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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

24 Avril - Conférence de Chaker Abousleiman à l'AUB Le génocide arménien, un drame humanitaire et une tragédie nationale

Aujourd’hui, on le qualifierait de «nettoyage ethnique». En 1915, sur instruction des autorités ottomanes, le peuple arménien faisait l’objet d’un plan d’extermination qui devait se solder par 1,5 million de morts. À l’invitation d’un club Paix et droits de l’homme et des étudiants de l’Université américaine de Beyrouth, et à la veille de la commémoration, le 24 avril, du 84e anniversaire du génocide arménien, M. Chaker Abousleiman, président de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, a donné hier au West Hall un exposé sur la cause de la nation arménienne. Les députés Sebouh Hovnanian et Abraham Dedeyan, ainsi que de nombreux étudiants et professeurs, ont assisté à cet exposé, qui a été suivi d’un débat. Citant des instructions claires émanant des autorités ottomanes de l’époque, et notamment une note transmise au Wali d’Alep par Talaat Pacha, au printemps de 1915, M. Abousleiman a entamé son exposé en soulignant que l’extermination collective des Arméniens, sous l’empire ottoman, puis sous Kemal Ataturk, «n’a pas été un épisode passager dicté par des circonstances contraignantes, mais un plan étudié et officiellement prémédité, visant à exterminer la nation arménienne». Drame humanitaire et tragédie nationale, cette question que le monde tente en vain d’occulter constitue l’un des volets de ce qu’on considère communément comme étant «la question d’Orient», a précisé le parlementaire. Si l’on tente de situer les massacres dans le temps, on peut dire que ceux-ci ont commencé vers 1894 et ont culminé en 1915, a-t-il ajouté. Les causes du génocide, elles, sont de deux ordres, a poursuivi M. Abousleiman : religieuses et nationaliste, deux orientations qui figuraient au cœur de la politique ottomane et qui ont dicté l’attitude de l’empire à l’égard des Arméniens et des autres minorités. Toutefois, a souligné M. Abousleiman, sous le sultanat d’Abdel Hamid II, les persécutions et massacres revêtaient surtout une coloration islamique et les populations non turques de l’empire étaient perçues avec méfiance, notamment en raison d’une politique européenne bâtie sur des affinités religieuses et culturelles. Le prétexte était donc tout trouvé pour exterminer les Arméniens, qui considéraient la Russie comme leur puissance tutélaire et les Européens comme des amis, et poussa en échange les Ottomans à les considérer comme un ennemi de l’intérieur qu’il faut anéantir. Avec le démembrement de l’empire ottoman, la tendance nationaliste supplanta la tendance religieuse. Dans le cadre d’une politique de «turquisation» systématique en vertu de laquelle on continua de nettoyer la République jeune turque de la présence arménienne. Justice Il faut rendre justice aux Arabes de Syrie et du Liban, qui accueillirent les colonnes de réfugiés fuyant la Turquie et les massacres. Certains hauts fonctionnaires de l’Empire outrepassèrent même les consignes et refusèrent de tacher leurs mains de sang. Aujourd’hui, a poursuivi M. Abousleiman, le gouvernement turc refuse toujours de regarder la vérité en face et continue de nier l’ampleur d’une «solution finale» qui a coûté la vie à plus d’un million d’Arménien. Mais grâce aux efforts déployés par les Arméniens dans le monde, les faits commencent à être connus et reconnus. La prise de conscience collective de la réalité des génocides a commencé au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. En 1948, l’Onu reconnaissait pour la première fois que «tout génocide est un crime contre l’humanité qui ne connaît pas de prescription». À l’article 24 du rapport du Comité de prévention des génocides et de défense des minorités de la commission des droits de l’homme de l’Onu, il est clairement dit que «les Ottomans turcs ont commis un génocide à l’encontre des Arméniens et plus d’un million d’Arméniens furent massacrés et conduits à la mort». Par la suite, le Conseil mondial des églises appuya les «demandes légitimes» de condamnation du génocide arménien. En 1948, le Tribunal permanent des peuples se pencha sur le cas du génocide arménien. Le 18 juin 1978, le Parlement européen reconnut la véracité historique des massacres des arméniens et posa cette reconnaissance comme l’une des conditions d’admission de la Turquie à la communauté européenne. «Aujourd’hui, devait conclure en substance M. Abousleiman, une coalition israélo-turque menace les Arabes et de nouvelles ambitions se font jour dans les pays islamiques issus du démembrement de l’empire soviétique. En Turquie, ce sont les nationalistes qui l’ont emporté aux élections et l’on devrait assister normalement à l’émergence d’une nouvelle tendance pan-touranienne. Et la question qui se pose est la suivante : au vu de ce qui se passe au Kosovo, au vu de l’attitude prise par la communauté internationale, va-t-on continuer à juger les événements à des aunes différentes, ou va-t-on rendre justice à la nation arménienne et dénoncer ceux qui ont dispersé ce peuple et confisqué une partie de son territoire national ? Le monde est aujourd’hui à l’épreuve, la démocratie est aujourd’hui à l’épreuve. Les droits de l’homme sont aujourd’hui à l’épreuve».
Aujourd’hui, on le qualifierait de «nettoyage ethnique». En 1915, sur instruction des autorités ottomanes, le peuple arménien faisait l’objet d’un plan d’extermination qui devait se solder par 1,5 million de morts. À l’invitation d’un club Paix et droits de l’homme et des étudiants de l’Université américaine de Beyrouth, et à la veille de la commémoration,...