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Actualités - CHRONOLOGIE

Loi électorale - L'opposition refuse de baisser les bras Les 14 circonscriptions en Conseil des ministres jeudi (photo)

Les dés sont jetés. À la faveur d’une consultation dénuée de toute transparence et de tout débat démocratique digne de ce nom, la commission ministérielle chargée de mettre au point le projet de loi électorale s’est réunie hier et a décidé de soumettre au Conseil des ministres qui se réunit demain matin le résultat de ses travaux. La commission formée des MM. Michel Murr (Intérieur) Joseph Chaoul (Justice) et Issam Naaman (P et T) a communiqué en soirée au président du Conseil Sélim Hoss le résultat de ses travaux. Il en ressort que le Liban sera divisé en 14 circonscriptions électorales, chiffre qui sera ramené exceptionnellement à 13, le Liban-Sud formant une et non deux circonscriptions, en raison de la persistance de l’occupation israélienne. Selon le ministre de l’Intérieur Michel Murr, ce choix correspond à celui des Libanais, qui sont «favorables à 75 % à la circonscription moyenne». Le délai constitutionnel pour le déroulement des élections commencera le 15 août. Le scrutin se déroulera sur base de la carte électorale, que possèdent déjà tous ceux qui ont participé aux élections municipales de l’été 1998. Les cartes électorales peuvent être obtenues auprès des services de l’état civil. Le découpage proposé par le projet de loi est le suivant : – Liban-Nord : 2 circonscriptions : Akkar-Denniyé-Bécharré et Zghorta-Tripoli-Minié-Koura et Batroun. – Békaa : 3 circonscriptions : Baalbeck-Hermel ; Zahlé ; Békaa-Ouest-Rachaya. – Mont-Liban : 4 circonscriptions : Kesrouan-Jbeil ; Metn ; Aley-Baabda- Chouf. – Beyrouth : 3 circonscriptions : BEYROUTH I : Mazraa-Achrafieh- (6 députés dont 2 sunnites, 1 maronite, 1 orthodoxe, 1 grec-catholique et 1 Arménien). BEYROUTH II : Mousseitbé-Bachoura-Saïfi-Rmeil (6 députés, dont 2 sunnites, 2 chiites, 1 minorités, 1 Arménien et 1 orthodoxe). BEYROUTH III : Ras Beyrouth- Aïn Mreissé- Minet el-Hosn- Port-Medawar—Zokal el-Blatt (7 députés, dont 2 sunnites, 2 chiites, 1 druze, 1 Arménien protestant, 2 Arméniens). Prié de dire s’il se porterait candidat dans ces circonstances, le chef du gouvernement a affirmé après avoir pris connaissance du projet de loi qu’il en décidera «à la dernière minute, peu avant la clôture du délai de dépôt des candidatures». M. Hoss a ajouté qu’au cas où il ne serait pas candidat, il ne se comportera pas comme un chef de liste, mais appuiera certains candidats. Le chef du gouvernement a déclaré également s’attendre à une participation massive au scrutin, compte tenu de la relative petitesse des circonscriptions. Enfin, M. Hoss a précisé qu’il ne faudra pas plus d’une séance du Conseil des ministres pour examiner le projet de loi, et que celui-ci sera voté article par article. Si tel est le cas, il faut s’attendre à ce que le projet de loi soit débattu en Assemblée, la semaine prochaine. Le Premier ministre a conclu en affirmant qu’il exprimera en Conseil des ministres son opposition au découpage de Beyrouth en trois circonscriptions. Les précisions de Murr En cours de journée, M. Murr avait apporté certaines précisions au sujet du projet de loi et du processus électoral en général. M. Murr a notamment précisé que les listes d’électeurs sont désormais disponibles sur disquette, et se vendent 5 dollars la disquette du caza et 10 dollars celle du mohafazat. Au sujet du plafond des dépenses électorales réclamé par M. Hoss, M. Murr a affirmé qu’il a été fixé d’abord à 500 LL par électeur, mais qu’il proposera que ce chiffre soit porté à 1000 LL. Les seuls frais de déplacement des électeurs arméniens durant les législatives de 96 s’est élevé à 250 000 dollars, a-t-on assuré dans les cercles proches de M. Murr. Au sujet de la durée d’application de la nouvelle loi, on affirmait dans les milieux parlementaires proches de M. Murr qu’elle serait de quatre ans, et que la décision de prolonger de 8 mois le mandat de la Chambre, afin d’empêcher que les dates de l’élection du nouveau chef de l’État et des prochaines législatives de l’an 2.004 ne coïncident pas, sera laissée au Parlement. Sur le plan personnel, M. Murr a balayé de quelques phrases les accusations de partialité dont il est l’objet, affirmant qu’il a décidé de ne pas y répondre, «surtout quand elles proviennent de sa circonscription électorale». «Le meeting de Dbayé, auquel j’ai appelé, est ma réponse à ces attaques», a-t-il dit. Et le ministère de l’ Intérieur de souligner que la direction de l’opération électorale est assumée par les commissions de scrutateurs et les juges qui les supervisent, qui sont en lien direct avec les chefs des bureaux de vote, et que le ministère de l’ Intérieur est uniquement responsable de la sécurité de l’opération électorale. Vives réactions Les premières réactions au projet de loi électorale sont venues, comme il se doit, de l’opposition. Dans les milieux parlementaires concernés, on s’interrogeait sur les raisons qui ont été invoquées pour écarter toute idée d’un scrutin à la proportionnelle, et pour choisir le scrutin majoritaire. D’autant plus que, comme l’a affirmé M. Nassib Lahoud, la plus petite des circonscriptions comprend 6 à 7 députés, et que certaines comprennent jusqu’à 18 députés. Selon le représentant du Metn-Nord, un scrutin à la proportionnelle respectant la répartition confessionnelle et régionale des sièges parlementaires, est fort possible, contrairement à ce que croient certains. Par ailleurs, la consternation régnait hier soir dans les milieux de l’opposition à Bécharré, où l’on soulignait que l’association du caza à des régions avec lequel il n’a pas de lien géographique ne pouvait qu’accentuer le sentiment d’aliénation et de frustration au sein de la population. Par contre, en dépit des objections de pure forme émanant de MM. Rafic Hariri et Walid Joumblatt, on estimait hier dans les milieux proches des deux hommes politiques que le découpage électoral leur est, d’une façon certaine, favorable, même s’il doit conduire à la réduction en importance des blocs dont ils disposent en ce moment au Parlement. Les deux leaders ont été reçus hier en audience par le chef de l’État, rappelle-t-on. En tout état de cause, on se faisait une raison, dans ces milieux, s’agissant d’un projet de loi électorale hybride, estimait-on, et étudié de manière à assurer l’arrivée dans l’enceinte parlementaire d’une Assemblée monochrome. L’opposition, pour sa part, ne semblait pas disposée à baisser les bras, et le vote du projet de loi par la Chambre entraînera certainement une résistance passionnée.
Les dés sont jetés. À la faveur d’une consultation dénuée de toute transparence et de tout débat démocratique digne de ce nom, la commission ministérielle chargée de mettre au point le projet de loi électorale s’est réunie hier et a décidé de soumettre au Conseil des ministres qui se réunit demain matin le résultat de ses travaux. La commission formée des MM. Michel...