Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

MAISON DE L'ARTISAN - L'ancien mohafez de Beyrouth aurait autorisé une atteinte aux biens-fonds maritimes Nicolas Saba depuis hier en garde à vue

Les interrogatoires judiciaires du vendredi portent malheur. L’ancien mohafez de Beyrouth Nicolas Saba en a fait hier la triste expérience. Après avoir été entendu à deux reprises au cours des dernières semaines par l’avocat général près la Cour de cassation, Mme Rabiha Kaddoura, il a été placé hier en garde à vue. Mme Kaddoura lui reproche essentiellement d’avoir accordé un permis au restaurateur Béchara Nammour pour l’aménagement d’une plage commerciale au pied de la Maison de l’Artisan à Aïn Mreissé, alors que ce dernier ne devait être autorisé qu’à reconstruire le bâtiment, tout en transformant une aile en restaurant. Selon l’avocat général, il s’agit là d’un délit pénal puisque la licence illégale accordée à M. Nammour porte la signature de M. Saba, alors que, depuis 1993, une décision du Conseil des ministres avait prévu d’interdire toutes les exploitations sur les biens-fonds maritimes. Arrivé au Palais de justice à 10h pour sa troisième convocation devant l’avocat général, l’ancien mohafez de Beyrouth n’en est plus sorti, se rendant directement vers 18h30 au sous-sol où se trouvent les arrêts. Avant de prendre l’ascenseur, sous l’étroite surveillance des agents des FSI, Saba lance aux journalistes ce cri presque désespéré: «Il y a tellement d’infractions dans le pays. Pourquoi ne voit-on que celle-ci?». Avant d’être enfermé dans sa cellule, Saba pose ainsi le problème de la justice, aujourd’hui plus que jamais au cœur de l’actualité. L’ancien mohafez passera probablement les deux nuits suivantes aux arrêts, les recours contre les gardes à vue du vendredi étant pratiquement impossibles. Pour ceux qui suivent les enquêtes judiciaires, la nouvelle de la mise en garde à vue de M. Saba n’a peut-être pas été surprenante, ses convocations successives ayant déjà donné un avant-goût de la suite des événements. D’autant que celle d’hier a été fixée après l’obtention par Mme Kaddoura d’une décision du Conseil des ministres autorisant les poursuites contre cet ancien administrateur. Que reproche-t-on exactement à celui qui a été le plus jeune mohafez du Liban et qui s’est marié il y a quelques mois à peine? L’enquête étant secrète, il est difficile d’obtenir des détails précis. Ce que l’on sait toutefois, c’est que le nom de M. Saba est apparu dans le cadre de l’enquête menée par l’avocat général sur les infractions relatives aux biens-fonds maritimes. Un bien vaste dossier qui a amené Mme Kaddoura à examiner la situation de la Maison de l’Artisan à Aïn Mreissé, un édifice qui fait partie du patrimoine des Beyrouthins et qui avait été totalement détruit pendant la guerre. Sa restauration avait été confiée à la société Idarat ayant pour PDG Me Béchara Nammour, par le biais d’un contrat conclu avec le ministère des Affaires sociales. Me Nammour obtenait la gérance du restaurant qui devait être édifié sur une partie de la superficie de l’ancienne Maison de l’Artisan, tout en remettant 5 % des recettes du restaurant à la municipalité de Beyrouth pendant une durée déterminée et en s’engageant à aménager les locaux de la nouvelle Maison de l’Artisan, jouxtant le restaurant. Des autorisations légales Jusque-là, tout semble légal. Les choses se sont gâtées lorsque M. Nammour a décidé d’aménager une plage avec piscine devant la Maison de l’Artisan, tout en construisant un brise-lame et en transformant l’espace côtier en jardin donnant ainsi un accès fleuri à son restaurant, qui occupe la majeure partie des lieux. M. Nammour a ainsi augmenté la superficie qui lui était attribuée en aménageant un espace qui ne fait pas partie des zones commercialement exploitables. Ce qui constitue l’atteinte par excellence aux biens-fonds maritimes. Le problème, c’est que M. Nammour a obtenu pour réaliser cette illégalité des autorisations tout ce qu’il y a de plus légales, notamment de la part de l’ancien mohafez de Beyrouth Nicolas Saba qui est l’autorité compétente dans ce domaine et dont la signature figure sur les papiers officiels. Au cours de ses précédentes convocations devant Mme Kaddoura, M. Saba avait précisé qu’il avait accordé cette licence en se basant sur un décret du Conseil des ministres autorisant ce genre d’exploitation, ainsi que sur une décision du conseil municipal de la capitale, présidé à l’époque par l’ancien ministre Mohamed Ghaziri, approuvant l’exploitation de la Maison de l’Artisan. Avant de se présenter hier matin à son rendez-vous devant le juge, M. Saba avait laissé entendre qu’il possédait aussi de nombreuses lettres de ministres anciens et actuels l’encourageant à accorder une telle licence à M. Nammour. L’avocat général près la Cour de cassation n’a toutefois pas jugé convaincants les arguments de M. Saba puisque ce dernier a été placé en garde à vue après avoir été entendu pendant trois heures. Mme Kaddoura, qui a commencé par entendre MM. Saba et Nammour séparément, a finalement procédé à une confrontation entre eux avant de prendre la décision de faire arrêter l’ancien mohafez pour les besoins de l’enquête. M. Nammour, lui, est resté libre sous caution d’élection de domicile. Il peut se déplacer sur l’ensemble du territoire et même quitter le pays à condition toutefois de fournir aux autorités une adresse à laquelle il peut être joint. Mme Kaddoura entendra ce matin l’actuel mohafez M. Yaacoub Sarraf pour éclaircir certains points concernant les prérogatives du mohafez, notamment dans l’octroi des licences, et s’assurer de certaines procédures. Elle doit aussi entendre le moukhtar de Aïn Mreissé Bassem Oud. Quant à l’ancien ministre et président du conseil municipal, M. Mohamed Ghaziri, l’avocat général a pour l’instant renoncé à l’entendre, et cette enquête à rebondissements devra être clôturée rapidement puisque Mme Kaddoura remettra en principe lundi le dossier au procureur général Adnane Addoum.
Les interrogatoires judiciaires du vendredi portent malheur. L’ancien mohafez de Beyrouth Nicolas Saba en a fait hier la triste expérience. Après avoir été entendu à deux reprises au cours des dernières semaines par l’avocat général près la Cour de cassation, Mme Rabiha Kaddoura, il a été placé hier en garde à vue. Mme Kaddoura lui reproche essentiellement d’avoir...