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Actualités - CHRONOLOGIE

Verdict le 25 juin dans l'affaire Karamé Geagea relève les contradictions dans les dépositions des témoins

La Cour de justice a achevé tard hier soir ses audiences dans l’affaire de l’assassinat de Rachid Karamé, dans un attentat aux explosifs qui avait visé, en 1987, l’hélicoptère à bord duquel il se trouvait. Cette dernière séance (qui a duré de 17 heures à 23 h) a été marquée essentiellement par les plaidoiries des principaux accusés dans cette affaire, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, le brigadier Khalil Matar, et le commandant à la retraite Kaytel Hayek. M. Geagea a notamment relevé, point par point, les multiples contradictions qui ont caractérisé les dépositions des témoins à charge. Le verdict sera rendu le 25 juin prochain, à 16 heures. Au total, la Cour de justice aura tenu 58 audiences qui ont débuté le 5 décembre 1997. Le dossier comprend 2 500 pages de procès verbaux des différents interrogatoires, 1 500 pages des plaidoiries des avocats et un millier de documents. L’enquête a été menée par trois juges d’instruction, successivement Walid Ghomra et Mounif Oueidate (qui se sont récusés dans le courant de l’instruction) et Georges Ghantous, qui a rendu public l’acte d’accusation. Le dossier formé lors de l’instruction était constitué de près de 4 000 pages. La plaidoirie la plus attendue, hier soir, a été incontestablement celle de M. Geagea qui a, d’emblée, dénoncé la «justice sélective», évoquant sur ce plan le précédent de l’assassinat du président-martyr Béchir Gemayel dont le meurtrier, Habib Chartouni, a été sorti de prison en 1990 par des miliciens. Le leader des FL a également soulevé les précédents des assassinats du président René Moawad, de Kamal Joumblatt et du mufti Hassan Khaled qui n’ont toujours pas été élucidés, «en dépit du fait que les services de sécurité sont en possession d’informations très précises au sujet de ces affaires». Échapper à la torture mentale Le leader des FL a souligné également qu’aucune enquête sérieuse n’a été menée à la suite des deux tentatives d’assassinat qui avaient visé le général Michel Aoun en 1990 – et qui avaient alors été revendiqués par le Parti syrien national social et par un parti de gauche. M. Geagea est ensuite entré dans les détails des dépositions de plusieurs témoins, mettant en évidence les contradictions et les incohérences de nombreux témoignages. Il a souligné dans ce cadre que plusieurs témoins s’étaient rétractés devant la Cour de justice. Il a notamment cité le cas du brigadier Khalil Matar qui a nié devant la Cour de justice certains points de sa déposition devant le juge d’instruction, soulignant, lors des audiences du 16 janvier, du 23 janvier et du 4 février 1998 qu’il avait fini par faire certaines dépositions devant le juge d’instruction «sous la pression et pour échapper à la torture mentale». M. Geagea a ajouté dans ce cadre qu’il a tenu à relever les contradictions, les incohérences et les failles dans les dépositions de plusieurs témoins afin de mettre en évidence «les interventions systématiques et préméditées des autorités en charge de l’instruction dans le cours de l’enquête afin d’orienter et d’infléchir les conclusions de l’instruction dans une direction déterminée». Après avoir énuméré les différents épisodes meurtriers de la guerre qui n’ont fait l’objet d’aucune instruction sérieuse, M. Geagea a souligné, en conclusion, que «si le pouvoir désirait réellement faire toute la lumière sur les divers épisodes de la guerre, il aurait dévoilé l’identité de la partie qui a commandité l’assassinat de Rachid Karamé». De son côté, le brigadier Khalil Matar a commencé par réaffirmer son innocence dans cette affaire, soulignant qu’il avait été accusé «injustement et par force». «Je n’ai été ni complice, ni acteur», a-t-il déclaré avant de dénoncer vivement la déposition de l’un des accusés, Antoine Chidiac. «En se basant sur la simple logique, il nous apparaît que l’accusé Antoine Chidiac est un grand menteur», a déclaré le brigadier Matar qui a appuyé sur ce plan la déposition du colonel Menassa de l’armée libanaise. «Qui faut-il croire, s’est-il interrogé, le déposition d’un officier connu pour son intégrité et sa sincérité ou Antoine Chidiac» ? Ce dernier a alors tenté d’intervenir, mais il a été interpellé par le fils du brigadier Matar. Le brigadier Matar a ensuite commenté certains points de la déposition de l’officier de la base de Koleyate, le lieutenant-colonel Abdel Razzak. Il a ensuite évoqué l’épisode de sa présence sur une embarcation aux côtés de Ghassan Touma et Ghassan Menassa le jour de l’attentat, au large de Jbeil. «J’ai déduit que quelque chose se préparait, a-t-il déclaré. Ils veulent utiliser mes propos comme preuve. Je n’ai été qu’un simple témoin dans cette affaire». Après avoir critiqué le rapport technique établi par le capitaine Élias Abou Jaoudé sur l’appareil TSF qui aurait été utilisé dans l’opération, le brigadier Matar a déclaré : «Pourquoi aucune poursuite n’a été engagée contre une autre fraction qui voulait dévancer Touma dans cet attentat» ? L’officier s’est élevé, en outre, contre la façon avec laquelle son nom avait été mêlé à cette affaire. «On a voulu m’impliquer dans des faits erronés, a-t-il souligné. Ils ont emmené Antoine Chidiac dans mon lieu de détention afin de me tendre des pièges». Signalons, enfin, que le commandant à la retraite Kaytel Hayek, détenu à Yarzé, a demandé à être placé en résidence surveillée avec sa famille dans l’attente de l’annonce du verdict de la Cour de justice.
La Cour de justice a achevé tard hier soir ses audiences dans l’affaire de l’assassinat de Rachid Karamé, dans un attentat aux explosifs qui avait visé, en 1987, l’hélicoptère à bord duquel il se trouvait. Cette dernière séance (qui a duré de 17 heures à 23 h) a été marquée essentiellement par les plaidoiries des principaux accusés dans cette affaire, le leader des...