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Actualités - REPORTAGES

Commémoration Toufic Youssef Aouad raconté par ses enfants (photo)

En 1989, le romancier et poète Toufic Youssef Aouad disparaissait dans un horrible attentat. Qui devait aussi coûter la vie à sa fille aînée Samia Toutounji ainsi qu’à son gendre l’ambassadeur d’Espagne Pedro Manuel de Aristegui. Dix ans plus tard, à l’occasion de l’hommage que lui rend le monde culturel, ses trois enfants Rabih, Joumana et Hani Aouad racontent leur père. Mais aussi l’homme, l’époux, l’écrivain, le journaliste et le diplomate. Joumana Aouad de Aristegui parle avec admiration de ce «père exceptionnel. J’ai du mal à dissocier l’écrivain de l’homme, dit-elle, car nous avons toujours vécu, à la maison, dans une ambiance littéraire. C’était sa vie, sa passion. Il avait beaucoup d’ambition, et il a réussi tout ce qu’il a voulu faire jusqu’au bout. En tant que père, il nous a toujours soutenus, entourés de sa présence et de son affection». Toufic Youssef Aouad était écrivain,«et fier de l’être», poursuit Joumana Aouad. «Il ne lisait pas ses poèmes mais les vivait plutôt. De la voix, du geste, du regard». La guerre, il l’a vécue comme une déchirure. «Que les chrétiens et les musulmans s’entretuent, cela allait à l’encontre de sa vision du Liban», souligne-t-elle. Il aimait profondément son pays. Durant sa vie de diplomate, à chaque fois qu’il avait l’occasion de retourner au pays, il se rendait dans sa maison de Bhersaf. Il y avait même construit un eerzal. Et sur la terrasse de sa villa de trois étages, une tente, dans laquelle il dormait souvent. «Il était très heureux. C’était une personne pure et saine, d’une grande sensibilité. Il aimait les choses simples, qui sont les plus belles. Et il les vivait intensément». Ce qui frappait surtout chez Toufic Youssef Aouad, dit-elle, était «son incroyable assurance. S’il voulait faire quelque chose, rien ne pouvait l’en empêcher, se souvient-elle. Il avait une grande confiance en lui. Sans être prétentieux. C’était naturel. Il passait à travers les événements avec beaucoup de sérénité». Optimisme Hani est le deuxième fils de Toufic Youssef Aouad. Il vit au Canada depuis 24 ans. «Je garde surtout le souvenir d’un homme optimiste, sûr de son pouvoir. Que de fois nous a-t-il étonnés en réussissant là où nous pensions tous que c’était impossible», note-t-il. Il se souvient également du talent oratoire de son père. «C’était un homme passionné, qui savait communiquer sa passion», dit-il. On retrouve la nature au cœur de l’œuvre de Toufic Youssef Aouad. «La nature a beaucoup inspiré mon père, souligne Hani Aouad. Il parvenait à trouver un équilibre parfait, à être en harmonie avec elle. Il se levait très tôt le matin, il allait se promener dans la forêt. Il pouvait rester des heures à écouter les oiseaux». Et de conclure : «Mon père nous a beaucoup aimés. Qu’est-ce qu’il n’aurait pas fait pour sa famille ! Personnellement, il m’a appris une quantité de choses précieuses. Il m’a légué un paquet de valeurs morales que j’essaye de communiquer à mes enfants». Cheminement Rabih, fils aîné de l’écrivain, est le seul des enfants Aouad à avoir suivi le cheminement productif de son père. «C’étaient des temps merveilleux, une époque très heureuse», se souvient-il. «J’ai participé passionnément aux activités de mon père. Il me faisait lire ce qu’il écrivait, nous faisions ensemble les corrections. Il m’a offert un jour un exemplaire d’un de ses livres, avec la dédicace suivante : “À ce dangereux critique, mon fils Rabih”. Rabih Aouad souligne à son tour la fascination que suscitait le discours de son père. «Quand il prenait la parole, on était fasciné. On avait du mal à croire qu’il ne lisait pas un texte, qu’il improvisait». En famille, Toufic Aouad vivait dans son monde à lui. «Il était souvent absent, perdu dans ses pensées, cherchant le mot exact pour un poème, note-t-il. Et lorsqu’on le rappelait à la réalité, il s’énervait. Il était en continuelle quête de l’idéal, la beauté, l’esthétique, les principes moraux». Selon lui, son père se voyait surtout romancier. «Je pense que c’est dans ce domaine, dans la langue arabe, qu’il a réellement été innovateur», précise-t-il. Avant lui, on n’avait jamais écrit de romans de ce genre. Des œuvres qui tiennent beaucoup des romans européens, russes, français, anglais, mais qui sont vraiment du terroir, avec un style nouveau, le style Toufic Aouad». Rabih Aouad conclut qu’ «en tant que fils aîné, je me sens la responsabilité de perpétuer le souvenir de mon père. C’est une grande richesse, cela vaut tous les héritages».
En 1989, le romancier et poète Toufic Youssef Aouad disparaissait dans un horrible attentat. Qui devait aussi coûter la vie à sa fille aînée Samia Toutounji ainsi qu’à son gendre l’ambassadeur d’Espagne Pedro Manuel de Aristegui. Dix ans plus tard, à l’occasion de l’hommage que lui rend le monde culturel, ses trois enfants Rabih, Joumana et Hani Aouad racontent leur père. Mais...