LIBAN-SUD - Entretien téléphonique Hoss-Chareh Beyrouth et Damas réaffirment leur attachement à l'arrangement d'avril

Après le torpillage mardi dernier par Israël de la réunion du comité de surveillance du cessez-le-feu au Liban-Sud, le Liban et la Syrie ont réitéré hier leur attachement à l’arrangement d’avril 96 dont l’objectif est de protéger les civils lors des opérations militaires. Quant au Hezbollah, il a assuré que les termes de l’accord d’avril demeurent inchangés et s’est réservé le droit de tirer des roquettes Katioucha lorsque les civils libanais sont pris pour cible. Le chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, également ministre des Affaires étrangères, s’est entretenu au téléphone hier avec le chef de la diplomatie syrienne, M. Farouk el-Chareh, des derniers développements au Liban-Sud et du report sine die de la réunion du groupe de surveillance en raison du refus d’Israël d’y participer. «Il y avait une convergence de vues parfaite entre les deux responsables notamment pour ce qui est de la nécessité de rester attachés à la lettre et à l’esprit de l’arrangement d’avril», selon les milieux du président du Conseil. À sa sortie du Grand Sérail, M. Hoss s’est dit confiant dans la volonté des différentes parties concernées de maintenir le rôle du comité d’avril, en dépit des déclarations du ministre israélien de la Défense Moshé Arens. «Les grandes puissances, notamment la France et les États-Unis, sont attachées au groupe de surveillance international», a-t-il dit aux journalistes. Des sources citées par notre chroniqueur diplomatique Khalil Fleihane précisent que des contacts intensifs ont eu lieu entre Washington et Paris, coprésidents du comité d’avril, après la déclaration de M. Arens qui a pratiquement enterré le groupe de surveillance. Les Américains se sont informés auprès de Tel-Aviv de la réalité de la position israélienne et ont abouti à la conclusion que les propos du ministre de la Défense ne reflètent pas le point du vue du gouvernement. L’équilibre de la terreur Pour sa part, le Hezbollah a réaffirmé sa détermination à maintenir «l’équilibre de la terreur au Liban-Sud en utilisant les roquettes Katioucha quand le besoin s’en fait sentir». «Les Katioucha sont prêtes à défendre les civils et l’infrastructure du pays, a déclaré le secrétaire général adjoint du parti, cheikh Naïm Kassem. La Résistance choisira le moment, l’endroit et la manière qui feront le plus mal à l’ennemi». Selon lui, les tirs de Katioucha demeureront une arme importante aux mains du Hezbollah «pour maintenir l’équilibre de la terreur avec l’ennemi et les prochains jours le prouveront». Cheikh Kassem a déclaré que «l’agression israélienne n’a pas réussi à atteindre ses objectifs qui étaient de remonter le moral de l’armée israélienne, de profiter de la période transitoire en Israël pour imposer une nouvelle équation et de provoquer des dissensions entre l’État et la Résistance au Liban». Le député Ibrahim Amine el-Sayyed, chef du bloc parlementaire du Hezbollah, a quant à lui déclaré que «la Résistance poursuivra ses attaques contre l’ennemi sioniste». Il a mis l’accent sur le fait que le Liban refusera toute modification des dispositions de l’arrangement d’avril, ajoutant que «la dernière agression israélienne contre le Liban a été préparée et exécutée avec le consentement des États-Unis». Selon lui, l’attaque israélienne avait pour objectif de modifier l’arrangement d’avril de manière à permettre à l’État hébreu de s’en prendre aux civils libanais pour riposter aux attaques de la Résistance contre l’armée d’occupation. M. Sayyed a déclaré qu’Israël, qui a saboté la réunion du comité de surveillance «n’a pas les moyens de torpiller définitivement le groupe international». «De toute façon, il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’avenir du comité», a-t-il dit. De même Sayyed Mohammed Hussein Fadlallah a exclu le torpillage définitif du comité d’avril ou la modification de la nature de sa mission. Selon lui, la période à venir a besoin d’un cadre semblable à celui de l’arrangement d’avril, qui sert de garde-fou. Lors de sa leçon coranique hebdomadaire hier, le dignitaire religieux chiite a déclaré que la région arabe se dirige vers une ère nouvelle où les risques de guerre ne sont pas très grands.