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Actualités - INTERVIEWS

Antiquités - Le directeur général p.i. de la DGA s'explique L'Etat veut récupérer ce qui lui revient de droit (photo)

L’enquête sur le vol des antiquités suit son cours. La médiatisation qui accompagne les investigations aussi. Les rumeurs s’enflent au sujet des palais à perquisitionner. Les collectionneurs et les antiquaires font l’objet de soupçons. Ajoutons à cela, les commentaires malveillants qui font leur petit chemin sur des faits qui attendent pourtant le verdict des tribunaux ! Relancé par L’Orient-Le Jour, le nouveau directeur général des Antiquités (DGA) par intérim, M. Chaker Ghadban, veut calmer le jeu, éclaircir les faits. Et rassurer avec tact commerçants et particuliers qui appréhendent d’être poursuivis en justice. «Il est malheureux qu’on ait fait tant de tapage médiatique autour de cette affaire, dit M. Ghadban. Nous ne cherchons pas à entacher la réputation des gens. Notre objectif est de lister toutes les antiquités se trouvant au Liban, pour les comparer avec notre inventaire et les dessins publiés dans des études scientifiques, afin de pouvoir repérer puis récupérer les collections du Musée national disparues durant la guerre. Nous ne nous attaquons ni aux commerçants, puisque le négoce des antiquités est permis par la loi, ni aux particuliers qui ont réuni des objets par amour de l’art et de l’histoire, ajoute M. Ghadban. Bien au contraire, je les remercie. En collectionnant ces pièces, ils nous aident à préserver un trésor national qui aurait pu facilement être envoyé hors du Liban. Nous voulons tout simplement restituer son bien à l’État, gardien de la mémoire du pays». Un registre de rigueur Pour ce qui est des perquisitions chez les marchands d’antiquités, le directeur de la DGA explique que ces opérations de recherche ont pour but de sérier les établissements spécialisés. «De recenser, de classer et de numéroter les pièces qu’ils possèdent. De procéder ensuite à un recoupement avec la liste des objets déclarés disparus par la DGA, durant la guerre. En bref, nous reprenons le cas échéant ce qui nous revient de droit». C’est-à-dire ce qui appartient aux collections nationales. Rappelons que, parmi les objets volés, il y a la presque totalité des sculptures, statues, reliefs et fragments d’architecture provenant du sanctuaire d’Echmoun (Saïda). Les pièces avaient été emballées dans des caisses puis mises à l’abri dans les entrepôts de Byblos par l’émir Maurice Chéhab et l’archéologue M. Rolf Stucky. En 1981, apprenant la disparition de ces caisses, M. Stucky (aujourd’hui directeur de l’Institut d’archéologie de l’université de Bâle) avait déclaré qu’«une bonne partie des objets n’a pas de valeur marchande et que les quelque 600 fragments de sculpture et d’architecture devraient être recherchés non seulement sur les marchés d’antiquités européen et américain mais aussi dans les collections privées locales». Qu’elles soient détenues par des particuliers ou qu’elles soient entreposées chez des commerçants, «les pièces volées de nos dépôts doivent être rendues», déclare le directeur de la DGA. Toujours côté négoce, M. Ghadban rappelle que les marchands autorisés à faire le commerce des antiquités ont de toujours tenu un registre (modèle approuvé par la DGA) sur lequel est reproduit «l’inventaire méthodique et descriptif des objets qu’ils possèdent, leur certificat d’origine, etc.». Les pages de ce registre sont soumises au contrôle de la direction des Antiquités et paraphées par un de ses agents. De même, les marchands doivent tenir à la disposition des acheteurs un document délivré par le directeur du service des Antiquités. Par ailleurs, M. Ghadban met l’accent sur un article de loi qui stipule qu’on ne peut exercer le commerce des antiquités que dans «un seul lieu». Le magasin et le dépôt devant occuper «un même site». Quinze ans de guerre et de désordres. Il y a eu, dans beaucoup de cas, tout bêtement, négligence et laisser-aller. «Oui, dit M. Ghadban, nous avons vécu une situation anormale ; mais il était temps de mettre un peu d’ordre dans la maison». Déclarer ne veut pas dire restituer «Nous ne demandons pas la restitution des pièces en possession des particuliers, dit M. Ghadban. Nous demandons aux Libanais de nous faciliter le travail en déclarant leur collection par une note écrite. Dès réception de cet avis, les agents de la DGA vont sur place pour entreprendre le classement des pièces, numéroter les objets, les photographier, les dater». Il explique ensuite qu’«il est assez difficile à un particulier de prouver son droit de propriété, s’il ne dispose pas d’un reçu d’achat ou d’un certificat d’origine». Les confiscations ne paraissent pas pour le moment à l’ordre du jour. «Le commerce des antiquités, dit en effet M. Ghadban, n’est pas prohibé. Par conséquent, le Libanais a le droit d’acheter des objets antiques». Toutefois, en inventoriant les lots, la DGA peut trouver une pièce classée «importante», ou «majeure» pour compléter la collection nationale ou faire «avancer la science». «À ce moment, souligne M. Ghadban, le service des Antiquités a le devoir d’acquérir ledit objet. En indemnisant le propriétaire évidemment», ajoute-t-il. Le prix est fixé à l’amiable entre les représentants de l’État et le possesseur. En cas de désaccord, un arbitre est désigné par les deux parties et sa décision est sans appel. «Les antiquités sont la propriété de l’État, reprend le directeur de la DGA. Notre opération a pour but la préservation de notre patrimoine, de notre mémoire et par conséquent de notre identité. Nous ne sommes pas à la recherche de colonnettes, de chapiteaux et de mortiers qui ornent les intérieurs libanais. Il ne faut pas que les particuliers aient peur de cette opération sauvetage. Il n’y aura pas d’atteinte aux droits de l’homme», conclut le directeur général. D’autant que la tâche de récupération serait énorme. Et que les effectifs manquent autant que les moyens.
L’enquête sur le vol des antiquités suit son cours. La médiatisation qui accompagne les investigations aussi. Les rumeurs s’enflent au sujet des palais à perquisitionner. Les collectionneurs et les antiquaires font l’objet de soupçons. Ajoutons à cela, les commentaires malveillants qui font leur petit chemin sur des faits qui attendent pourtant le verdict des tribunaux !...