Proche-Orient - La secrétaire d'Etat US a achevé hier au Caire une tournée réussie Albright : la région se trouve à un carrefour (photos)

La secrétaire d’État américaine Madeleine Albright s’est déclarée hier convaincue que l’an 2000 sera «l’année de la paix au Proche-Orient», à l’issue de sa tournée dans la région marquée par l’annonce de la reprise des négociations israélo-syriennes. «Ramadan, Noël, Hannukah et le millénaire arrivent tous presque en même temps et je ne peux m’empêcher de penser que cette région, qui est le berceau des trois religions (monothéistes), se trouve à un carrefour», a-t-elle déclaré à Charm el-Cheikh, avant de quitter l’Égypte. Mme Albright faisait référence au mois de jeûne musulman du Ramadan, à la célébration chrétienne de la naissance du Christ, et à la fête juive de la lumière. La secrétaire d’État était arrivée lundi au Proche-Orient pour une tournée qui l’a menée successivement à Ryad, Damas, dans les territoires palestiniens, à Jérusalem et en Égypte. «Je crois que nous pouvons saisir l’occasion, et aider à faire de l’an 2000 l’année de la paix au Proche-Orient, incha’allah» (si Dieu veut), a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien Amr Moussa, après un entretien avec le président Hosni Moubarak. Elle s’est déclarée convaincue que le président syrien Hafez el-Assad et le Premier ministre israélien Ehud Barak étaient «déterminés à aboutir à un accord rapidement», après l’annonce, mercredi, de la reprise des pourparlers israélo-syriens, suspendus depuis février 1996. «Cette détermination existe également sur le volet israélo-palestinien où le président (Yasser) Arafat et le Premier ministre israélien Ehud Barak se sont engagés à conclure un accord-cadre sur les questions du statut permanent d’ici le 13 février», a affirmé Mme Albright. Elle a ajouté que ces développements positifs serviraient de catalyseur à une relance du volet libano-israélien du processus de paix. Mme Albright s’est déclarée «très encouragée» par l’engagement de M. Arafat à poursuivre ses négociations avec Israël «sans interruption». «J’ai été très encouragée par ce que (M. Arafat) a dit hier (...) par le fait qu’il s’est engagé à des négociations sans interruption», a-t-elle déclaré. Elle a ajouté que durant ces deux dernières journées, Israël avait entrepris des «pas significatifs» pour limiter la colonisation en Cisjordanie, qui soulève la colère des Palestiniens. Les négociateurs israéliens et palestiniens ont repris hier leurs négociations, à Ramallah, en Cisjordanie. La rencontre a duré deux heures entre le négociateur palestinien, Yasser Abed Rabbo, et son homologue israélien, Oded Eran. M. Eran a affirmé qu’il espérait que les négociations avec les Palestiniens sur tous les dossiers puissent se poursuivre après la crise sur la colonisation juive. «Nous espérons que nous pourrons continuer la semaine prochaine à traiter toutes les questions à l’ordre du jour», a affirmé M. Eran aux journalistes. Il a ajouté qu’il avait donné des clarifications aux Palestiniens sur l’appel de M. Barak de suspendre la construction de nouvelles unités de logement dans les colonies juives en Cisjordanie. Mais M. Abed Rabbo a affirmé que les clarifications de M. Eran n’étaient pas suffisantes. «Nous avons réaffirmé notre position que toutes les constructions doivent être stoppées, et pas seulement les appels d’offres», a-t-il dit. «Nous avons continué à discuter aujourd’hui la question des colonies et de confiscation de terrains dans toute la Cisjordanie et à Jérusalem. Nous avons expliqué que la question était très dangereuse et que ces activités seraient un grand obstacle pour la poursuite des négociations sur les autres questions», a-t-il dit. À propos des négociations multilatérales, Mme Albright a déclaré que «maintenant que l’accord (israélo-palestinien) de Charm el-Cheikh est en cours d’application et que les négociations syro-israéliennes vont reprendre, nous sommes d’accord, le président Moubarak et moi, sur le fait que ces négociations doivent également reprendre le plus vite possible». Lancées en janvier 1992, dans la foulée de la conférence de Madrid qui avait donné le coup d’envoi au processus de paix au Proche-Orient, les négociations multilatérales sur le Proche-Orient sont gelées depuis 1996. Ces négociations portent sur la coopération régionale concernant les questions des réfugiés, de l’eau, du désarmement et dans le domaine économique. Durant son entretien avec M. Moubarak, Mme Albright a également évoqué l’enquête sur la catastrophe du Boeing 767 d’Egypt Air, qui avait provoqué une crise diplomatique entre l’Égypte et les États-Unis. Elle a appelé à ne pas porter de «jugements hâtifs» sur les causes de la catastrophe, qui a fait 217 morts en octobre.