Liban-Israël - L'ALS va maintenir une position dans le village isolé Arnoun transformé en camp retranché

Israël a pris le risque de relancer la tension au Liban-Sud à un mois des élections générales du 17 mai en consolidant hier sa présence dans le village d’Arnoun, investi jeudi soir par une force commune de son armée israélienne et de ses auxiliaires de l’Armée du Liban-Sud (ALS). Les troupes de l’État hébreu ont entrepris, au cours des dernières vingt-quatre heures, des travaux autour du village destinés à l’isoler – cette fois pour de bon – du reste du pays. Equipés de bulldozers, de tracteurs et de camions, des dizaines de militaires israéliens et leurs alliés de l’ALS ont transformé la localité en un camp retranché : remblais de terre de plus de trois mètres, double rangée de barbelés avec, au milieu, un fossé d’un mètre de profondeur. Un porte-parole militaire israélien, cité par l’AFP, a expliqué qu’il s’agissait d’«une opération de sécurité préventive à la suite d’infiltrations répétées de commandos terroristes du Hezbollah». «Il s’agit de protéger les soldats israéliens et l’ALS qui opèrent dans le secteur, notamment contre les engins piégés posés par le Hezbollah et qui étaient entreposés à Arnoun», a ajouté ce porte-parole. Un soldat israélien a été tué lundi par une mine dissimulée par le Hezbollah à un kilomètre à peine de la position israélienne du château de Beaufort, la plus importante de la zone occupée, qui surplombe Arnoun et domine la quasi-totalité du Liban-Sud. Hier soir, on ne savait pas si les troupes israéliennes étaient encore à Arnoun où si elles avaient quitté le village aussitôt les travaux d’isolement terminés. En revanche, l’ALS a annoncé la création d’une «nouvelle position» à Arnoun pour, selon la milice, «empêcher les infiltrations des terroristes dans la localité puis dans la zone frontalière». La milice pro-israélienne reconnaît ainsi implicitement qu’Arnoun ne faisait pas partie de la zone occupée, contrairement à ce que prétend le ministre israélien de la Défense Moshé Arens. Rejetant les plaintes libanaises, M. Arens a affirmé en effet qu’Israël «n’a pas envahi Arnoun puisque ce village se trouve en fait dans la zone de sécurité» (occupée). Avertissement En réalité, Arnoun a constitué pendant des années un no man’s land dans lequel s’infiltraient tous les belligérants. En février, Israël avait isolé une première fois le village à l’aide de barbelés mais sans y maintenir de présence permanente. Quelques jours plus tard, des étudiants venus de toues les régions de tout le pays avaient arraché ces barbelés. Considéré comme «une victoire héroïque sur l’occupant», cet épisode avait été salué par l’ensemble de la classe politique libanaise. Cette fois, pour dissuader les Libanais d’organiser de nouvelles manifestations à Arnoun, Israël a averti que toute tentative de remettre en question les mesures prises dans le village se heurterait à des représailles. «Toute tentative de gêner les opérations de sécurité menées à Arnoun par l’armée israélienne et l’ALS, en mettant notamment en danger la vie de civils, se heurtera à une réaction très ferme», a indiqué un porte-parole militaire israélien, cité par l’AFP. Le porte-parole a précisé que les habitants du village n’étaient autorisés à entrer ou sortir qu’à pied et qu’ils devaient se soumettre à des contrôles d’identité. «Israël appelle les habitants et tous les Libanais à respecter les consignes pour éviter que la sécurité d’innocents soit mise en péril», a-t-il ajouté. Le commentateur militaire du quotidien israélien Yediot Aharonot, Ron ben Ychaï, a estimé que «les Libanais vont tenter de grossir cette affaire au maximum sur le front international». «L’armée israélienne doit agir intelligemment pour éviter que des manifestants s’approchent ou pénètrent à Arnoun. C’est le seul moyen pour que le problème soit réglé sans encombre», écrit-il. Sur une population de 7 000 habitants avant la guerre, Arnoun n’en compte aujourd’hui qu’une soixantaine.