Soudan Le président Béchir écarte son rival Tourabi

Révolution de palais au Soudan où le président Omar al-Béchir a pris de vitesse son ancienne éminence grise et rival actuel, le dirigeant islamiste Hassan al-Tourabi, en annonçant, dans la nuit de dimanche à lundi, la dissolution du Parlement – dont Tourabi est le président – et l’instauration de l’état d’urgence peu avant les débats cruciaux sur un projet de loi restreignant les prérogatives du chef de l’État. Il a expliqué ces mesures par sa volonté de mettre fin à «un dualisme du pouvoir», pour le contrôle duquel il était en lutte depuis plus d’un an avec M. Tourabi. Le Parlement soudanais devait engager mardi un débat crucial sur un amendement constitutionnel prévoyant de faire élire les gouverneurs des 26 États fédéraux soudanais, nommés jusqu’à présent par le président. M. Tourabi avait attisé l’irritation du chef de l’État en défendant également un autre amendement, visant à créer un poste de Premier ministre. Le général Béchir avait vu dans ces projets une menace d’effritement de ses pouvoirs et avait obtenu fin novembre que M. Tourabi annonce le report à une «date ultérieure» du débat sur la création de ce poste. Un conflit similaire avait déjà opposé les deux dirigeants l’an dernier pour la direction du parti au pouvoir, le Congrès national, et s’était soldé fin septembre par une victoire de M. Tourabi.