Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Les centristes entrent en ligne pour suggérer une médiation

Selon un modéré de poids, «le jeu se déroule dans les règles : M. Hariri est dans son droit quand il invite M. Hoss à ne pas signer le décret transmettant à la Chambre un projet de loi impliquant le fractionnement électoral de la capitale. Et le Premier ministre a parfaitement raison de rejeter un tel conseil». Cette remarque, dont l’intérêt n’est sans doute pas prodigieux, suffit au bonheur des centristes qui tentent tant bien que mal de ménager la chèvre et le chou, de naviguer sans couler entre deux eaux, de faire d’une pierre deux coups en applaudissant ensemble la paire flamboyante de rivaux qui s’affrontent sur le ring beyrouthin. Entre les deux, mon cœur balance : «M. Hoss, enchaîne la source citée, estime avec pertinence que la division de Beyrouth n’est pas un enjeu véritablement national. Elle ne vaut donc pas la peine que pour l’empêcher, on plonge le pays dans une crise politique grave. Mais M. Hariri n’a pas tort de soutenir de son côté que rien n’empêche un dirigeant de brandir la menace d’un refus de signature, pour exercer sur le pouvoir une pression dont la légitimité ne peut être contestée. Sans que cela débouche nécessairement sur un conflit explosif». «Il faut dès lors calmer le jeu et parvenir à une entente», propose ce modéré. À l’en croire, «un accord n’est pas impossible, puisque les deux leaders concernés sont pareillement opposés à la division de Beyrouth. Pour parvenir à une solution, il faut cependant d’abord dédramatiser le climat ambiant. Ce n’est pas difficile, car dans le fond aucune crise de pouvoir ne se profile à l’horizon. On sait en effet qu’une parfaite confiance règne entre le chef de l’État et le président du Conseil. Leurs relations sont solides et ne risquent pas de se détériorer. On voit mal M. Hoss contester vraiment les principes établis par le président de la Répulique pour les élections, dont celui de l’égalité entre les régions. Si un mohafazat est morcelé, tous les autres doivent donc l’être. C’est aussi simple que cela. Et si M. Hoss réclame, en tant que tête de liste potentielle, l’unité de Beyrouth, par contre il est d’accord en tant que dirigeant pour qu’il n’y ait aucune exception à la règle commune. Il n’y a donc pas de problème au niveau du pouvoir en tant que tel. Il devrait de même cesser d’y en avoir sur le plan beyrouthin, puisque les deux chefs de file politique sont d’accord pour l’unité et ne divergent que sur les méthodes à adopter pour l’imposer». Ce qui n’est pas tout à fait précis comme diagnostic car il ne s’agit pas d’un simple litige sur les formes, mais bien d’une rivalité politique de fond, articulée sur des projets diamétralement opposés. Les propos lénifiants des centristes ont cependant le mérite, assez rare chez les taëfistes, d’envisager une médiation locale sans recours à un arbitrage des décideurs. Il reste que la position de M. Sélim Hoss semble assez inconfortable. En effet, une fois qu’il aura signé le décret en jeu, en rejetant l’hérésie constitutionnelle que constituerait une abstention, il lui faudra défendre devant la Chambre un projet de loi qu’il n’approuve pas. Comment va-t-il faire ? La tactique, proche de la fuite en avant, qui consiste à masquer le problème par une relance de la polémique avec le camp de M. Hariri est sans doute efficace en termes de prestations médiatiques, mais risque de l’être beaucoup moins devant des députés posant au gouvernement des questions précises auxquelles il est tenu de répondre. Et si dans ce cadre M. Hoss émet la moindre réserve mentale, la moindre critique à l’encontre du projet de loi qu’il présente au Parlement, il commettrait un dérapage constitutionnel encore plus grave que le refus de signature. En revanche, il serait perdant, en termes de crédibilité politique beyrouthine, si devant l’Assemblée il ne parvenait pas à plaider pour l’unité électorale de la capitale. Le dilemme, comme on voit, est ardu pour le chef du gouvernement. C’est avec intérêt qu’on attend de voir comment il va pouvoir tirer son épingle du jeu.
Selon un modéré de poids, «le jeu se déroule dans les règles : M. Hariri est dans son droit quand il invite M. Hoss à ne pas signer le décret transmettant à la Chambre un projet de loi impliquant le fractionnement électoral de la capitale. Et le Premier ministre a parfaitement raison de rejeter un tel conseil». Cette remarque, dont l’intérêt n’est sans doute pas...