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Actualités - CHRONOLOGIE

Cyclisme - Début de rédemption Les soupçons après le scandale

Même si le Tour de France s’est offert en Lance Armstrong un vainqueur politiquement très correct, le cyclisme n’a pas su en 1999 se laver de l’opprobre des scandales du dopage. De minuscules aveux en promesses de bonne conduite, le peloton a prudemment mais sûrement traversé cette année de transition, hantée par le spectre des affaires Festina et TVM. Certains ont plaidé pour la patience, arguant que le choc vécu lors du Tour 98 allait éclairer les consciences et peu à peu mettre fin à des comportements infantiles. Les contrôles ont été renforcés et le suivi médical des athlètes s’est lentement organisé. Résultat : un seul cas de dopage (celui, involontaire, du champion de Belgique Ludo Dierckxens) a été recensé dans le Tour de France. D’autres se sont refermés sur eux-mêmes, revenant à la loi du silence dans laquelle le cyclisme a longtemps vécu. «Laissez-nous faire le ménage devant notre porte», affirmaient-ils en substance sur les routes de la Grande boucle. C’est pour ne pas avoir voulu se taire – ou parce qu’il fut pris dans un tourbillon méditiaque qui le dépassa – que Christophe Basson dut quitter le Tour de France à mi-parcours. Restent, enfin, ceux qui n’ont pas compris l’avertissement et qui s’en tenant aux pratiques anciennes ont continué d’escalader des cols avec des taux d’hématocrite aussi élevés que des pics alpins. Marco Pantani, vainqueur d’un Tour 98 qu’il jugeait comme le plus propre de la décennie, est tombé de haut. Au matin de l’ultime étape de montagne du Giro, l’Italien, porteur du maillot rose et promis à la victoire finale, a pâli en apprenant que son taux de globules rouges dépassait dangereusement le plafond autorisé par l’UCI. Pantani était exclu de la course et renonçait à défendre son maillot jaune quelques semaines plus tard. Armstrong vainqueur idéal Le coureur de Cesenatico ne fut pas le seul à être rattrapé par les «vampires» (surnom que le peloton donne aux médecins chargés d’effectuer les contrôles sanguins). Avant lui, l’Ukrainien Sergueï Gontchar s’était vu priver de Grande boucle pour une raison identique. Il y eut également les soupçons contre le champion du monde suisse Oskar Camenzind dont l’un des suiveurs commit l’erreur de jeter dans une poubelle un sac rempli de seringues usagées et de produits interdits. Dévidant un nouvel écheveau, les policiers parisiens ont également révélé une affaire impliquant un éleveur de chevaux Bernard Sainz et un avocat, Me Lavelot. Sainz, surnommé Dr Mabuse par le peloton, aurait aidé des coureurs à améliorer leurs performances grâce à des potions de sa fabrication. Parmi les bénéficiaires, se trouvait le jeune espoir belge Frank Vandenbroucke qui, lors d’une conférence de presse, a reconnu avoir utilisé les préparations du faux médecin mais a précisé ne pas en connaître la posologie. VDB fut suspendu par son équipe Cofidis le temps que la lumière soit faite et qu’il soit relaxé. Au cours de cette enquête, les inspecteurs de la Brigade des stupéfiants ont entendu Richard Virenque qui aurait avoué aux enquêteurs avoir utilisé des produits dopants. Le Varois, à peine sorti du Quai des Orfèvres, démentait l’information dans une soirée rocambolesque. Un temps interdit de prendre le départ du Tour, Virenque, grâce à un vice de forme, a réussi à imposer sa présence aux organisateurs. Il terminait avec le maillot à pois sur les Champs-Élysées sous les acclamations de ses supporters. Le seul rayon de soleil qui vint éclairer cette année bien terne fut celui qui salua Lance Armstrong sur la grande avenue parisienne. Le Texan, deux ans après avoir survécu à un cancer des testicules, s’est imposé au terme de trois semaines qu’il a dominées sans partage. Grand communicateur, Armstrong était le vainqueur idéal pour une épreuve qui avait, elle aussi, failli mourir un an plus tôt sur une paisible route des Alpes entre Albertville et Aix-les-Bains. «Croyez-vous, qu’après ce que j’ai vécu, je serais assez inconscient pour prendre des substances qui mettraient ma santé en danger ?», demandait-il aux journalistes étonnés de voir ce spécialiste des classiques devenir un champion des courses à étapes. L’argument était imparable même si ses démonstrations de force dans le contre-la-montre de Metz et lors de la terrible montée à Sestrières ont fait se lever quelques sourcils. Armstrong succède à son compatriote Greg LeMond, triple vainqueur de l’épreuve, qui avait apporté quelques touches de modernité au cyclisme à la fin des années 80. La saison 1999 fut enfin celle de l’éclipse du prodige Jan Ullrich. L’Allemand n’a pas participé au Tour de France, en raison d’une blessure et sa discrétion tout au long de l’année souleva des interrogations dans un climat général de doutes. L’année 1998 fut celle du scandale, 1999 celle d’un début de rédemption, 2000 pourra-t-elle être celle de la réhabilitation ?
Même si le Tour de France s’est offert en Lance Armstrong un vainqueur politiquement très correct, le cyclisme n’a pas su en 1999 se laver de l’opprobre des scandales du dopage. De minuscules aveux en promesses de bonne conduite, le peloton a prudemment mais sûrement traversé cette année de transition, hantée par le spectre des affaires Festina et TVM. Certains ont plaidé...