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Actualités - ANALYSE

Réforme - Casino du Liban, Intra, MEA ... Le train stoppé quelques mètres après la gare

Après un démarrage sur les chapeaux de roue, un peu trop brouillon du reste, le mouvement de changement initié par le présent gouvernement s’est brusquement arrêté. Les pressions politiques y sont certes pour beaucoup, du côté de l’Administration. Mais les difficultés rencontrées dans des institutions mixtes d’intérêt public valent aussi leur pesant d’or dans le blocage de la balance. On parlait pourtant beaucoup, sous l’ancien régime, des prébendes et autres onéreuses aberrations qui émaillaient le parcours de ces organismes. On évoquait même de fumeux scandales, des détournements de fonds, des gaspillages, une mauvaise gestion chronique, des effectifs de complaisance, une corruption généralisée. Et l’opinion s’attendait à un sérieux coup de balai dans cette fourmilière putride qui coûte tant au Trésor et à l’économie nationale. Mais la tentative de redressement n’a pas fait long feu, vaincue autant par la force d’inertie des cadres en place, très peu désireux de voir leur confort dérangé, que par la quasi-impossibilité de les remplacer en bloc, faute d’un nombre suffisant de postulants qualifiés. Toujours est-il que les loyalistes jurent leurs grands dieux que le projet d’assainissement n’est pas définitivement abandonné et qu’il sera repris dès que les conditions politiques le permettront. C’est-à-dire dès que le pouvoir disposera d’une Chambre plus docile, à la faveur des prochaines législatives. Ce qui permettra d’éloigner la politique de l’Administration et vice-versa. Ils ajoutent que ce délai est mis à profit pour peaufiner un plan de réforme global techniquement impeccable. La pause forcée va sans doute, indiquent des professionnels, déboucher sur la reconduction sans changement des membres du conseil d’administration de l’Intra, dont le mandat est en réalité venu à expiration depuis plusieurs mois déjà. Ce directoire avait été alors invité à continuer à assumer ses responsabilités à titre provisoire. Le gouvernement lui avait en outre demandé d’établir un bilan détaillé et transparent de son action, pour faciliter la tâche de l’équipe qui opérerait la relève. On envisageait donc initialement de modifier la composition du conseil et d’en confier la présidence à un expert, plusieurs noms ayant été cités dans ce cadre. Mais le provisoire étant toujours durable et commode, on a décidé de tout geler. Une résolution qui s’est naturellement répercutée sur la MEA. Le président du Conseil, M. Sélim Hoss, s’est hâté en effet de faire valoir que la même équation devait être appliquée à deux quantités égales entre elles, à savoir l’Intra et la compagnie aérienne. Dont le conseil d’administration est de ce fait mis à l’abri pour le moment de tout changement. En arrière-fond, un opposant note en ricanant qu’une fois de plus «le pouvoir a voulu, par délicatesse, ménager la susceptibilité de certains, dont le président de la Chambre, M. Nabih Berry, l’ancien président du Conseil M.Rafic Hariri et bien d’autres. On sait en effet que beaucoup de pôles désintéressés disposent de gens à eux dans les conseils d’administration des institutions mixtes et que cela leur permet d’élargir leur spectre d’influence. Or si M. Hariri est déjà, ipso facto, dans l’opposition, le gouvernement ne veut pas y pousser M. Berry, qui tient la Chambre. Et il ne peut le ménager sans ménager aussi les autres parties prenantes dans les différents conseils d’administration concernés. Mieux encore, certains fonctionnaires de l’Administration ordinaire qui étaient menacés de sanctions se trouvent désormais à l’abri, le gouvernement ne voulant pas en agacer les patrons politiques. Ordre a donc été donné aux enquêteurs, qui en ont été tout surpris, de lâcher prise». Selon une autre source, ces instructions auraient provoqué un esclandre opposant les membres du conseil d’administration du Casino du Liban. Certains de ces cadres auraient été outrés d’apprendre qu’on avait cessé d’un coup les investigations concernant les soupçons de dilapidation (quelques petits milliards de LL) pesant sur certains employés de l’organisme. Et ces vertueux défenseurs des fonds publics en seraient presque venus aux mains avec leurs collègues qui plaident l’amnistie, au cours d’une séance orageuse du conseil. Ces mêmes puristes ont demandé la rupture de contrats léonins conclus avec des entreprises locales ou étrangères, ainsi que la suppression des rémunérations aussi phénoménales qu’injustifiées (25 000 dollars le mois) octroyées à des cadres non libanais.
Après un démarrage sur les chapeaux de roue, un peu trop brouillon du reste, le mouvement de changement initié par le présent gouvernement s’est brusquement arrêté. Les pressions politiques y sont certes pour beaucoup, du côté de l’Administration. Mais les difficultés rencontrées dans des institutions mixtes d’intérêt public valent aussi leur pesant d’or dans le...