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Actualités - REPORTAGES

Université Libanaise - Rupture du statu quo dans la nomination des directeurs Fronde à la section II de la faculté d'information (photos)

Lundi dernier, les étudiants de la faculté d’information de l’Université libanaise – section II – à Fanar ont décrété la grève ouverte. Le lendemain, mardi, leurs professeurs décrétaient une suspension des cours à la suite d’une assemblée générale extraordinaire tenue dans l’enceinte de la faculté. À 24 heures des vacances de Noël, professeurs et étudiants entendaient ainsi protester contre la décision du recteur de l’Université Assaad Diab de leur «imposer» un nouveau directeur. Une décision qui n’a rien d’«académique» du fait que le directeur en place n’occupe son poste que depuis quelques mois. Les représentants des professeurs et des étudiants soulignent par la même occasion que leur faculté «ne peut plus subir les caprices des uns et des autres». Ils précisent, à titre d’exemple, qu’une valse de directeurs leur a été imposée ces dernières trois années, ce qui porte manifestement préjudice au bon déroulement de l’année Universitaire. Le mois dernier, le recteur, conformément à ses attributions, avait procédé à la nomination de plus d’une trentaine de nouveaux directeurs dans les différentes sections de l’UL. Toutes ont été acceptées sauf celle concernant cette section II de la faculté d’information, à Fanar. De fait, cette nomination contrastait fortement avec le contexte global qui caractérise la situation à l’UL depuis de nombreuses années. Qu’on en juge par les faits : le directeur de la section II de la faculté d’information de Fanar, Georges Kallas, nommé à son poste il y a à peine quatre mois, a été muté à la section I à Beyrouth-Ouest, et son homologue de l’Ouest, Ali Rammal, en poste depuis plusieurs années, l’a remplacé à Fanar. En d’autres termes, un directeur chrétien pour une majorité non chrétienne et inversement. Du jamais vu dans les annales de l’Université libanaise depuis que les sections II ont été créées en 1975. Cette démarche a causé une grande surprise, à tel point qu’au moment de la publication des nominations dans la presse, beaucoup ont cru à une erreur. Mais ils ont dû se rendre rapidement à l’évidence : il n’y a pas eu d’erreur et cette décision a été voulue par le recteur lui-même (ce qu’il a d’ailleurs expliqué lui-même à la presse). La réaction à la section II a été rapide et sans appel : le lendemain des nominations, le conseil de la section se réunissait et présentait une démission collective et adressait, via le doyen de la faculté Assaad Nadiri, une lettre explicative au recteur de l’Université. Cette démission a été suivie par celle de M. Kallas lui-même, qui a expliqué au recteur, qu’«il se trouvait dans l’impossibilité d’assumer son nouveau poste à la section I, pour des raisons de santé». Les étudiants de la section de Fanar, qui auraient voulu se joindre directement à ce mouvement de protestation, ont préféré tempérer : au lieu de déclarer immédiatement la grève, ils ont rencontré d’abord le recteur pour lui expliquer les motifs de leur refus et ont rencontré M. Rammal lui-même «pour le convaincre de présenter sa démission, à l’instar de son collègue de la section II, ce qui permettrait au recteur de l’Université de revenir sur sa décision sans perdre la face». Et ce n’est qu’une fois qu’ils ont réalisé que leur entreprise était vouée à l’échec qu’ils ont décidé de recourir à la grève ouverte, 48 heures avant les vacances de Noël. Les professeurs et les étudiants de la section II invoquent notamment «l’absence de concertation de la part du recteur, à qui revient le droit de nommer les directeurs, mais qui doit aussi savoir que cette section II de la faculté d’information a subi beaucoup de perturbations tout au long des cinq dernières années et qui avec M. Kallas elle venait à peine d’entamer sa longue convalescence». «La décision du recteur, soulignent les représentants des professeurs et des étudiants, vient plonger à nouveau notre section dans des turbulences que nous refusons, de même que nous refusons de servir de cobayes pour on ne sait quelle nouvelle expérience», ont notamment dit les professeurs et les étudiants, les premiers dans leur lettre au recteur et les seconds dans leur communiqué à la presse. Mais pareilles raisons expliquent-elles cette levée de boucliers de la part de la section la plus modeste, sur le plan du nombre, de l’Université ? Certains observateurs considèrent que ces réactions ont été motivées par des raisons plus profondes : l’envoi d’un directeur non chrétien dans une section à majorité chrétienne a été perçu par les étudiants et les professeurs comme un diktat imposé à une fraction déterminée. Et les milieux de la section II d’ajouter : «Ce n’est pas, également, en envoyant un directeur chrétien sur un campus à majorité musulmane, où il peut être contesté qu’on réussit une quelconque osmose nationale». Il faut dire que la décision du recteur Diab n’est pas aussi simple qu’il l’a supposée au départ, soulignent les observateurs. Pour eux, cette mesure a ni plus ni moins brisé une règle admise depuis 1975, c’est-à-dire depuis que les sections II de l’UL, dites sections chrétiennes, ont été créées. Ces sections ont toujours eu à leur tête un des leurs, c’est-à-dire un directeur chrétien, parfois politisé, qui était en totale cohésion avec son milieu, ce qui, pour certains, «limitait les dégâts» et pour d’autres «constituait le meilleur moyen d’endiguer les risques de débordements». Et ce qui a été vrai pour la partie chrétienne l’a été aussi pour la partie musulmane. Une tentative similaire (très timide) avait été tentée il y a plusieurs années par l’ancien recteur Georges Tohmé au niveau d’une section de l’Ouest. À cette époque, le directeur avait été contraint de démissionner. Le mouvement de protestation a été déclenché juste avant les fêtes pour que nul ne s’imagine que la période des vacances servirait de répit au recteur pour faire «avaler la pilule» aux étudiants et professeurs, soulignent les contestataires. Le message est clair : la rentrée sera perturbée, à moins que d’ici là une solution de compromis soit trouvée. Ce à quoi les responsables de la section II – Fanar sont prêts, ont-ils fait savoir à qui de droit.
Lundi dernier, les étudiants de la faculté d’information de l’Université libanaise – section II – à Fanar ont décrété la grève ouverte. Le lendemain, mardi, leurs professeurs décrétaient une suspension des cours à la suite d’une assemblée générale extraordinaire tenue dans l’enceinte de la faculté. À 24 heures des vacances de Noël, professeurs et étudiants...