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Actualités - OPINION

Point de vue La privatisation de l'électricité : réalité et perspective

Dans le but de réduire le déficit budgétaire de l’État et d’augmenter ses recettes, différents organismes internationaux, et principalement la Banque mondiale, recommandent la privatisation de quelques secteurs de l’économie libanaise. Parmi les secteurs-clés, je retiendrai en ce qui me concerne celui de l’électricité. Secteur-clé de notre économie, l’électricité constitue pour l’État comme pour le citoyen un souci majeur et un enjeu de taille. D’une part, il faut développer, renforcer et entretenir continuellement le réseau, et d’autre part, il faut tenter d’assurer cette énergie à un prix abordable pour le citoyen. Ces deux objectifs exigent des investissements énormes mais aussi une productivité maximale pour réduire les frais d’exploitation. Des méthodes modernes doivent être conçues et appliquées au modèle libanais en vue d’améliorer la gestion et de rentabiliser le secteur électrique. Qu’en est-il actuellement ? L’État a confié à l’EDL le rôle principal dans ce secteur tout en conservant un certain rôle à quelques compagnies privées qui opèrent soit dans le domaine de la production soit dans celui de la distribution. Les séquelles de la désastreuse guerre du Liban ne permettent plus à l’État en général, et à l’EDL en particulier, de rentabiliser ce secteur dans un proche avenir. Au contraire, plus la situation actuelle dure, plus la solution devient lointaine et difficile. Il faut donc, à notre avis, agir aussi vite que possible tout en essayant d’appliquer, quand c’est possible, les concepts en vogue actuellement en Europe et en Amérique. En Europe, par exemple, chaque État membre de l’Union européenne a pour obligation, depuis février 1999, de séparer comptablement ses activités de production, de transport, de distribution et de commercialisation et de libéraliser son marché intérieur. Le but final du processus est de parvenir, par étapes, à ouvrir ce marché à la concurrence dans une proportion de 33 % d’ici l’an 2003. Cette concurrence amènera, inéluctablement, une baisse sur les prix de vente aux usagers. Dans le cas de l’EDL, qui fonctionne comme une entité comptable intégrée, la distribution des coûts par activités est très théorique. D’où la difficulté d’établir un système de tarification logique et bien étudiée. C’est ainsi que la tarification actuelle ne repose sur aucun fondement mathématique. C’est peut-être une tarification à caractère social et même politique, mais elle n’est sûrement pas l’économique ni adaptée aux besoins de l’EDL et des sociétés distributrices d’énergie. La privatisation, doublée d’une ouverture de chaque activité du secteur électrique à la concurrence, devrait être la solution appropriée pour ce secteur vital de l’économie. Par ailleurs, si la production de l’énergie électrique peut exiger pour des raisons techniques, économiques et financières l’intervention de sociétés étrangères, il est indéniable que les activités de distribution et de commercialisation peuvent être réservées à des entreprises purement libanaises ou à des sociétés mixtes (le transport restant du ressort de l’État). En effet, une poignée de sociétés libanaises assume depuis longtemps la responsabilité de la distribution et de la perception dans plusieurs localités libanaises. Elles ont traversé les années de guerre avec tous les problèmes qui en ont découlé sans jamais faillir à leurs engagements. Elles ont investi beaucoup d’efforts et d’argent pour améliorer leurs méthodes de gestion et leur productivité. Tout en réduisant les pertes techniques et en limitant au minimum les vols et les atteintes au réseau, ces sociétés assurent à leur clientèle un service de bon niveau. C’est le moment d’apporter l’appui qu’il faut à ces sociétés en vue de raffermir leur position et de les encourager à améliorer leur performance dans l’intérêt des clients qu’elles servent et du service public qu’elles assurent. L’avenir de ces sociétés est actuellement entre les mains de l’État et des organismes internationaux, qui se penchent sur le problème énergétique en général et sur le problème de l’EDL en particulier. Ces sociétés ont le droit de s’attendre à une attitude positive et constructive de la part des décideurs dans ce domaine, qui pourraient apporter le soutien et les outils de travail nécessaires pour améliorer encore davantage leur performance et la qualité de leurs services. Par ailleurs, on pourrait profiter de l’expérience de ces sociétés privées dans les différents domaines de l’exploitation pour mettre au point le modèle le mieux adapté au contexte libanais dans le cadre de tout projet éventuel de privatisation. Malgré leurs dimensions modestes, ces sociétés peuvent être une grande source d’informations utiles et pourraient à la limite servir de modèle de base dans la conception de la nouvelle configuration du système énergétique libanais. Parmi ces entreprises, les sociétés privées de distribution de l’énergie électrique ont acquis, au fil des ans, une expérience et un savoir-faire inestimables dont il faudra profiter dans l’étape future. En conclusion, si la privatisation est d’actualité et, en principe, inévitable, il faut laisser aux entreprises libanaises un rôle dans les domaines où elles ont fait déjà leurs preuves. * Directeur de l’Électricité de Zahlé
Dans le but de réduire le déficit budgétaire de l’État et d’augmenter ses recettes, différents organismes internationaux, et principalement la Banque mondiale, recommandent la privatisation de quelques secteurs de l’économie libanaise. Parmi les secteurs-clés, je retiendrai en ce qui me concerne celui de l’électricité. Secteur-clé de notre économie, l’électricité...