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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

COMMENORATION- Il y a 84 ans , le génocide arménien Droits de l'homme : une préoccupation croissante

Pour la 84e commémoration du génocide arménien, le 24 avril 1915, Sa Sainteté Arma Ier, catholicos arménien-orthodoxe de Cilicie, a fait paraître un message dont nous reproduisons de larges extraits. Hier, les Arméniens ; aujourd’hui, les Albanais ; demain, qui donc ?… Les acteurs, les victimes et les lieux changent, mais le drame est le même. L’inhumanité de l’humanité envers elle-même continue avec plus d’horreurs (…). Les facteurs, les moyens et les circonstances changent, mais la raison reste toujours la même : purification ethnique visant une communauté ou une nation à des fins politico-religieuses ou géopolitiques. Le génocide arménien de 1915 est un fait historique. Qui ne sait aujourd’hui, après toutes les études basées sur les documents d’archives et les témoignages vivants, qu’il était le résultat d’un plan organisé et méticuleusement exécuté par les autorités ottomanes ? Mais la question qui se pose actuellement est la suivante : pourquoi la communauté internationale, et plus particulièrement l’Organisation des Nations unies, n’exige-elle pas que ce génocide soit reconnu et que justice soit faite ? Pourquoi la justice est-elle appliquée par un Tribunal international dans le cas d’autres génocides, lorsque le premier génocide du siècle et ses auteurs restent impunis ? (…) Le 10 décembre 1948, les Nations unies, en adoptant la Déclaration universelle des droits de l’homme, ont formellement reconnu et affirmé que «la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et leurs droits égaux et inaltérables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde». Au cours de ses 50 ans d’existence, l’Organisation des Nations unies a cherché à appliquer cette Déclaration historique en adoptant des pactes internationaux relatifs aux domaines spécifiques des droits de l’homme. La Déclaration universelle n’a toutefois pas empêché des communautés, des groupes ethniques et des millions d’êtres humains de devenir les victimes de traitements inhumains tels que la torture, les exécutions, les atrocités, la répression et le génocide. Dominée par les intérêts géopolitiques des grandes puissances, l’Onu, tout en faisant des déclarations éloquentes en faveur des droits de l’homme, a donné la preuve de sa faiblesse face aux violations de ces droits. (…) Aujourd’hui, la question des droits de l’homme se trouve confrontée à trois grands défis : a) Les effets de la mondialisation sont considérables. Celle-ci a sensiblement modifié les relations politiques, sociales et économiques et a provoqué une altération radicale des valeurs, des critères et des structures de la société. Ce processus, qui touche presque tous les domaines de la vie, offre des possibilités immenses ; mais en même temps, il fait apparaître de nouvelles formes d’injustice et d’insécurité sociales, économiques et politiques (…). b) La religion, qui est l’une des composantes fondamentales des droits humains, a resurgi avec plus de force comme une des questions cruciales qui affectent les relations nationales et internationales. Dans un certain nombre de pays, utilisée pour promouvoir les objectifs nationalistes étroits, la religion crée des divisions et des polarisations. Dans d’autres, la Constitution donne à la religion des pouvoirs et des privilèges qui sapent les bases séculières et pluralistes des États et y créent l’exclusion (…). c) La résurgence du nationalisme ethnique a aggravi la question, déjà complexe, des droits humains et plus particulièrement du droit des peuples à l’autodétermination. Vu sous son aspect positif, ce retour représente une recherche de la justice et de l’affirmation de soi. Les gens sont avides de sécurité au sein de leur groupe ethnique, religieux ou national. Dans ce sens, et dans la mesure où il exige le respect de l’identité et de la particularité et qu’il contribue à l’édification d’une société pluraliste, le nationalisme est une force créatrice. Mais lorsqu’il revêt la forme d’une idéologie exclusive et raciste, il empêche la coexistence en menaçant la tolérance interreligieuse et interethnique, et il détruit les fondements même des sociétés pluralistes en créant des situations dans lesquelles les droits de l’homme sont systématiquement bafoués. Ces droits de l’homme demeurent un facteur décisif dans tout processus, toute tentative nationale, régionale et internationale dont l’objectif est la justice, la paix et la réconciliation. Je pense que face aux changements révolutionnaires qui ont déstabilisé l’ordre politique, social et économique, et à la lumière de l’expérience que nous avons acquise ces cinquante dernières années dans notre lutte en faveur des droits de l’homme, il faut que les États, l’Onu, les ONG et les religions élaborent ensemble une politique et une stratégie nouvelles. Cette politique et cette stratégie doivent, à mon avis, viser la promotion et la défense actives des droits de l’homme en recourant à la prévention et aux actions en justice lorsqu’il y a violation de ces droits. À cet effet, un mécanisme international susceptible de garantir, d’assurer et de sauvegarder les droits de l’homme et d’établir des procédures de prévention ou de règlement des conflits interethniques est indispensable. Avant et pendant la guerre froide, les grandes puissances considéraient l’intervention militaire comme le moyen le plus efficace pour assurer la paix et la justice. Ces tentatives ont échoué et elles ne pouvaient aboutir. L’édification de la paix et de la justice est un processus long et complexe. Le dialogue, le respect et la confiance mutuels, la diplomatie active et responsable sont les moyens les plus sûrs pour lutter contre les violations des droits de l’homme et régler des conflits interethniques. Mais le moyen le plus efficace pour prévenir ces violations est sans conteste l’éducation. Les religions, les ONG et les sociétés civiles ont un rôle primordial et décisif à assumer dans ce domaine. Il est également essentiel que le droit international prévoie des sanctions pour empêcher efficacement les violations de ces droits. L’impunité perpétue l’injustice qui, à son tour, engendre des actes de vengeance et un cycle de violence sans fin. Clairement, ceux qui violent les droits de l’homme doivent rendre des comptes à l’humanité. Malheureusement, le dicton populaire Tu peux courir mais tu ne peux pas te cacher a été inversé. Nombreux sont les coupables (États, nations, individus) de massacres, de génocides, de crimes de guerre et d’injustices qui jouissent de l’impunité en vertu «des intérêts vitaux et stratégiques» de pouvoirs régionaux ou mondiaux. Il est urgent de traduire en justice et de demander des comptes aux responsables de politiques qui conduisent aux violations des droits de l’homme. L’entreprise de justice et de responsabilité devrait aussi inclure des mesures de réparation, de restitution et de compensation aux victimes. Mais il me semble que ce ne soit pas le cas aujourd’hui. Éducation, prévention, dialogue et sanctions doivent aller de pair dans notre lutte pour une paix dans la justice.
Pour la 84e commémoration du génocide arménien, le 24 avril 1915, Sa Sainteté Arma Ier, catholicos arménien-orthodoxe de Cilicie, a fait paraître un message dont nous reproduisons de larges extraits. Hier, les Arméniens ; aujourd’hui, les Albanais ; demain, qui donc ?… Les acteurs, les victimes et les lieux changent, mais le drame est le même. L’inhumanité de...