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Actualités - CHRONOLOGIE

Bilan 1999 - Le point de vue de Charbel Nahas De quelle croissance parle-t-on ?

Le Liban vit sans conteste une récession. Le diagnostic de l’économiste Charbel Nahas n’étonnera personne. En revanche, les questions qu’il pose concernant les moyens de relancer la machine économique sont au cœur du débat dans lequel le pays doit s’engager un jour ou l’autre : quel modèle économique doit-il choisir ? Des importations qui reculent et des prix qui stagnent, ces deux indicateurs permettent à eux seuls, en l’absence d’outil statistique fiable, de déduire que le Liban vit une sérieuse récession. Mais, explique Charbel Nahas, cette récession correspond à la fois à la poursuite d’une tendance antérieure et à une correction macroéconomique automatique. «Il est évident que ces deux indicateurs ne pouvaient augmenter indéfiniment en dépit d’un déficit croissant de la balance commerciale». Étant donné qu’il existe un consensus sur le fait que ces déséquilibres ne peuvent se poursuivre indéfiniment, la question qui se pose est de déterminer quelle politique économique pourra opérer une meilleure allocation des ressources et éviter de revenir à une configuration qui a largement fait la preuve de son échec. Le débat actuel entre les partisans de l’austérité et ceux de la relance est biaisé, affirme M. Nahas. «Il est évidemment plus séduisant de se déclarer contre l’austérité et pour la croissance. Tout le problème est de savoir de quelle croissance on parle». Il existe depuis longtemps au Liban une confusion entre la croissance réelle et la disponibilité des ressources pour la consommation, dit-il. «En théorie il est possible d’avoir une croissance quasiment nulle et un volume d’échanges important. Imaginez un pays où seraient injectées en permanence des devises de l’extérieur et où la seule activité serait le commerce. Un PIB calculé à partir de l’indicateur des importations pourrait être flamboyant, mais celui reposant sur la seule valeur joutée créée dans le domaine du commerce, du transport et des services bancaires nécessaires à la gestion de tous ces flux le serait bien moins». Changer de modèle économique Si on examine des indicateurs sociaux tels que le niveau des revenus, de l’émigration ou des emplois, il est possible de douter que le Liban ait vraiment connu une croissance réelle au cours des années précédentes, poursuit-il. «Le but n’est pas de substituer de façon fanatique un modèle économique à un autre. Ce sont les mêmes personnes, les mêmes capitaux qui doivent migrer progressivement vers d’autres activités, en veillant à éviter de payer un prix social trop élevé». La transition est nécessaire, estime M. Nahas, l’un des auteurs du plan de redressement financier du gouvernement. Car le modèle actuel a «largement prouvé son inadaptation». «Tant qu’on pensait pouvoir reporter à plus tard le prix de certaines distorsions, l’urgence du débat public sur des orientations aussi fondamentales ne se faisait pas sentir». Selon M. Nahas, le gouvernement actuel a eu le mérite de poser les termes du débat et d’indiquer les principaux axes de la réforme. «Il y a là un courage politique, iconoclaste. Mais au niveau des réalisations, on aurait été en droit d’attendre à un rythme plus soutenu et une cohérence supérieure». Des considérations politiques aussi bien internes qu’externes en ont décidé autrement. «Je ne prétends pas connaître le dosage exact. Il est cependant clair que l’année 1999 – et ce qu’on sait du budget 2000 – n’a pas été marquée par une forte dose de réformes. Les évolutions sont très progressives. Or, à ce jeu-là, il y a forcément des perdants. L’ajustement des déséquilibres est simplement reporté à plus tard».
Le Liban vit sans conteste une récession. Le diagnostic de l’économiste Charbel Nahas n’étonnera personne. En revanche, les questions qu’il pose concernant les moyens de relancer la machine économique sont au cœur du débat dans lequel le pays doit s’engager un jour ou l’autre : quel modèle économique doit-il choisir ? Des importations qui reculent et des prix qui...