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Actualités - ANALYSE

Les députés s'étonnent que le pouvoir se laisse prendre au jeu Une tension dont on ne distingue pas l'intérêt

Les députés se disent perplexes. Ils ne comprennent ni l’intérêt de la tension politique actuelle, pour quelle partie que cela soit, ni que le pouvoir se laisse prendre au jeu. En quoi, se demandent-ils, les échanges d’artillerie lourde avec les opposants peuvent-ils aider le gouvernement à résoudre les durs problèmes budgétaires qu’il affronte. «Il est assez clair, estime un politicien membre d’un groupe influent, que l’on se trouve en présence d’un scénario déterminé, visant à piéger, à compromettre différentes parties sur la scène libanaise. Dans le droit prolongement de la devise antique, qui ordonne de diviser pour régner. Le manque de lucidité des uns et des autres à cet égard est effarant. Et si l’opposition n’a pas grand-chose à perdre, par contre le nouveau gouvernement, aux assises encore peu solides, devrait se méfier. Car en se livrant à un combat de catch, il risque bien évidemment de se trouver déstabilisé, déséquilibré et peut-être renversé. Le régime pour sa part doit s’efforcer de se cantonner dans un rôle de rassembleur, comme le chef de l’État l’a implicitement indiqué quand il a lancé son appel à une union nationale pour le sauvetage économique. «Le palais, naturellement solidaire du reste de l’exécutif, doit quand même prendre garde à ne pas jouer les fers de lance dans une bataille confuse, incertaine. Il peut rester légèrement en retrait, pour ne pas mettre son propre crédit populaire en jeu. Car on ne doit pas oublier que ce gouvernement qui se bat contre des moulins à vent a beau retarder l’échéance, il lui faudra bientôt présenter son budget. Et du même coup imposer des surtaxes qui le rendront très impopulaire. Au point qu’il pourrait se trouver obligé, comme l’équipe de M. Omar Karamé en 92, de rendre prématurément son tablier. Son échec politique ne devrait pas être celui du régime, pour peu que ce dernier manœuvre avec précision». Un autre député du même bloc relève pour sa part que «les tiraillements actuels, l’impression que tout est à la fois planifié et mal étudié, produisent selon nos informations les plus fâcheux effets au-dehors. «Les investisseurs ne veulent plus se risquer dans un pays où on ne sait pas de quoi seront faites les décisions de demain. Et les capitaux étrangers commencent à prendre le large. Le gouvernement engage des procédures puis s’en lave médiatiquement les mains. C’est très mauvais car la confiance fuit celui qui a l’air de ne pas savoir ce qu’il veut ni où il va au juste. À l’étranger, on commence à penser que les Libanais sont en train de remplacer la corruption par l’indécision, mère d’anarchie. On se dit aussi au dehors que les responsables de ce pays ont beau changer il reste en proie à un même mal chronique, les divisions et les querelles entre gens d’un même système, Taëf». Mais les loyalistes et les opposants sont obnubilés par leurs disputes et ne songent pas à s’en dégager. Ainsi un ministre s’en prend sévèrement à M. Walid Joumblatt, affirmant que le leader druze «outrepasse des lignes rouges connues et foule en même temps aux pieds les règles du jeu politique. Il fait feu de tout bois, s’attaque à toutes les instances comme à tous les sujets, fait exploser des bombes à un moment où l’attention publique se trouvait centrée sur le rapport de la Cour des comptes. Il semble donc que M. Joumblatt veuille faire diversion. Mais aussi prendre les devants avant qu’on ne l’attaque sur la question de la caisse des déplacés, ce trou qui a englouti des centaines de millions de dollars pour engraisser les squatters au détriment des réfugiés. Le chef du PSP recourt à l’attaque comme moyen de défense préventive et se lance à dessein dans de sidérantes surenchères, pour atténuer ou gommer les reproches qu’il s’apprête à recevoir». Mais les députés précédemment cités estiment pour leur part que le cyclone est maintenant passé. M. Joumblatt a fait publier par le PSP un communiqué indirectement apaisant, indiquant que le nom du personnage soupçonné d’avoir mis à sac la retraite de Kamal Joumblatt a été communiqué au directeur de la Sûreté générale. Ce qui laisse sous-entendre que Moukhtara est prêt à dialoguer avec les autorités. Et de conclure que les décideurs, que M. Joumblatt est allé voir en même temps que M. Berry, vont calmer le jeu.
Les députés se disent perplexes. Ils ne comprennent ni l’intérêt de la tension politique actuelle, pour quelle partie que cela soit, ni que le pouvoir se laisse prendre au jeu. En quoi, se demandent-ils, les échanges d’artillerie lourde avec les opposants peuvent-ils aider le gouvernement à résoudre les durs problèmes budgétaires qu’il affronte. «Il est assez clair,...