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Actualités - REPORTAGES

Société - Le rapport du Pnud sur les jeunes au Liban Un sectarisme avivé par la guerre (photos)

Publié au début du mois dernier, le rapport du Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) relatif à la situation de la jeunesse du pays traite plusieurs aspects de la vie quotidienne des personnes âgées entre 15 et 24 ans. La participation des jeunes à la vie publique et leurs connaissances en matière de santé figurent parmi les préoccupations du Pnud. (Voir L’Orient-Le Jour du jeudi 1er avril et du mercredi 7 avril). Bien que le rapport du Pnud ait traité de manière sérieuse et académique la situation des jeunes Libanais, le chapitre consacré à leur participation à la vie publique présente certaines lacunes. Et le lecteur libanais ressent, tout de suite, que ce chapitre de l’étude est destiné aux étrangers. Des chiffres traduisant des réalités sociales sont avancés sans aucune explication (section du mariage civil). Des données sont citées (relatives à la participation sociale des jeunes), sans beaucoup de chiffres pour les soutenir. Des faits sont mis en évidence tandis que d’autres sont occultés. Par exemple, les mouvements de soutien au peuple palestinien à la fin des années soixante sont rapportés tandis que d’autres manifestations estudiantines de la même époque sont passées sous silence. De plus, dans ce chapitre certaines données accessibles à tous sont omises. Ainsi, dans la section de l’intégration, la présence d’étudiants non-chrétiens dans des universités appartenant à la «zone est» de Beyrouth n’est pas rapportée. «Durant la guerre, les jeunes du Liban ont joué le rôle de combattants ou de guérisseurs», indique le rapport du Pnud en soulignant que «tout dépendait de leur âge quand la guerre avait éclaté». Les plus âgés se sont enrôlés dans les milices, tandis que les plus jeunes, ceux qui sont nés quelques années avant le début du conflit armé, ont rejoint au cours de leur adolescence les associations humanitaires. Sondages Dans la plupart des pays, qu’ils soient démocratiques ou totalitaires, l’âge de vote est fixé à 18 ans. Au Liban, cet âge est de 21 ans. Mesure qui ne permet pas à la majorité des personnes entre 15 et 20 ans de participer aux élections. Cependant, les jeunes sont préparés au processus démocratique au sein des universités, où ils participent aux élections de délégués. Le rapport ne précise pas que ces consultations sont hautement politisées, voire parfois confessionnelles. Le confessionnalisme est l’un des fléaux qui frappent la jeunesse d’aujourd’hui. En règle générale, la guerre n’a fait que rendre plus aigu ce problème, davantage perceptible encore dans les rangs des jeunes qui sont très touchés par le phénomène. Ainsi, au cours du conflit, les régions mixtes (regroupant des musulmans et des chrétiens) se sont transformées en zones où prédominait une seule religion. Le rapport indique que quand «les étudiants de confessions différentes n’arrivent pas à se rencontrer sur un même campus, il leur est difficile d’admettre le principe de l’entente nationale ou d’accepter l’autre». Le rapport souligne que «dans les régions qui sont restées multiconfessionnelles (la totalité de Beyrouth-Ouest), les étudiants d’une même université appartiennent à plusieurs confessions». Et d’ajouter que «c’est le cas de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et de la Lebanese American University». Le rapport ne précise pas cependant le lieu de résidence de ces étudiants. Il évident que toutes les personnes inscrites à ces grandes universités ne peuvent pas être uniquement des habitants de la région mixte. De plus, l’Université Saint-Joseph (USJ), citée à diverses reprises dans le rapport, a été occultée dans cette section. Situé à la rue Huvelin (Achrafieh), le campus des Sciences humaines accueille une part non négligeable de non-chrétiens. Une source autorisée à l’USJ a indiqué à L’Orient-Le Jour que «28 % des étudiants à la Faculté des Lettres et des Sciences humaines sont des non-chrétiens ; ces derniers forment aussi 22 % des étudiants de l’ensemble de l’université». Cependant, qu’il soit confronté aux autres rites ou non, le jeune Libanais demeure sectaire. Plusieurs sondages le prouvent. Un sondage effectué sur un échantillon de 2 300 étudiants appartenant à plusieurs universités du pays démontre que la majorité choisit pour meilleur ami une personne appartenant au même rite. Ce sont les étudiants druzes qui viennent en tête (97.2 %), suivis des maronites (96.5 %). Condition de rite minoritaire oblige, les étudiants protestants occupent la dernière place (60 %). Une autre étude touchant les étudiants de l’Université Libanaise (UL) et de l’AUB est encore plus significative. Interrogée sur leur leader préféré, la grande majorité (plus de 90%) a choisi pour idole un chef appartenant au même rite. La même étude a montré que parmi les étudiants de l’AUB, «62 % sont attachés à leur rite et 66 % préfèrent épouser une personne appartenant au même rite (et non à la même religion)». Vive la contradiction! Sur le plan de l’idéalisme, ces mêmes étudiants sont déroutants : sectaires et confessionnels sur les questions d’ordre pratique, ils deviennent tolérants dès lors qu’il s’agit de théorie. Ainsi, selon la même étude, ils sont 82 % à vouloir «un Liban laïc, où chacun sera jugé sur ses qualités et non sur son appartenance religieuse». Un sondage relatif au mariage civil, effectué en 1997 par Magma sur un échantillon de 2 500 personnes, révèle l’ampleur du fossé séparant les rites, voire les religions qui, pourtant, «cohabitent». Cependant, le rapport du Pnud n’explique pas les raisons, sociales ou religieuses, des chiffres avancés. 42 % des jeunes interrogés, tous rites confondus, sont pour le mariage civil facultatif. La différence est accablante quand on examine ce pourcentages de près. Du côté musulman, seulement 17 % des jeunes sunnites et 19 % des jeunes chiites sont favorables au mariage civil facultatif, tandis que chez les chrétiens, 75 % des jeunes maronites et 77 % des jeunes grecs-orthodoxes sont pour ce genre de contrat. Perdus peut-être dans un pays qui les a rendus confessionnels, les jeunes se tournent vers les activités sociales. Ils sont très présents dans les ONG, notamment celles qui s’occupent de culture, d’environnement, de sport et des droits de l’homme. Ils s’investissent également dans le développement social, le scoutisme et l’aide humanitaire. En effet, les groupes de volontaires de la Croix-Rouge sont formés pour la plupart de jeunes. D’ailleurs, ce sont surtout les ONG qui effectuent les premiers pas, en proposant des activités spéciales aux jeunes. Ainsi, elles leur accordent la place et l’attention qu’ils méritent. Ne faudrait-il pas déplorer que l’État, lui, soit encore loin, très loin derrière ?...
Publié au début du mois dernier, le rapport du Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) relatif à la situation de la jeunesse du pays traite plusieurs aspects de la vie quotidienne des personnes âgées entre 15 et 24 ans. La participation des jeunes à la vie publique et leurs connaissances en matière de santé figurent parmi les préoccupations du Pnud. (Voir...