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Actualités - REPORTAGES

Théâtre pour enfants - Festival méditerranéen de Tunis "Baddé aamel masrahiyé", de Rabih Freiha : une démystification adaptée au jeune âge du public (photos)

«Baddé aamel masrahiyé» (Je veux faire une pièce) : un spectacle qui a représenté le Liban au «Festival méditerranéen de théâtre pour enfants», à Tunis, du 19 au 26 mars. L’auteur et metteur en scène Rabih Freiha, 28 ans, est diplômé de l’Institut national des Beaux-Arts (INBA) de l’UL (1994). Il interprète l’un des deux personnages de la pièce. L’autre étant joué par Pascale Harfouche, 26 ans, également diplômée de l’INBA en 1996. Le duo a fait le voyage accompagné des deux techniciens Rima Haydariyé (son) et Khaled Hatoum (éclairage). «Baddé aamel masrahiyé» est une pièce «expérimentale, dans ce sens qu’elle ne ressemble à rien qui ait été fait auparavant au Liban au niveau de la structure, de l’idée, de la réalisation et de la mise en scène», indique Rabih Freiha. «J’ai choisi de prendre le risque de m’écarter des normes habituellement suivies : nombreux décors, danses, musiques et chansons, un “méchant” et un “gentil”, etc.». La pièce est dédiée aux enfants de 7 à 10 ans. C’est l’histoire d’un jeune acteur ambitieux (Rabih Freiha) qui décide de faire une œuvre théâtrale malgré toutes les difficultés. Il remplit une grande valise d’accessoires et s’en va réaliser son projet. En chemin, alors qu’il se pose beaucoup de questions, un personnage (Pascale Harfouche) surgit de la valise. Qui symbolise le côté négatif de l’esprit, la mauvaise volonté. Ce personnage, appelé «Ouf» – parce qu’il râle sans cesse – commence alors à décourager l’acteur, à lui saper le moral : «la route est longue, fatigante, il fait chaud, tu n’y arriveras pas». Pour détromper «Ouf» et le convaincre que les choses ne sont pas si compliquées, le jeune acteur se met alors à lui faire une démonstration «live» de toutes les techniques du théâtre pour enfants : théâtre d’ombres, marionnettes, mime, expression corporelle, déguisements, danses, musiques et chansons. Succès Tous les mécanismes de spectacle, toutes les ficelles, sont ainsi démontés devant le jeune public. Rabih Freiha veut donc dévoiler tous les «trucs» du métier. «Démystifier le théâtre pour le rendre plus proche des tout petits». «J’ai voulu leur montrer, insiste-t-il, qu’il n’y a pas de mystères, qu’il n’y a rien d’effrayant et qu’ils peuvent eux aussi faire ce qu’ils voient faire». Et de souligner que «cela n’ôte rien à la magie du spectacle. Au contraire, les enfants s’identifient plus facilement aux personnages puisqu’ils sont en confiance. Ils n’opposent plus de résistance et entrent dans le jeu». Tout comme «Ouf» qui se laisse finalement entraîner par le jeune acteur. Les enfants ont l’air d’apprécier. La pièce a été jouée 25 fois dans les écoles locales avant de gagner Tunis. «À chaque fois, la salle a été positive. Le dialectal arabe n’a pas été un obstacle, les petits Tunisiens ont bien tout compris. Nous avons rencontré partout le même enthousiasme et la même qualité d’écoute», indique Rabih Freiha. «Même chez les moins de sept ans ou chez les 12-13 ans». Rabih Freiha a déjà à son actif une première pièce, «Ossa jdidé» (une nouvelle histoire), également pour enfants. «Il s’agissait en fait de mon projet de diplôme, que j’ai ensuite présenté en public», indique-t-il. «Baddé aamel masrahiyé» sera-t-elle jouée à nouveau chez nous ? «Ce n’est pas évident. La location d’une salle coûte trop cher», répond-il. À moins qu’en cette année de «Beyrouth, capitale culturelle pour le monde arabe», une aide ne leur tombe du ciel. À bon entendeur… Échanges Sept pays ont participé cette année au «Festival méditerranéen de théâtre pour enfants» à Tunis : la Turquie, la France, l’Espagne, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et le Liban, qui était également représenté par la troupe d’Akram Olabi. Pour Rabih Freiha et Pascale Harfouche, «les échanges étaient très intéressants. Nous avons découvert des points communs avec les autres troupes, mais nous avons aussi discuté de nos divergences». La Turquie invite Rabih Freiha à présenter «Baddé aamel masrahiyé» au festival international de Bursa, en octobre prochain. «J’espère que nous pourrons y aller», dit-il, souhaitant que l’État libanais encourage davantage le théâtre local. Rabih Freiha et Pascale Harfouche (notre photo) enseignent le théâtre dans des écoles. Ils ont tous deux joué dans plusieurs pièces locales, pour enfants comme pour adultes, ainsi que dans des films et des programmes télévisés. Côté mise en scène, Pascale Harfouche a à son actif une seule pièce, «Bi aard el bahr», adaptation d’«En pleine mer» du Polonais Slawomir Mrozek, qu’elle a présentée l’an dernier au CCF. Attention! Danger Rabih Freiha et Pascale Harfouche dénoncent la commercialisation du théâtre pour enfants au Liban. «Lorsque nous faisons le tour des écoles pour proposer une pièce, très rares sont les responsables qui se soucient de la qualité du spectacle», expliquent-ils. «Ils pensent d’abord en termes de coût. Ensuite, ils posent des questions du genre : Combien de chansons et de danses ? Combien de décors et de costumes ? Est-ce qu’il y a des animaux ?». Certaines écoles font par ailleurs preuve d’un snobisme mal placé. «Souvent, elles font la moue lorsqu’elles apprennent que la pièce est en arabe», ajoute Rabih Freiha. «Cela est absurde. Jalousie ou complexe par rapport à certains établissements francophones ? Nous sommes au Liban et il n’y a aucune raison de ne pas utiliser la langue du pays». Et de souligner qu’il faudrait toujours consulter des éducateurs, des pédagogues et même des psychologues lorsqu’il s’agit de spectacle pour enfants, «car il est facile, même involontairement, de nuire aux tout petits».
«Baddé aamel masrahiyé» (Je veux faire une pièce) : un spectacle qui a représenté le Liban au «Festival méditerranéen de théâtre pour enfants», à Tunis, du 19 au 26 mars. L’auteur et metteur en scène Rabih Freiha, 28 ans, est diplômé de l’Institut national des Beaux-Arts (INBA) de l’UL (1994). Il interprète l’un des deux personnages de la pièce. L’autre étant joué...