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Actualités - ANALYSE

Elections - Le prestige du patriarcat reste intact Bkerké courtisé par tous les postulants

Qui dit élections dit levier d’influence. Ou pour parler en termes familiers, clé électorale. À tort ou à raison, les Ordres de moines sont considérés comme capables de faire pencher la balance dans bien des régions. Et il est de bon ton aujourd’hui d’en faire la tournée. À plus forte raison, en vertu de l’axiome qui recommande de s’adresser à Dieu plutôt qu’à ses saints, le siège patriarcal de Bkerké se trouve pris d’assaut actuellement par des hommes politiques soucieux de s’assurer un maximum d’atouts électoraux. Le prétexte est tout trouvé : une visite protocolaire pour présenter des vœux de fêtes. Mais ces prestations, qui redorent le blason médiatique de Bkerké, semblent finalement bien plus servir les desseins du maître des lieux que de ses hôtes empressés. En effet, le patriarche Sfeir saisit ces multiples occasions tout d’abord pour les faire passer à confesse, en quelque sorte, pour leur édification à travers de courtoises admonestations. Ensuite pour réaffirmer des positions qui sans être agressives ne manquent pas de constance sinon de fermeté. On sait en effet que pour Mgr Sfeir, s’il est normal que les Syriens ne s’en aillent pas avant les Israéliens, il faut par contre toujours tendre vers une vraie souveraineté libanaise. Sur ce point par exemple, il ne transige pas et ne se réfugie dans aucune prudente omission. Sans leur faire ouvertement la leçon, il répète donc à tous les démarcheurs, officiels et opposants confondus, les constantes nationales d’indépendance, de liberté, d’égalité, de justice sociale et de coexistence qui sont, à ses yeux, la raison d’être même de ce pays. Ainsi, lors de son tête-à-tête de la Noël avec le chef de l’État, le prélat a insisté sur la nécessité pour le pouvoir en place de promouvoir une véritable réconciliation interlibanaise pour permettre la réalisation de cet objectif primordial qu’est l’entente nationale. Les sources informées qui livrent ces détails ajoutent que Mgr Sfeir a également parlé du processus de paix vu plus particulièrement sous l’angle de la population de l’enclave frontalière occupée. Il a souligné qu’après le retrait israélien, l’État devrait ramener cette population en douceur dans son giron, en la protégeant de toute exaction causée par la vindicte, afin d’éviter un pogrom poussant ces Libanais à l’exode en direction d’Israël ou de l’Occident. Mgr Sfeir, ajoutent ces sources, a ensuite traité des élections puis des prestations du gouvernement sur le plan économique. Le patriarche, indiquent ces personnalités informées, se dit satisfait de l’orientation du régime actuel et de son attachement aux valeurs nationales. Diversion Par contre, les sources proches de Bkerké ne sont pas très contentes des propos à double tranchant tenus par M. Walid Joumblatt à l’issue de son entrevue avec le patriarche. Comme on sait, le leader du PSP a déclaré que la délégation libanaise aux négociations devait être dirigée par un maronite, afin de dédouaner cette communauté «accusée de trahison durant la guerre» et de lui faire signer un accord honorable avec Israël. Ajoutant que «nous sommes disposés à aider», sous-entendu un tel acte de repentance... À l’Est, on remarque sobrement que «tout le monde a été accusé par tout le monde de trahison durant la guerre, une page que certains ont semble-t-il du mal à tourner». On s’y étonne aussi du ton confessionnaliste donné à ses propos par M. Rafic Hariri qui, sortant de Bkerké, a cru devoir conseiller «aux chrétiens de participer aux élections, de ne pas les boycotter et cela afin de retrouver leur position et leur rôle». Une personnalité politique répond à cette déclaration en rappelant que «ce ne sont pas les chrétiens qui ont choisi d’être exclus, emprisonnés ou exilés». Et de conclure en soulignant qu’il est «certes de bonne guerre d’exploiter politiquement une visite rendue à Bkerké. Mais il est inconvenant, et du reste maladroit, de parler en ce haut lieu de paix et d’apolitisme, de trahison de guerre ou de confessionnalisme politique».
Qui dit élections dit levier d’influence. Ou pour parler en termes familiers, clé électorale. À tort ou à raison, les Ordres de moines sont considérés comme capables de faire pencher la balance dans bien des régions. Et il est de bon ton aujourd’hui d’en faire la tournée. À plus forte raison, en vertu de l’axiome qui recommande de s’adresser à Dieu plutôt qu’à...