SECURITÉ - Washington conseille à ses ressortissants d'éviter Saïda Tollé à Beyrouth contre la décision US

Les États-Unis ont recommandé à leurs ressortissants de s’abstenir de se rendre à Saïda et dans ses environs, estimant que cette région a connu récemment une «détérioration de la situation» au plan de la sécurité. Cette recommandation, issue du département d’État américain, a suscité un tollé au Liban. Dans un communiqué publié au cours du week-end dernier, le département d’État précise que les ressortissants américains se rendant au Liban devraient éviter la ville de Saïda et les camps de réfugiés palestiniens voisins en raison de la détérioration de la situation dans cette région. Le communiqué ajoute que cette recommandation demeure valable «tant que la sécurité des lieux n’aura pas été rétablie». Le département d’État ajoute que la situation s’était selon lui détériorée «notamment à la suite d’une menace antiaméricaine issue de la région de Saïda et dont la vraisemblance reste à déterminer». Washington faisait allusion à un communiqué publié le 28 juin, par une organisation inconnue, se présentant comme l’armée de libération des Lieux Saints», et appelant à «se venger» des Américains, qui selon elle, appuient «les gangs de juifs dans leurs actions contre les peuples musulmans» et à assassiner l’ambassadeur des États-Unis à Beyrouth David Satterfield. Cet appel, dont les Américains eux-mêmes paraissent douter de la vraisemblance, avait été lancé en réaction aux raids aériens israéliens du 24 juin. Il avait été distribué sous forme de tracts à Saïda. En revanche, la déclaration du département d’État ne mentionne pas expressément des incidents survenus dans le chef-lieu du Liban-Sud, et notamment l’assassinat le 8 juin des quatre magistrats au palais de Justice de la ville. À Beyrouth, le chef du gouvernement Sélim Hoss a exprimé hier son «étonnement» à l’égard du communiqué du département d’État. «La sécurité et la stabilité prévalent totalement sur l’ensemble du territoire, et la situation à Saïda ne diffère pas du reste des régions du pays. La légalité de l’État y est présente comme partout ailleurs », a dit M. Hoss. «Tout en exprimant notre étonnement vis-à-vis de cette attitude, nous appelons le département d’État à réviser sa position», a-t-il conclu. Dans les milieux du gouvernement, on relève en outre que la recommandation américaine a émané directement du département d’État sans que le Liban n’en ait été informé d’aucune manière, ni par le biais de l’ambassade du Liban à Washington ni de la chancellerie des États-Unis à Beyrouth. Quant aux menaces proférées contre les Américains, on souligne de mêmes sources que leurs auteurs «n’existent pas». Ces sources rappellent enfin que le Liban a longtemps souffert des interdits américains sur les déplacements des ressortissants américains au Liban et a beaucoup enduré pour convaincre Washington de lever ces interdits. La recommandation américaine a suscité en outre des réactions négatives dans certains milieux politiques, notamment à Saïda même, où le député Moustapha Saad a exprimé sa surprise face à cette décision. «De toutes façons, les Américains ne nous visitent pas. Ce sont les avions, les missiles et les bombes américaines que nous voyons chez nous, qui détruisent nos infrastructures et nos ponts», a lancé M. Saad. «Le véritable problème n’est pas à Saïda. Il réside dans la politique américaine et dans son appui à l’ennemi israélien», a-t-il ajouté. Pour sa part, le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, qui a condamné la prise de position du département d’État, a estimé que «les États-Unis auraient mieux fait de mettre un terme aux actions d’Israël car c’est seulement ce dernier qui souhaite déstabiliser et torpiller le processus national à Saïda».