CORRESPONDANCE - Un couturier dont on parlera - Michael Faircloath signe les tenues de Laura Bush

Tous les regards sont déjà braqués sur l’épouse de celui qui deviendra le 43e président des États-Unis. Mais c’est le jour de l’investiture (le 20 janvier) de son mari, Georges W. Bush, que son épouse Laura annoncera les couleurs de la First Lady qu’elle compte être : son allure et son style pouvant être l’indicateur de son comportement à venir. La cérémonie d’investiture présidentielle, qui comporte plusieurs phases (le serment, la longue marche du Capitole à la Maison-Blanche et un bal), est donc l’occasion de projeter une image publique à plusieurs facettes. Cette image elle l’a confiée à Michael Faircloath, une griffe haut de gamme du Texas (dont les Bush son originaires). À noter qu’en devenant First Lady, Hillary Clinton avait également choisi d’être habillée par une styliste de l’État dont elle venait, l’Arkansas. Michael Faircloath, qui travaille à partir de son studio sis dans une très chic avenue de la ville d’Austin, a respecté le goût conservateur de son illustre cliente. Il a ainsi créé pour elle des tenues qui soient à la fois élaborées et BCBG. Le clou en sera la robe de bal, toute en dentelle rubis rehaussée de broderies en cristal et se terminant par un évasé, formant une traîne. Sans être collet monté, le décolleté ovale est cependant loin d’être profond. Cette tenue va par la suite être accrochée, dans l’un des musées du Smithonian, aux côtés de celles portées par les précédentes Premières dames. Et, lorsque le matin même son époux prêtera serment, une main sur la Bible, Laura Bush sera à ses côtés vêtue d’un tailleur tunique bleu gitane. Pour se rendre à pied du Congrès à sa nouvelle demeure, la Maison-Blanche, elle portera par-dessus un manteau allant jusqu’à mi-mollet et de la même couleur. À ne pas confondre cette tonalité avec le légendaire bleu roi privilégié par sa belle-mère, Barbara Bush, lorsqu’elle était First Lady. On se souvient que cette dernière, qui était habillée par le couturier américain Arnold Scaasi, demandait toujours des tenues présentables mais pas du tout dans le vent. Un bon chic bon genre recherché Tout en restant bon chic, bon genre, Laura Bush (54 ans) a tout au moins renoncé à ses couleurs préférées (gris et beige), sur les conseils de son couturier, et a opté pour les bleus, les jaunes et les mauves qui ressortent mieux dans les photos et sur le petit écran. Elle n’a pas refusé non plus un petit clin d’œil au détail recherché. Michael Faircloath, âgé de 41 ans, n’est pas un désigner sortant une collection à chaque saison, mais un créateur haute-couture réalisant des tenues pour ses 300 clientes de la classe bien nantie du Texas : des douairières aux débutantes. On paie chez lui un tailleur 2 000 dollars, et une robe de dîner ou de gala peut coûter 3 000 dollars et beaucoup plus. Il habille Laura Bush depuis 1994. Il l’a habillée pour diverses occasions, et notamment durant toute la campagne présidentielle de son mari. Il a toujours été conscient qu’il avait à tenir compte du goût personnel de cette cliente pas comme les autres et de ce que le public américain aime ou n’aime pas parce qu’en quelque sorte, elle le représente. Ce couturier qui n’a jamais eu envie de «monter» à New York et qui est très à l’aise dans la formule pour laquelle il a opté ne nie pas cependant qu’il désirait fortement avoir une place au soleil dans le monde du design américain. Ce vœu vient d’être réalisé. Au départ, il hésitait entre le barreau et la couture. C’est sa mère qui l’a poussé dans cette voie pour laquelle il avait une préférence marquée. Et avec un brin d’humour elle lui avait dit : «On se résigne à voir son avocat et on se réjouit de voir son couturier !». Michael Faircloath, qui aime à travailler les formes et lignes épurées, mesure le succès «non pas dans la tenue qu’une femme arbore mais dans le fait de se rappeler ce qu’une femme a porté».