Echanges - Retour du rassemblement francophone à Genève Joyce Liyan , Roger Zehil : découverte d'un monde nouveau (photos)

Joyce Liyan, 20 ans, et Roger Zehil, 24 ans, sont les deux étudiants libanais qui ont participé au «Grand rassemblement de la jeunesse francophone» à Genève, les 19 et 20 mars dernier. 120 jeunes ont réfléchi ensemble sur plus d’un problème. À l’issue de cette réunion, ils ont adressé un mémoire à M. Boutros Boutros-Ghali. Le secrétaire général de la Francophonie transmettra dès lors leurs souhaits au sommet des 52 chefs d’Etat francophones, prévu à Mocton (Canada, nouveau Brunswick), en septembre prochain. En fait, les 120 jeunes ont passé six jours ensemble, du 18 au 23 mars : trois jours à Genève, trois autres à Paris. Ces jeunes sont les lauréats d’un concours lancé en octobre 98. Il s’agissait de répondre à un questionnaire. Pour chaque pays, M. Boutros-Ghali a ensuite sélectionné une fille et un garçon. – Joyce Liyan, 20 ans, est en deuxième année de Sciences politiques à l’ USJ. «C’est en feuilletant L’Orient-Le Jour que j’ai découvert le concours», indique-t-elle. «J’y ai participé, parce que cela m’intéressait, mais je n’avais pas beaucoup d’espoir de gagner». - Roger Zehil, 24 ans, suit des études d’architecture à la LAU. Il a pour sa part été informé par la radio. «J’écoutais R.F.I., un matin, en voiture, alors que je me rendais à l’université. J’ai ensuite cherché le questionnaire dans la presse, et j’y ai répondu». Organisation Du rassemblement de Genève, Joyce Liyan et Roger Zehil retiennent d’abord «l’excellente organisation. À l’arrivée, on nous a remis, à chacun et chacune, une enveloppe. Qui contenait un mot d’accueil, une carte téléphonique, de l’argent de poche, bref, tout ce dont on allait avoir besoin», indique Joyce. «Pendant tout le séjour, tout était prévu et calculé à la minute près». Autre point positif, l’hébergement dans des familles d’accueil, «une expérience agréable». Côté réflexion, Joyce Liyan a participé à l’atelier «Jeunesse et conflits armés». «Nous étions une vingtaine, vivant dans des pays en guerre ou ayant connu la guerre», dit-elle. «Les deux premières heures ont été très dures. Chacun apportait son témoignage et il y a eu des moments de grande émotion». L’atelier de Roger Zehil avait pour thème «Jeunesse, éducation, formation, emploi». «C’était très intéressant, et fructueux», souligne-t-il. À Genève, les 120 jeunes ont apporté leur contribution à une grande fresque de l’amitié et de la paix. Initié par un artiste algérien, Hamsi Bou Beker en 1994, ce projet est baptisé «Les mains de l’espoir – La paix par le respect des cultures». Il consiste en une collection d’empreintes de mains. «Des mains de «grands personnages», comme de gens ordinaires», explique Roger. «Nous y avons donc tous apposé nos paumes. Ensuite, à Paris, j’ai été chargé de présenter le dossier de la fresque à M. Jacques Chirac». Impressions Pour Joyce Liyan, «l’idée de rassembler les jeunes et de leur donner réellement la parole est excellente. Nous nous sommes rendu compte de notre identité francophone», affirme-t-elle. «Et nous avons compris que l’union peut faire la force». «Avant Genève, la francophonie, cela ne me regardait pas», poursuit Roger Zehil. «J’étais né avec, je n’y réfléchissais pas. Maintenant, je sais ce que cela veut dire, et je réalise que j’ai beaucoup de boulot à faire». Une citation qu’il compte adopter : «Etre francophone, c’est d’abord en discuter autour de soi». «J’ai décidé de parler plus souvent le français», dit-il. «D’être plus disponible pour tout projet concernant la francophonie. Enfin, d’entretenir les liens tissés avec les jeunes que j’ai connus au cours du rassemblement». D’un naturel très sociable, Roger Zehil a d’ailleurs été surnommé à Genève «Monsieur Amitié». «J’ai déjà reçu 35 e-mail depuis mon retour», note-t-il dans un sourire. Un nouveau réseau qui se crée, une nouvelle solidarité. Jeune et francophone.