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Actualités - ANALYSE

Réforme - Assainir l'administration Le régime garant de la crédibilité gouvernementale

Comme dit Charles Pasqua, les promesses n’engagent finalement que ceux qui y croient. Il n’est donc pas interdit de rester sceptique face au riche programme que le gouvernement a détaillé voici trois mois dans sa déclaration ministérielle. Mais le Cabinet bénéficie pour sa crédibilité du soutien sans faille du régime. Un appui d’autant plus précieux que le président de la République est finalement le seul dirigeant politique appelé par ses fonctions à prêter serment devant la nation. Et dans ce contrat moral, il a tenu à préciser que lui-même se place au-dessous de la loi. Ce qui signifie, les loyalistes ne cessent de le répéter comme si c’était la panacée, que plus personne ne peut échapper le cas échéant aux rigueurs de cette loi. On peut certes prendre ses distances par rapport à toute devise politique qui résonne comme un slogan démagogique. Mais l’opposition elle-même, qui ménage comme on sait les décideurs, affirme que le chef de l’État se montre fidèle à son discours d’investiture, veille au respect de la démocratie et de la loi, en s’efforçant de préserver une justice indépendante immunisée contre toute interférence. Il tente également de faire assainir et moderniser l’administration, en expurgeant corruption et clientélisme. Le président Émile Lahoud prône la transparence et souhaite que les Libanais sachent exactement où vont leurs sous, à quoi servent les impôts qu’ils paient, comment l’État dépense son argent, comment se font les adjudications et comment «la main du voleur sera coupée». Partant de là, les loyalistes soulignent que le nouveau climat est à l’origine des poursuites judiciaires décidées dans l’affaire dite des résidus pétroliers. Et soutiennent – sans trop se rendre compte que de tels pronostics constituent un amalgame que la loi même interdit –, que les procès vont s’enchaîner, que la justice va récupérer l’argent volé au Trésor. Ce qui d’ailleurs est en pratique incertain, les fonds en question ayant probablement quitté le pays. Les méandres des commissions En tout cas, un loyaliste, que le légalisme n’étouffe pas, se félicite que «la justice ordinaire se mette en branle contre des suspects, en refusant qu’ils aillent devant la Haute Cour, ce qui les avantagerait ou leur ferait gagner du temps. Et sans attendre non plus la nouvelle loi sur l’enrichissement illicite qui tarde trop à venir». Le fait est que ce texte se perd dans les méandres de diverses commissions et fait l’objet de débats, de controverses stériles entre politiciens ou juristes. Ce qui donne à penser, d’une manière générale, que l’élan imprimé par la présidence de la République peut se trouver entravé au niveau de l’exécution, de l’intendance comme on dit. En d’autres termes, on se demande si le gouvernement, qui a déjà de son propre aveu dérapé dans l’affaire de la réforme administrative, est en pratique à la hauteur de la confiance que lui manifeste le régime. Quoi qu’il en soit, ce qui intéresse le plus aujourd’hui, de façon manifeste, l’homme de la rue aussi bien que le politicien est de savoir si en réalité l’affaire des dérivés pétroliers n’est pas l’arbre qui cache la forêt. C’est-à-dire si on ne va pas se contenter de ce dossier pour considérer que l’on a crevé l’abcès et fait exemple. Un modéré proche du pouvoir répond qu’il faut savoir «raison garder», ajoutant : «Il ne s’agit pas de mener une opération de vengeance politique arbitraire. Mais il ne s’agit pas non plus de laisser le vice, si vice il y a, triompher. On n’étouffera pas les scandales, s’il y en a, d’autant que l’intérêt public commande de tenter de recouvrer les fonds évaporés. Mais on ne donnera pas du tout de mot d’ordre, dans un sens ou dans l’autre, à la justice qui est seule habilitée à agir et se trouve directement dépositaire en cette occurrence des intérêts du pays». Cette personnalité regrette par ailleurs que «le nouveau pouvoir ait dû, contraint et forcé, composer avec certaines réalités. Ainsi si certaines parties antérieurement influentes ont été évincées, d’autres restent en place. Ce qui rend les choses très difficiles, comme on l’a vu pour les éliminations administratives. Car en touchant aux uns et pas aux autres, le pouvoir est accusé d’illogisme, d’iniquité, de complaisance et de manque de crédibilité. Le mieux pour lui, et d’ailleurs la loi l’y oblige en principe, est de s’abstenir de tout commentaire au sujet des affaires dont la justice se saisit. Or certains responsables commettent la maladresse de parler de la récupération des fonds et de l’épuration des mœurs politiques via les procès. La transparence, dont ils se réclament, ce n’est pas du tout cela, c’est même le contraire : seules les vérités solidement prouvées doivent être divulguées et uniquement par la justice».
Comme dit Charles Pasqua, les promesses n’engagent finalement que ceux qui y croient. Il n’est donc pas interdit de rester sceptique face au riche programme que le gouvernement a détaillé voici trois mois dans sa déclaration ministérielle. Mais le Cabinet bénéficie pour sa crédibilité du soutien sans faille du régime. Un appui d’autant plus précieux que le président de la...