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Actualités - ANALYSE

Les lacunes de la phraséologie officielle Pas de prospérité sans souveraineté

Tout est dans tout et réciproquement, disait l’humoriste Capus. Sans vouloir pour sa part plaisanter, un pôle religieux de l’Est met quand même ensemble des éléments que la phraséologie officielle n’associe jamais : l’économie et l’indépendance. Il souligne en effet que «sans récupération d’une vraie souveraineté sur l’ensemble du territoire national, sans une parfaite autonomie de décision qui seule peut garantir l’existence d’un État fort par lui-même, le Liban ne peut pas réellement intéresser les gros investisseurs. Au stade actuel, le capital, intérieur ou extérieur, n’est tenté que par les bons du Trésor qui ne nous rapportent que du déficit accumulé. On dira qu’avec le nouveau pouvoir, il y a un regain de confiance. C’est sans doute exact, à cette nuance près que cela reste relatif et précaire, du moment que tout peut basculer brusquement si l’occupant israélien décidait d’attaquer. Ou si les décideurs cessaient, pour une raison ou pour une autre, de soutenir à fond le régime. La reprise économique ne sera donc sérieusement envisageable que le jour où toutes les forces non libanaises auront quitté ce pays». Parallèlement, cette même personnalité, pour qui Taëf n’est pas un enchantement, estime qu’il n’y aura pas «de changement en profondeur sur le plan intérieur tant que le Liban ne sera pas libéré de l’occupation israélienne et dégagé d’autres présences. Les gouvernements continueront à être formés à partir de clivages bien orchestrés. Les élections ne cesseront pas d’obéir à des impératifs de docilité déterminés. Et la pratique d’une saine démocratie, tout à fait libre, restera pure illusion tant que la volonté libanaise n’est pas libérée». Ce prélat, commentant la visite à Paris du cardinal Sfeir, note ensuite que «la France reste l’un des rares amis sincères du Liban. Dans la mesure de ses moyens, elle ne cesse d’aider ce pays, d’en soutenir la cause dans les instances internationales, au sein de l’Europe comme auprès des États-Unis. La France plaide pour un départ de toutes les forces non libanaises, mais bien évidemment ses efforts en faveur de notre souveraineté ne sont pas décisifs. Il faut, pour y arriver, un consensus internationalo-régional car le problème libanais fait partie intégrante, on ne peut le nier, du dossier proche-oriental. Il n’est plus possible de l’en dissocier, comme on pouvait encore l’espérer il y a quinze ans». Et de souligner en soupirant que «la France aide le Liban mais sans pouvoir le sauver entièrement ; alors que ceux qui ont cette capacité, puisqu’ils peuvent influer sur Israël, n’en ont pas manifestement pas la volonté». Identité de vues Après cette pique aux États-Unis, la source citée indique que le cardinal Sfeir qui a rencontré à Paris les trois leaders maronites en exil, MM. Gemayel, Aoun et Éddé, «les a trouvés parfaitement d’accord sur la souveraineté, la libération du territoire occupé par Israël, le départ de toutes les forces non libanaises et la récupération du pouvoir national de décision. Il faut donc commencer par obtenir l’application de la 425, suivie de la prise en charge de l’ordre sur tout le territoire par les seules forces régulières nationales, pour que la sécurité cesse d’être empruntée ou mixte, ce qui n’est pas dans le fond un gage de solide stabilité». Et d’insister sur ce point : «Tant que les Israéliens continueront à occuper une partie du Sud et de la Békaa-Ouest, on ne pourra ni retirer les Casques bleus de la Finul ni soutenir que la présence de forces syriennes n’est pas motivée. Or il est regrettable de constater que le retrait israélien, qui provoque comme on sait une polémique en Israël même, n’est pas non plus du goût de certains de nos compatriotes qui privilégient la formule selon laquelle l’intérêt national pris tout seul n’existe pas et se trouve conditionné par l’association avec le Golan. Ces partisans de la primauté du jumelage ont été jusqu’à reprocher au président du Conseil d’avoir répété que la 425 et la 426 doivent être appliquées après quoi la convention d’armistice de 1949 régirait les rapports libano-israéliens jusqu’à la conclusion d’une paix globale, ce qui signifie que les opérations sur le terrain prendraient fin. Pour ces jusqu’au-boutistes, la Résistance doit continuer à frapper les Israéliens jusqu’à ce qu’ils rendent le Golan aussi. Un point de vue que l’on comprendrait mieux si la Résistance s’exprimait aussi sur le haut plateau et si nos frères annonçaient de leur côté qu’ils ne cesseraient de harceler l’ennemi que lorsque le Sud nous serait rendu. Le plus regrettable, c’est que cette théorie est indirectement étayée par les déclarations un peu équivoques d’officiels locaux répétant que les volets libanais et syrien sont indissociables sans trop préciser que cela concerne le traité de paix final et non pas la situation de fait sur le terrain. Et le malentendu va encore plus loin puisque certains soutiennent que même après le retrait israélien, les forces syriennes ne devront pas quitter ce pays avant la restitution du Golan. Ou même après».
Tout est dans tout et réciproquement, disait l’humoriste Capus. Sans vouloir pour sa part plaisanter, un pôle religieux de l’Est met quand même ensemble des éléments que la phraséologie officielle n’associe jamais : l’économie et l’indépendance. Il souligne en effet que «sans récupération d’une vraie souveraineté sur l’ensemble du territoire national, sans une...