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Actualités - OPINION

Indépendance au goût du jour

Pas un brin de défaitisme dans les propos qui suivent. Simplement, une bonne dose de réalisme qui nous semble correspondre à l’humeur libanaise du jour. Que célèbre-t-on aujourd’hui ? L’indépendance de 43 qui aurait été en grande partie le fruit d’une contradiction d’intérêts franco-britanniques, ou celle d’un avenir incertain, bien que prometteur à en croire les intentions proclamées de retrait israélien ? Quoi qu’il en soit, ce n’est pas l’indépendance du 22 novembre 99 que l’on fête. Parce qu’évidemment le pays reste occupé. Mais il y a plus grave. En effet, aussi durable soit-elle, l’occupation reste provisoire par définition. Les inscriptions gravées par des armées étrangères sur le rocher de Nahr el-Kalb en sont une preuve indubitable. Ces armées-là n’ont jamais été au Liban que de passage… En réalité, la question fondamentale est de savoir si l’on est mûr pour l’indépendance. Pour cela, un sentiment d’appartenance nationale est indispensable. Or, à supposer, par exemple, que l’État hébreu, comme ses dirigeants affirment vouloir le faire, se retire du Liban avant le 7 juillet 2000, les aspirations du peuple libanais seront-elles ainsi définitivement comblées ? Ou pour qu’elles le soient vraiment, faudra-t-il attendre la libération du Golan à laquelle le Hezbollah invite instamment les Libanais à participer ? Les jeunes (de plus de douze ans) qui ont célébré vendredi dernier la fête du drapeau ne sont guère dupes. Dans les discours que leurs représentants ont prononcés à cette occasion dans certaines écoles, ils ont fait preuve d’une maturité dont la classe politique elle-même n’est pas nécessairement pourvue, en soulignant que la liberté se prend et qu’en aucun cas elle ne se donne. D’aucuns qualifieront d’idéaliste une telle attitude. Elle vaut toujours mieux qu’un prétendu réalisme qui n’est en fait que résignation. La réalisation de l’entente nationale est prioritaire, les Libanais devant se mettre enfin d’accord sur le sens à donner au concept d’indépendance trop souvent galvaudé. Or ce processus n’est même pas enclenché. L’absence aberrante d’un manuel d’Histoire officiel en est une preuve déplorable.
Pas un brin de défaitisme dans les propos qui suivent. Simplement, une bonne dose de réalisme qui nous semble correspondre à l’humeur libanaise du jour. Que célèbre-t-on aujourd’hui ? L’indépendance de 43 qui aurait été en grande partie le fruit d’une contradiction d’intérêts franco-britanniques, ou celle d’un avenir incertain, bien que prometteur à en croire...