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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

COLLOQUE- Les minorités sous l'empire ottoman À Beyrouth , en 1889 , les 2/3 des habitants étaient chrétiens

La faculté des lettres de l’Université libanaise (UL), à Fanar, organise depuis mercredi dernier un colloque ayant pour thème “minorités et nationalisme dans l’empire ottoman après 1615”. Au cours de la journée d’hier, plusieurs chercheurs et universitaires ont pris la parole pour exposer la situation des minorités vivant dans les territoires de l’empire ottoman, notamment les alaouites, les maronites, les Kurdes, les assyriens et les juifs. M. Boutros Labaki, vice-président du CDR (Conseil du développement et de la reconstruction), a présenté une étude ayant pour thème “le rôle économique des hommes d’affaires chrétiens à Beyrouth et au Mont-Liban sous la moutassarifiya”. M. Labaki a indiqué qu’à «la fin du siècle dernier (1889), les deux tiers des habitants de Beyrouth étaient chrétiens. Au Mont Liban, ils formaient 85 % de la population et dans les autres régions libanaises 35 %». La condition sociale des chrétiens était meilleure que celle des autres communautés vivant au Liban, et ceci grâce aux relations qu’ils entretenaient avec les étrangers (Européens notamment). Et M. Labaki d’expliquer que «les chrétiens profitaient des institutions (écoles, universités, dispensaires…) ouvertes par les missionnaires européen et américains dans le pays». «De plus, l’émigration des chrétiens vers les États-Unis et l’Égypte a joué un rôle important sur le plan culturel et économique local», a-t-il noté. La révolution industrielle européenne et la conquête de nouveaux marchés au Moyen-Orient présentaient également des facteurs bénéfiques aux chrétiens du Liban. Se penchant sur les professions libérales, le vice-président du CDR a indiqué qu’à «Beyrouth, en 1889, 92 % des avocats, 100 % des médecins et 100 % des pharmaciens étaient chrétiens». À la même époque, l’élite économique de la capitale était chrétienne. «Ainsi à Beyrouth 86 % des hommes d’affaires, 85 % des banquiers et 81 % des exportateurs de soie appartenaient à cette communauté», a noté M. Labaki. M. Mohammed Noureddine, professeur à l’UL, a présenté pour sa part une étude ayant pour titre “les soulèvements alaouites en Anatolie aux XVe et XVIe siècles”. «Au cours de ces siècles, l’Anatolie a connu quinze soulèvements alaouites contre l’empire ottoman», a-t-il dit. Et de poursuivre que «ces soulèvements n’avaient pas uniquement pour cause l’appartenance religieuse mais aussi des raisons économiques et sociales» (les alaouites étant pour la plupart des paysans pauvres). «À la fin du XVIe siècle, et jusqu’à l’avènement d’Atatürk, les alaouites ont décidé de garder un profil bas», a-t-il souligné. Juifs, Kurdes et assyriens Quant à M. Joseph Mouawad, chercheur, il a présenté une étude intitulée “Maronites et juifs jusqu’en 1920, évènements et perception de l’autre”. «Au début du siècle, l’image du juif dans les villages maronites du Mont-Liban était celle d’un croquemitaine», a-t-il dit. Et M. Mouawad de souligner que «tout au long de l’histoire, les chrétiens d’Orient, toutes Églises confondues, ont lancé des accusations contre les juifs». «L’antijudaïsme d’origine religieuse allait se muer parfois en antisémitisme dont le label était européen», a-t-il poursuivi. Et d’ajouter que «l’on peut distinguer plusieurs phases dans la formation de l’image du juif dans la mentalité ou l’imaginaire maronite». Sur le thème “Kurdes et assyriens sous la dernière période de l’empire ottoman”, Mme Joumana Debs, chercheuse au centre orthodoxe, a pour sa part indiqué que «du Moyen Âge jusqu’au XIXe siècle, les tribus kurdes et assyriennes des montagnes du Hakkari (Kurdistan turc) vivaient ensemble en paix». Peuples de guerriers, ils ont été utilisés par les grandes puissances. Ainsi les missionnaires anglais et russes ont tissé des liens avec les assyriens pour affaiblir l’empire ottoman. «À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, à l’issue des traités de Sèvres et de Lausanne, ces deux minorités ont subi le même sort : elles n’ont pas pu imposer leur droit à l’autonomie», a déclaré Mme Debs. M. Nafez Ahmar, chercheur, a pour sa part présenté une étude ayant pour thème “les minorités ethniques du Akkar au XVIIIe siècle : les Turkmènes et les Kurdes” (deux minorités non arabes). «La présence des Kurdes au Akkar remonte à l’ère des Mamelouks», a-t-il indiqué. « Cette communauté est devenue plus importante durant le XVIIIe siècle (1741)», a-t-il dit. Les Turkmènes sont arrivés au Akkar sous le mandat du sultan Sélim Ier. «Au début, la communauté a gardé ses particularités, mais à partir du XIXe siècle ces turkmènes ont abandonné leur culture et leurs habitudes», a-t-il déclaré. Ils sont actuellement 5 000 à vivre au Akkar et certains parlent jusqu’à présent la langue de leurs ancêtres.
La faculté des lettres de l’Université libanaise (UL), à Fanar, organise depuis mercredi dernier un colloque ayant pour thème “minorités et nationalisme dans l’empire ottoman après 1615”. Au cours de la journée d’hier, plusieurs chercheurs et universitaires ont pris la parole pour exposer la situation des minorités vivant dans les territoires de l’empire ottoman,...