Rechercher
Rechercher

Actualités - DISCOURS

Communautés - Nous devons démentir la rumeur qui nous décrit comme un peuple sans sentiment national, affirme le chef de l'Eglise maronite Sfeir : la reconstruction globale attend la réconciliation

Dans son message de Noël, rendu public hier, le patriarche maronite Nasrallah Sfeir a invité les Libanais à «une réconciliation globale» qui rende possible la participation de tous, sans exception, à «la reconstruction matérielle, humaine et institutionnelle» du Liban. Nous reproduisons ci-dessous de larges extraits du message du patriarche Sfeir. «(...) Deux mille ans ont passé depuis la venue du Christ au monde. Beaucoup de gens n’ont pas encore entendu parler de lui. Beaucoup d’autres ont fait sa connaissance mais comme s’ils ne l’avaient pas connu : “ils ont fermé leurs oreilles à sa parole, et leurs yeux à sa lumière”. Comme le dit saint Jean : “Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu”. Ainsi se réalisa la parole du prophète Jérémie parlant au nom de Dieu : “Mon peuple commet deux maux : ils m’ont quitté, moi la source d’eau vive, et ils se sont creusé des puits fissurés qui ne retiennent pas l’eau”. C’est à cela que peut être attribuée la crise que subit notre monde actuel. C’est pourquoi se sont multipliées les sectes et les hérésies, qui donnent aux hommes l’illusion qu’ils peuvent apaiser leurs cœurs, et réaliser leur aspiration à la quiétude, à la tranquillité et au bonheur (...). «Ce qui fait le plus peur aux hommes et aux femmes de notre temps, à l’aube du troisième millénaire de la venue du Christ, c’est le nouvel ordre mondial dont on ne connaît pas encore tous les contours, mais qui menace les plus faibles – individus, communautés et pays –, parce qu’ils ne peuvent concurrencer les forts, les grands producteurs, les accapareurs de la science et de la connaissance, en particulier dans le domaine de l’armement sophistiqué. Certains se demandent : Comment les petits pays et les peuples pauvres pourront-ils sauvegarder leur identité, leurs racines, leur patrimoine, leur histoire, leurs caractéristiques, à l’ombre de la mondialisation qui emporte tout ? «Rien, sinon la religion, la crainte de Dieu et la solidarité fraternelle entre les peuples. C’est ce que ne cesse de proclamer Notre Seigneur Jésus-Christ depuis deux mille ans. «Frères et fils bien-aimés, à la veille de Noël, nous allons inaugurer le Grand Jubilé de l’an 2000 par une prière œcuménique qui groupera les représentants de toutes les Églises au Liban et un grand nombre de leurs fidèles. Nous allons demander au Christ, Seigneur du temps et de l’Univers, de nous accorder ainsi qu’à nos Églises, à notre pays le Liban, et à tous les pays de la région et du monde, la tranquillité, la stabilité et la paix auxquelles ils aspirent. «Face aux défis qui nous attendent, nous ne pouvons compter que sur Dieu, sur nous-mêmes pour démentir les rumeurs qui nous décrivent comme un peuple qui ne sait pas ce qu’il veut, qui n’a pas de sentiment national, et dont les fils sont en conflit permanent. L’histoire témoigne que les causes de nos disputes venaient toujours de l’extérieur qui les excitait pour des buts qui nous sont étrangers et en vue d’atteindre des objectifs très éloignés de nous (...). «Mais notre État est aujourd’hui solide, grâce à Dieu et à la fermeté de ses fils. À travers plus de mille ans de difficultés de tout genre, la volonté des Libanais s’est cristallisée, donnant comme fruit la convivialité, dans une atmosphère d’entente et d’accord, malgré les soubresauts passagers de l’histoire. C’est ce qui nous a permis de demeurer sur cette terre, musulmans et chrétiens, depuis l’aube du christianisme et de l’islam, chacun d’entre nous donnant de sa religion et de sa culture un témoignage vrai et authentique. «L’étape que nous traversons est, sans doute, très difficile et très dangereuse. Elle est le résultat de guerres qui ont été appelées, à juste titre, les guerres des autres sur notre sol, même si nous avons commis l’erreur de laisser les autres faire de nous leurs instruments dociles. Mais il est grand temps de tourner les pages noires de ces guerres, d’effectuer une réconciliation globale, de faire participer tous les Libanais, sans exception, au chantier de sauvetage de la patrie, de sa reconstruction matérielle, humaine et institutionnelle. C’est la négligence de cette vérité qui a fait perdre à une grande partie des Libanais leur confiance dans leur patrie, et les a portés à négliger de lui porter secours, après en avoir été empêchés. Cette position de dépit et de repli par rapport au pays a eu comme répercussion : la stagnation économique, l’émigration de sa jeunesse, le défaitisme à l’égard du redressement des institutions, au vu de tous ceux qui sont détenus pour interrogatoire, et qui ne sont ni interrogés ni libérés; des soupçons qui entourent la loi électorale et la manière dont les législatives seront organisées. Toutes ces imperfections pèsent sur l’avenir, à l’heure même où les négociations de paix devraient être confiées à une personnalité de grande expérience, pour que les droits de la patrie à la souveraineté et à la libération de toutes entraves soient garantis».
Dans son message de Noël, rendu public hier, le patriarche maronite Nasrallah Sfeir a invité les Libanais à «une réconciliation globale» qui rende possible la participation de tous, sans exception, à «la reconstruction matérielle, humaine et institutionnelle» du Liban. Nous reproduisons ci-dessous de larges extraits du message du patriarche Sfeir. «(...) Deux mille ans ont...