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Actualités - ANALYSE

Processus régional - Beyrouth à l'affût de la rencontre Chareh-Barak Le dossier libanais tributaire des pourparlers syro-israéliens

La prochaine prise de contact Chareh-Barak à Washington doit donner le ton aux étapes suivantes de ces négociations qui reprennent après trois ans d’interruption. En conséquence, le palais Bustros a chargé notre ambassade aux States de suivre l’événement de très près, pour pouvoir en analyser la portée avec précision. À Beyrouth, les officiels, qui ne sont pas encore tout à fait revenus de leur surprise, font montre d’un optimisme prudent. On sait en effet que ce qui compte en pratique ce sont bien plus les détails que les principes généraux, sur lesquels il est plutôt facile de s’entendre. Ces mêmes responsables indiquent qu’après la rencontre entre le Premier ministre israélien et le chef de la diplomatie syrienne on devrait normalement connaître le site et les dates des pourparlers ainsi que la composition des délégations et leur niveau de direction. À ce dernier propos, il est possible que les échanges soient conduits tout le long par les chefs des diplomaties de chaque pays. Dans ce cas, la question de nommer un ministre des Affaires étrangères à plein temps se poserait ici même. Car, comme on le sait, c’est le président du Conseil qui assume ces fonctions, auxquelles il consacre une matinée de sa semaine. Si l’on ne veut pas toucher à un gouvernement qui n’a plus que quelques mois à vivre, on pourrait nommer à la tête de la délégation, en lui donnant un titre de ministre d’État, une personnalité politique ou diplomatique expérimentée. Quoi qu’il en soit, à Beyrouth on apprécie à sa juste mesure la solennité de l’événement que va constituer la rencontre entre MM. Chareh et Barak, jamais les deux pays ennemis n’ayant encore dialogué à un degré de représentation aussi élevé. On prévoit dès lors qu’à un tel niveau, bien au-delà des mécanismes prosaïques de fonctionnement des pourparlers, des principes de base communs vont être établis ou confirmés. Ceci étant, la diplomatie étant par définition un art subtil, il n’est pas exclu que la Syrie ait consenti à une prise de contact aussi relevée pour obtenir que par la suite le niveau des délégations soit rabaissé et qu’elles soient menées par de simples ambassadeurs. On sait en effet qu’Israël demande, comme une première garantie de normalisation des relations, que ces délégations soient dirigées au moins par des ministres, ce que la Syrie ne trouvait pas jusque-là nécessaire. Pour en revenir au fond, une question essentielle se pose : est-ce que l’on va pouvoir savoir dès la semaine prochaine ce que signifie concrètement l’expression «reprise des pourparlers au point qu’ils avaient atteint en 1996». En d’autres termes, M. Barak va-t-il confirmer lors de sa rencontre avec M. Chareh l’engagement attribué à Rabin de rendre tout le Golan à la Syrie ? Si c’était le cas, un grand pas aurait été accompli et il y a peu de doute que les autres questions litigieuses ou discutables seraient réglées en quelques mois, comme le prédit Mme Madeleine Albright. Moyennant la restitution totale du haut plateau, M. Barak demanderait, au cours de ces entretiens préliminaires, une paix, c’est-à-dire une normalisation relationnelle, également totale. Mais il est possible que par souci d’efficacité, pour empêcher tout brouillage médiatique et ne pas donner prise aux adversaires du processus dans leurs camps respectifs, les deux hommes s’entendent pour jeter un voile sur leurs échanges et ne pas en révéler les résultats effectifs. À Beyrouth, on attend de savoir, à travers une coordination ultérieure avec Damas, si les négociateurs libanais doivent entrer en lice en même temps que les Syriens ou s’il leur faudra attendre que les pourparlers de ces derniers aient déjà marqué des progrès sensibles. Autrement dit, on attend de voir comment la Syrie va jouer la carte libanaise. Si les Américains, ordonnateurs des festivités, lui en laissent la latitude.
La prochaine prise de contact Chareh-Barak à Washington doit donner le ton aux étapes suivantes de ces négociations qui reprennent après trois ans d’interruption. En conséquence, le palais Bustros a chargé notre ambassade aux States de suivre l’événement de très près, pour pouvoir en analyser la portée avec précision. À Beyrouth, les officiels, qui ne sont pas encore...