Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Partenariat euro-méditerranéen Présence libanaise insignifiante au forum économique de Stuttgart

Si l’on devait, sur une échelle de 1 à 10, évaluer l’état de préparation du Liban au forum économique de Stuttgart, qui se tient en marge de la conférence des 15-16 avril sur le partenariat euro-méditerrannéen, la note zéro pourrait lui être attribuée, la conscience tranquille. Le Liban a brillé, mardi et mercredi, par son absence. Même l’ambassadeur du Liban à Bonn n’a pas cru bon de se déplacer. Alors que l’Afrique du Nord, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye n’ont pas manqué de se faire représenter, soit au niveau ministériel ou quasi ministériel, soit au niveau diplomatique. Pour sauver la mise, il n’y avait ces deux derniers jours, au forum économique de Stuttgart, que M. Alexandre Naassan, représentant au Liban de la fédération des Chambres de commerce allemandes, M. Sleiman Khattar, président du syndicat des industries textiles et trois journalistes. C’est peu. C’est insignifiant. Motifs d’une si flagrante absence ? Côté associations économiques, l’existence d’un grave marasme et le manque d’anticipation ont été avancés comme explications. Côté État, le manque d’intérêt(s), ou de perspective, ou de fonds, ou de projet. «Le Liban n’a plus rien à offrir», entendait-on. Il est permis d’en douter. Des pays comme Malte sont venus là avec un catalogue de leurs entreprises et produits aussi lourd qu’un bloc de pierre. La Tunisie avec un prospectus très esthétique, énumérant les secteurs proposés, sans fausse honte, à la privatisation. Les Libyens, pour leur part, sont venus en masse. Sur les quelque trois cents personnes présentes, ils représentent au moins un cinquième. Ce qui est normal pour un pays qui sort enfin de l’isolement, après un embargo étouffant de huit ans. La Syrie, elle, était présente en la seule personne de M. Saëb Nahas, chef d’entreprise et président de la fédération des Chambres d’industrie et du commerce syrienne. M. Nahas a répondu comme il a pu aux questions qui lui ont été adressées au sujet de la dette publique syrienne à l’égard de l’ex-URSS et de l’ex-RDA (des dettes militaires de 12 milliards de dollars, dont 90 % auraient été remises par les nouveaux gouvernements ayant succédé aux régimes communistes). Il a déploré les «tragédies» des nationalisations de 1959 (République arabe unie) et 1965 (Baas) et défendu la politique d’ouverture progressive et de libéralisation entamée en 1991 avec le fameux décret 10. Une libéralisation à laquelle manquent toujours un système bancaire libre, un secteur libre de l’assurance et un marché financier. Selon M. Nahas, le temps est désormais propice à des investissements privés en Syrie, notamment dans l’industrie de transformation du pétrole et du coton, qui assurent à eux seuls les trois quarts des revenus de ce pays. Les premiers pas prudents en direction de la privatisation ont été pris par la Syrie dans le domaine du tourisme (1 million de touristes par an, pour le moment, une capacité qui peut quadrupler). Il était également intéressant d’observer, au forum économique, les Palestiniens présents, incarnant dans leur domaine l’émergence d’une entité nationale autonome. La diatribe d’un homme d’affaires désireux de devenir concessionnaire des voitures Mercedes et exigeant une réponse favorable à sa demande avait un côté «couleur locale» amusant, dans l’atmosphère luxueuse, feutrée et polie de l’hôtel où se tenait le forum, et en présence de personnes aussi formelles que les Allemands. Ceci dit, on peut ajouter, pour la consolation des responsables, qu’en dépit des énormes efforts de préparation de la Chambre de commerce de Stuttgart, le nombre de représentants de firmes allemands était jugé insuffisant par les organisateurs. Selon ces sources, l’Allemagne ou, disons, le capitaine d’industrie allemand continue de regarder beaucoup plus vers l’Est et se sent encore peu d’affinités avec les pays de la rive sud de la Méditerranée. Toutefois, ceci ne doit en aucune façon décharger les officiels et milieux d’affaires libanais de leurs responsabilités. Si l’absence du Liban est motivée, l’obligation d’être conséquent dans ses choix demeure et exige des actions concrètes. Dans le projet de partenariat euro-méditerranéen, il n’y a plus d’Europe du Nord et d’Europe méditerranéenne, a-t-on fait valoir, et la Finlande est aussi proche de l’Égypte que l’Espagne du Maroc. Raison de plus pour que le Liban ne dédaigne pas une Allemagne qui est son troisième ou quatrième fournisseur en denrées, produits et machines. Plus qu’une décision particulière, c’est une attitude qui est en jeu.
Si l’on devait, sur une échelle de 1 à 10, évaluer l’état de préparation du Liban au forum économique de Stuttgart, qui se tient en marge de la conférence des 15-16 avril sur le partenariat euro-méditerrannéen, la note zéro pourrait lui être attribuée, la conscience tranquille. Le Liban a brillé, mardi et mercredi, par son absence. Même l’ambassadeur du Liban à...