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Actualités - INTERVIEWS

Rencontre - Du grand blues au Circus, pour un soir Le retour, d'Otis Grand : souvenirs, souvenirs (photo)

Connu comme l’un des meilleurs bluesmen outre-Atlantique, Otis Grand n’est plus à présenter dans le monde de la musique. Né au Liban en 1950, Otis (de son vrai nom Fouad el-Bushti) y découvre le blues dans les années 60 et fonde son premier groupe, avant de s’envoler pour les États-Unis. De retour à Beyrouth 25 ans plus tard, il a donné lundi soir un concert unique au «Circus», accompagné de ses sept musiciens. Une soirée «du tonnerre» qui est, pour ce guitariste hors pair, le couronnement d’un beau parcours sans faute. La stature imposante, lunettes de soleil, favoris, bouc, houppette surplombant un large front, Otis Grand est un géant du blues. Meilleure guitare du Royaume-Uni ; meilleur guitariste d’Europe, son talent n’est plus à prouver. «J’avais huit ans lorsque mes parents ont émigré aux États-Unis, raconte-t-il. J’ai commencé à jouer de la guitare dès l’âge de 13 ans, à San Francisco. J’étais adolescent, c’étaient les années hippies, le “timing” parfait, quoi». Son premier contact avec le blues ? «Un disque de B.B. King, que j’avais acheté et qui a chamboulé ma vie, répond-il. Je voulais être comme lui, mon désir le plus cher était de lui ressembler». Et d’ajouter : «D’ailleurs, aujourd’hui le style de mon groupe ressemble fort à celui de B.B. King, dans les années 60. C’est cette même musique moody et bluesy qui swingue et sur laquelle on peut aussi danser». Le blues qu’il aime est celui qui est accessible à tous, «celui qu’on jouait dans les clubs noirs bon marché, où pour 50 cents ou 1 dollar on pouvait danser et boire, en écoutant un groupe jouer toute la nuit». Celui aussi que B.B. King a servi pendant 40 ans. De retour à Beyrouth vers la fin des années 60, Otis Grand fonde son premier groupe de blues et lui donne le nom de la rue qu’il habitera pendant quatre ans, The Bliss Street Blues Band. En ce temps-là, c’était la seule et unique formation de ce style au Liban. Elle était composée d’Américains expatriés et de Libanais. «Nous jouions cinq soirs par semaine, dans des endroits que personne ne doit plus connaître aujourd’hui, comme The Father’s Moustache ou The George and Dragon, poursuit-il. Nous donnions également des concerts au BUC (l’actuelle LAU) et à l’AUB; bref, nous étions très occupés». De tous les membres du groupe, Otis Grand est le seul à avoir fait carrière dans le blues. Musicien professionnel dès l’âge de 19 ans, il commence par jouer un peu partout aux États-Unis. «Mais j’ai surtout beaucoup appris des clubs noirs d’Oakland, en Californie», souligne-t-il. «J’ai également passé cinq années à Paris. J’essayais d’apporter mon propre blues là où j’allais». Finalement, il décide de s’installer à Londres où il vit actuellement. La musique, une mission Pour Otis Grand, la musique n’est pas un métier mais une mission. «Je n’ai suivi aucune formation, je ne connais pas les partitions, je joue suivant mon feeling, en y mettant toute mon âme», affirme-t-il. «Tout le monde ne peut pas jouer du blues. On peut en jouer des notes, mais elles ne sonnent pas toujours correctement. Pour cela, il faut les sentir vraiment». Il se souvient du temps où, à Beyrouth, il écoutait avec admiration tous les «grands maîtres» : B.B. King, Magic Sam, Luther Allison, Buddy Guy…. «Près de trente ans plus tard, je partage avec eux la même scène, et j’en ressens une grande fierté», dit-il. Qualifié récemment sur la CNN de «pilier du blues moderne», Otis Grand a donné des concerts dans de nombreux pays ; il a joué avec toutes ses idoles et enregistré des disques avec les plus grands. «Mais tous ces accomplissements ainsi que toutes les récompenses et tous les prix que j’ai remportés ne sont rien pour moi comparés au fait d’être aujourd’hui de retour ici, où j’ai découvert le blues, pour un show professionnel», dit-il avec émotion. «C’est merveilleux de rencontrer des gens qui pourraient encore se souvenir de moi, mais aussi la jeunesse libanaise», ajoute-t-il. Il note que, durant toutes ces années, il ne pouvait pas déclarer ses origines arabes sans risquer d’être court-circuité. «Aujourd’hui, je veux enfin clamer ma liberté», dit-il. Et de conclure par un message aux jeunes : «Je veux que les jeunes sachent qu’il est possible de réussir, malgré toutes les difficultés, et malgré le fait que ce “business” aux États Unis et en Europe est contrôlé par nos “cousins” les juifs. Il faut se battre et foncer, et surtout être bon».
Connu comme l’un des meilleurs bluesmen outre-Atlantique, Otis Grand n’est plus à présenter dans le monde de la musique. Né au Liban en 1950, Otis (de son vrai nom Fouad el-Bushti) y découvre le blues dans les années 60 et fonde son premier groupe, avant de s’envoler pour les États-Unis. De retour à Beyrouth 25 ans plus tard, il a donné lundi soir un concert unique au...