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Actualités - CHRONOLOGIE

FINANCES - Une source militaire fait état d'"énormes" dépenses hors budget sous l'ancien régime Polémique entre Hariri et l'armée

Entre l’armée et l’ancien chef du gouvernement Rafic Hariri, une guerre des chiffres est déclarée depuis hier. Réagissant vivement au plaidoyer prodomo de Hariri, publié vendredi dans la presse, une source militaire a accusé ce dernier de gonfler les dépenses du ministère de la Défense. Mais l’ancien chef du gouvernement n’a pas tardé à contre-attaquer, contestant à son tour les chiffres fournis par la source militaire, sans les démentir. Hariri a ainsi reproché à cette source de n’avoir pas fourni «l’ensemble» des chiffres des dépenses, entraînant en soirée une nouvelle réponse de l’armée. Dans son exposé publié par la presse, l’ancien chef du gouvernement avait indiqué que l’État avait dépensé durant son mandat 5 005 millions de dollars, sur un total de 15 863 millions de dollars, afin de développer les forces armées et ses forces de sécurité, soit 31,5 % de la totalité des dépenses. «Ce chiffre donne à l’opinion publique l’illusion que les dépenses des forces militaires constituent une des principales causes du déficit budgétaire et de la croissance de la dette publique, et, par voie de conséquence, de la crise économique qui secoue le pays», a indiqué la source militaire, précisant que les budgets du ministère de la Défense se sont chiffrés durant la période indiquée par Hariri à 3 818 933 26 milliards de livres, soit 2 537 497 millions de dollars. «Le budget du ministère de la Défense n’a pas dépassé les 14,08 % du budget de l’État en 1993 et a été réduit à 10,245 % du budget en 1998», a ajouté la source, avant d’indiquer qu’il n’y a pas eu de dépenses hors budget au cours de cette période. «Les forces militaires avaient été équipées grâce à l’armement remis par les milices, grâce aux dons et aux facilités accordées par les États-Unis pour l’achat de 300 véhicules militaires à des prix symboliques, 100 dollars pour la jeep, 1 000 dollars pour le camion et 70 mille dollars pour le VTT», selon la source, qui a fait état d’«énormes dépenses hors budget à travers des prêts et des transactions que nous ne pouvons pas déterminer et qui ont contribué à réduire les dépenses du ministère de la Défense à moins de 5 % de la totalité des dépenses de l’État». « Un chiffre incorrect » En ce qui concerne le reste des forces de sécurité, l’ensemble de leurs dépenses «ne représente pas le quart des dépenses de l’armée, ce qui fait que le chiffre avancé par le président Hariri était incorrect et gonflé». La source a en outre indiqué que les effectifs de l’armée sont restés les mêmes depuis 1990 et que le service du drapeau coûte à l’État 65 milliards de livres par an (40 milliards pour les salaires et 25 milliards pour couvrir divers frais). Elle a souligné que l’armée s’est toujours tenue loin des conflits politiques tout en appliquant les décisions de l’autorité politique et que l’investissement dans le domaine de la sécurité est fondamental. «Sans cet investissement, on ne peut espérer aucun progrès sur les plans économique et social», a soutenu la source, avant d’inviter Hariri à «revoir ses chiffres avec précision et à ne pas prendre l’armée et les forces de sécurité pour un atout dont il peut se servir pour justifier sa politique». Moins de deux heures plus tard, le bureau de presse de Hariri a publié un communiqué dans lequel il a exprimé «ses regrets devant les conclusions auxquelles est parvenue la source militaire et qui sont en totale contradiction avec l’esprit et la lettre du texte, notamment en ce qui concerne le développement des forces armées». Tout en approuvant les propos relatifs à l’importance de l’investissement dans le domaine de la sécurité, le bureau de presse de Hariri – qui a repris plusieurs extraits du plaidoyer de l’ancien chef du gouvernement – a fait remarquer que Hariri «n’a pas considéré les dépenses sur le secteur militaire comme une des principales causes du déficit budgétaire, tout comme il ne l’a pas fait pour les dépenses sur le développement. Il a estimé que ces responsabilités doivent être assumées dans la mesure où elles représentent un des fondements du développement du pays». Les pensions de retraite Le bureau de presse a approuvé les chiffres fournis par la source militaire, tout en relevant qu’elles sont tronquées. «La source militaire a peut-être oublié deux points fondamentaux : le premier se rapporte aux dépenses détaillées des services de sécurité (FSI, Sûreté générale, Sécurité de l’État, police du Parlement et la police douanière) qui totalisent 5 629 milliards de livres entre 1993 et 1998. Le deuxième concerne la part du budget réservée aux pensions de retraite qui totalisent 1 918 milliards de livres, ce qui donne la somme de 7 547 milliards de livres (5 629+1 918), soit 5 005 millions de dollars», a ajouté le bureau de presse qui a mis l’accent sur «la nécessité d’éviter d’engager une polémique autour de cette question nationale». Mais l’armée n’a pas tardé à réagir et tard dans la soirée, une source militaire a indiqué dans un communiqué que les 1 918 milliards, «qui sont l’ensemble des pensions de retraite et des indemnités de fin de service, sont versés par la mutuelle des forces militaires. La procédure est la même que dans le reste des administrations de l’État où l’on prélève chaque mois une partie du salaire du fonctionnaire qui est versée à la mutuelle. C’est de cette mutuelle que le fonctionnaire assure ses indemnités et sa pension de retraite». «Le chiffre de 1 918 milliards de livres est très gonflé. Il est pratiquement impossible que les retraités encaissent plus de la moitié de ce que touchent les militaires de service. Le bureau de presse (de Hariri) ferait mieux de revenir au ministère des Finances pour vérifier ses chiffres», a poursuivi la source militaire, soulignant qu’«en aucun cas, les pensions de retraite et les indemnités de fin de service ne peuvent être considérées comme une dépense de l’État». «Le fait d’inclure les fonds de mutuelle dans le cadre des dépenses de l’État constitue une erreur de calcul, qui, nous l’espérons, est innocente», a conclu la source militaire.
Entre l’armée et l’ancien chef du gouvernement Rafic Hariri, une guerre des chiffres est déclarée depuis hier. Réagissant vivement au plaidoyer prodomo de Hariri, publié vendredi dans la presse, une source militaire a accusé ce dernier de gonfler les dépenses du ministère de la Défense. Mais l’ancien chef du gouvernement n’a pas tardé à contre-attaquer, contestant à...