à la presse, alors qu’elle était censée rester une démarche discrète, ensuite parce qu’elle est en train de devenir un sujet de polémique et de division. Frem estime ainsi que le thème de la réconciliation nationale, dans lequel s’inscrit le cas de Geagea, doit faire l’unanimité chez les Libanais, au même titre que le refus de l’implantation des Palestiniens. «Il est indispensable de tourner la page de la guerre, déclare le ministre de l’Industrie, et de consolider l’entente nationale, afin que les Libanais ne soient pas doublement des victimes. La première fois en servant d’instruments aux autres dans leur guerre au Liban et la seconde en ne se débarrassant pas des séquelles de cette guerre imposée qui n’en finissent plus de les déchirer». Frem est convaincu que la réconciliation nationale passe par l’amnistie en faveur de Geagea. Mais il aurait souhaité que cette amnistie fasse l’unanimité. Or, même au sein de son propre bloc parlementaire, tous les députés n’étaient pas d’accord avec l’idée telle qu’elle a été présentée. Les membres de ce bloc ont finalement convenu de s’aligner sur la position de Bkerké et notamment celle affichée par Mgr Roland Aboujaoudé, après avoir reçu un émissaire du ministre Sleimane Frangié. Le vicaire patriarcal avait ainsi déclaré que Bkerké ne fait aucune différence entre ses fils et ne prend pas le parti de certains d’entre eux contre les autres. Cette phrase avait été perçue comme un retrait par rapport à l’appui du patriarche maronite à la réclamation d’une amnistie pour Geagea. Tourner la page de la guerre Le ministre Frem y voit surtout un désir de retirer le sujet du débat public, le temps de favoriser une unanimité chrétienne puis libanaise en sa faveur. Le ministre lance ces propos avec une certaine amertume, déçu que certains aient choisi de divulguer le projet pour en faire une polémique. Il reste convaincu que le climat général du pays, ainsi que le changement survenu en Syrie et les développements régionaux favorisent une réconciliation nationale véritable et profonde, même s’il faut donner du temps à sa gestation. «Je souhaite, dit-il, que les Libanais s’éveillent enfin et comprennent où sont leurs intérêts et comment les réaliser, au lieu de se contenter d’utiliser chaque thème sérieux à des fins politiciennes». Le ministre insiste sur cette idée, répétant qu’il faut mettre fin à la page douloureuse de la guerre «et se libérer de toutes ses conséquences fatales pour notre tissu social, basé sur la convivialité vieille de 5 siècles». Finalement, Georges Frem précise que son bloc a décidé de laisser chacun de ses membres libre de signer ou non le projet d’amnistie. C’est ainsi que deux députés de ce bloc l’ont signé : Farès Soueid et Mansour el-Bone, les autres s’étant abstenus. Quant à lui, en tant que ministre, il ne peut signer une pétition parlementaire et comme il tient par-dessus tout au respect des lois et des coutumes, il respectera cette règle, mais continuera entre deux rendez-vous industriels à œuvrer pour la réconciliation nationale.
La proposition d’amendement en faveur du chef des FL dissoutes de la loi d’amnistie adoptée en 1991 est-elle mort-née ? Le ministre Georges Frem, qui avait axé sa campagne électorale sur la nécessité d’une réconciliation nationale englobant le Dr Samir Geagea, estime aujourd’hui que l’affaire a été mal amorcée, et qu’un sujet d’une telle importance ne doit pas...