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Actualités - REPORTAGES

THÉATRE - Une pièce de Jean Daoud au TDB " Mouakoun" : un nouveau langage pour mieux défendre la liberté

La révolte gronde sur les planches du Théâtre de Beyrouth, Aïn Mreyssé, où se joue la pièce «Mouakoun» de Jean Daoud. Une pièce au texte à la fois violent et profondément humain, qui dénonce et condamne l’abus de pouvoir, la dépendance, l’aliénation, l’hypocrisie. Cette œuvre, au langage universel, est servie avec brio par 20 jeunes acteurs et actrices qui jouent avec leurs tripes. Écrite dans les années 80, remaniée quelques années plus tard, Mouakoun est une pièce résolument moderne. Par les valeurs universelles qu’elle défend, mais aussi du point de vue de l’approche scénique. «“Mouakoun” s’inscrit bien dans le programme Beyrouth, capitale culturelle du monde arabe», note l’auteur et metteur en scène . « Par son côté novateur et original, cette pièce apporte une autre dimension au travail théâtral. Elle ne ressemble à rien qui ait été déjà fait, du moins au Liban. Pour cela, après Beyrouth, je pense qu’il serait important de la faire voyager à l’étranger ». Pas d’effets spéciaux, pas de costumes ni de décors recherchés, mais un souci du détail et une harmonieuse orchestration de l’espace, du son et de l’éclairage. Les acteurs sont sincères et poignants. Les pieds nus, vêtus de noir, ils se servent, pour s’exprimer, d’un large éventail d’émotions. Véhiculées par la voix, par le regard et par les mouvements du corps. La scène est martelée de coups de pied et de poing. Les acteurs rampent, sautent, grimpent, s’écroulent, se tordent dans des sursauts spasmodiques. Dans une succession de tableaux toujours changeants, ils se font les porte-parole de la dignité bafouée, des droits violés, de la vérité trahie, travestie. On passe de l’arabe parlé à l’arabe littéraire, du silence au chaos, de l’absurde à la réalité. La tension monte, le rythme s’accélère, les répliques se font mitraillette, le mouvement devient danse. Puis tout retombe. Pour mieux recommencer. Le poète La ville est malade, corrompue. Un «docteur», tyrannique et cruel, fait la loi. Sa cour se compose de personnes «diminuées», car acceptant d’obéir, d’abdiquer. D’où justement le titre de la pièce, Mouakoun, qui ne signifie pas ici «handicapés» mais moutons de panurge, «suiveurs». Mais dans la ville, les êtres purs, les poètes, se réveillent. C’est la révolution. Réduits à l’état d’animaux, pantins désarticulés, épaves se traînant de douleur , ils retrouvent peu à peu la force de réagir, de refuser. De repousser les murs de cette ville ennemie qui se referment sur eux, qui les étouffent. Les voix se répondent, se croisent, se cognent. Elles demandent la tolérance, le droit au respect, à la différence, au rêve, à la poésie. Une multitude de thèmes sont abordés, en une seule phrase ou plus longuement. Sur un ton sarcastique ou sérieux, badin ou résigné , les clins d’œil et les piques abondent. La politique, la religion, la société…, autant de chapitres passés au crible. Nous sommes tous des «docteurs». Tous coupables. Tous responsables. Pour la survie d’un être humain digne de ce nom, les choses doivent changer. Car «il est folie d’entrer dans la vie». Mouakoun n’est, en somme, qu’un appel à l’authenticité. Une invitation à se remettre en question, pour une meilleure qualité de vie. • Mouakoun se joue au TDB. jusqu’à la fin du mois de juin. Représentations tous les jeudis, vendredis et samedis, 20h30.
La révolte gronde sur les planches du Théâtre de Beyrouth, Aïn Mreyssé, où se joue la pièce «Mouakoun» de Jean Daoud. Une pièce au texte à la fois violent et profondément humain, qui dénonce et condamne l’abus de pouvoir, la dépendance, l’aliénation, l’hypocrisie. Cette œuvre, au langage universel, est servie avec brio par 20 jeunes acteurs et actrices qui jouent avec leurs...