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Actualités - BIOGRAPHIES

Moustapha Timsah : - La percussion, un langage des mains et de l’âme

Moustapha Timsah a de grandes mains bavardes qui ont appris à s’exprimer au contact des percussions, son alphabet du bonheur. Moustapha Timsah. S’il fallait lire dans les lignes de sa main, opération qui prendrait de longues heures tant sa main est large, on y verrait des lignes de tête, de cœur, de vie, entrelacées jusqu’à créer des formes rondes, creuses, étranges. Si on y collait l’oreille, on pourrait entendre, non pas la mer, mais presque, un rythme, une musique venue de pays lointains. Ce n’est pas très étonnant, puisque c’est le monde de Moustapha qui nous appelle, un monde de percussions qui le comble de joie. Pour preuve ce sourire qu’il affiche en permanence et qui s’illumine aussitôt qu’il effleure une surface qu’il transforme – comme par magie – en instrument. Un pionnier de 31 ans «Tape, tape, petites mains», aurait pu lui chanter sa mère. À 6 ans, le petit Moustapha tapait avec ses petites mains sur tout ce qui ne bougeait pas, tables, pupitres, bancs d’école, même ses jambes, qui se mettaient alors à bouger, à la recherche d’un son, puis d’un rythme et d’une satisfaction encore très personnelle. Les voisins ont eu beau se plaindre, ses parents le corriger et lui ordonner le silence, rien n’y faisait. L’enfant fasciné par les percussions n’en faisait qu’à sa tête, «je ne sais pas comment c’est venu, cet instrument était totalement inconnu au Liban, je suppose que cette passion est née avec moi», décidé à poursuivre son chemin. «J’ai pris le chemin juste», celui de l’apprentissage personnel. Petit à petit, il découvre et apprivoise les différentes percussions, comme des voyages vers des contrées lointaines, dont il ramène à chaque fois des sons multiples et multipliés, un rythme particulier. De congas en bongos, en passant par tous genres de boîtes, cubes en bois et instruments étranges, Moustapha devient un professionnel de 15 ans qui accompagne – gratuitement – des groupes musicaux différents, introduisant un instrument jusque-là inconnu et mal aimé. «Personne n’appréciait encore les percussions, je devais les imposer». Puisqu’il n’existait pas de professeurs pour lui enseigner les méthodes et le savoir-faire, il écoute les musiques du monde, achète des vidéocassettes pour voir, observer, apprendre «comment on joue de ces instruments là-bas», dans ces pays d’Afrique qui le fascinent. Et pour, plus tard, «les faire entrer dans notre monde occidental». Chemin faisant, il dépose ses empreintes musicales, et d’ailleurs les seules alors, accompagne de grands chanteurs locaux, joue avec des groupes différents, des musiques diversifiées sur lesquelles il s’adapte, intervient et finit par s’imposer. Il affine son style, s’entraîne six heures par jour, crée ses propres percussions à partir de tam-tams, jarres et autres récipients étranges, reproduit le bruissement du vent ou les derbakés orientales, compose pour la regrettée Dany Boustros ou pour Amani, accompagne les orchestres dans des émissions télévisées et réchauffe les lieux où se retrouvent – avec un plaisir évident – les citadins noctambules. Dans un autre monde Moustapha a tenu son pari. «Pour réussir, il faut aimer son instrument, posséder la technique, les muscles, mais surtout jouer des airs qui fassent ressortir l’âme en dehors de soi. Ma musique est pleine de vie et les gens aiment la vie». Sourire modeste. «À 10 ans, j’avais enregistré sur une cassette une mélodie que je jouais très maladroitement, pour qu’elle me rappelle toujours d’où je viens et qu’il ne faut jamais avoir la grosse tête». La soirée a débuté depuis un moment, ce jeudi soir. Les gens réunis autour des tables parlent et parlent encore, le bruit de leurs verres tintant comme des virgules dans des phrases trop longues. La scène est envahie par les percussions de Moustapha Timsah que tout le monde attend. À l’heure H, Moustapha, chemise blanche et manches retroussées, s’aligne près de ses instruments chéris, choisit le premier complice, le rejoint, se frotte les – larges – mains et, comme un sportif avant la course, ferme les yeux un bref instant pour mieux s’envoler. Puis il frôle les surfaces plates et rugueuses des deux percussions, les caresse et se met à frapper un petit coup, puis un autre, d’un doigt puis de deux. Les sons s’enchaînent, la musique démarre. Accompagné d’un bassiste et d’un batteur, Moustapha va déployer son énergie et son talent deux heures, durant lesquelles il va se déplacer d’un instrument à l’autre, il va même enfourcher un cube-percussion, voyager d’un son à l’autre et d’une ambiance à une autre. «Je suis dans un autre monde». Toutes les musiques qu’il aime vont défiler. Le visage perlé de gouttes de sueur, les muscles tendus, mais le sourire épanoui, Moustapha se retire, heureux. «Je peux jouer 24 heures de suite si je me sens bien. Et si les gens partagent l’essence même de ma musique». On le croit…
Moustapha Timsah a de grandes mains bavardes qui ont appris à s’exprimer au contact des percussions, son alphabet du bonheur. Moustapha Timsah. S’il fallait lire dans les lignes de sa main, opération qui prendrait de longues heures tant sa main est large, on y verrait des lignes de tête, de cœur, de vie, entrelacées jusqu’à créer des formes rondes, creuses, étranges. Si on y...