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Actualités - CHRONOLOGIE

Conduire dans la zone occupée : un jeu dangereux

Circuler dans la zone occupée par Israël au Liban-Sud est souvent un jeu dangereux : la nuit, les routes sont quasiment désertes ; le jour, il faut éviter les patrouilles israéliennes et les mines, écrit Nayla Razzouk, de l’AFP. Si personne de sa famille n’est disponible, Alia, une jeune institutrice, embarque un voisin pour aller jusqu’à l’école où elle enseigne, deux villages plus loin. Sinon, elle risque au mieux de se faire confisquer sa voiture, au pire de se faire tirer dessus : il est interdit de rouler seul. Israël et l’Armée du Liban-Sud (ALS) ont imposé cette règle il y a plusieurs années pour éviter les attentats suicides. «Il est interdit de conduire seul. Tout contrevenant aura son véhicule saisi», avertit un panneau au point de passage de l’ALS à Kfar Tebnit, l’un des cinq accès à la zone occupée pour les véhicules. En dix ans, au moins six conducteurs solitaires ont été abattus. L’une des victimes était un milicien de l’ALS en civil qui circulait à moto : il a été tué par d’autres miliciens auxquels il venait justement donner l’ordre de tirer à vue sur les motos, totalement interdites dans la zone occupée. «Ces mesures nous compliquent encore la vie. Comme si nous n’avions pas assez de problèmes avec l’occupation et les combats quotidiens entre les Israéliens et la Résistance», dit Hassan, un commerçant. De nombreux civils ont aussi trouvé la mort en sautant sur de nombreuses mines dissimulées le long des routes. Le dernier attentat à la voiture piégée du Hezbollah remonte à 1995 : une trentaine de personnes, dont sept soldats, israéliens et miliciens de l’ALS, avaient été blessées et le kamikaze tué. Le Hezbollah avait filmé l’attaque dans le village de Bint Jbeil montrant le véhicule foncer et exploser au milieu d’un convoi israélien. Autorisation préalable Il est également interdit de doubler une patrouille israélienne et il faut rester à bonne distance derrière. Il arrive pourtant parfois que dans les villages, des civils se risquent à conduire seuls. Mais si une patrouille surgit en face, le conducteur téméraire doit immédiatement se ranger, sortir de la voiture, traverser la rue et attendre que le convoi soit passé. «Une fois, je devais aller à Beyrouth d’urgence, j’ai dû attendre une demi-heure qu’une patrouille à pied soit passée. Quand je suis arrivée au point de passage de l’ALS, il était déjà fermé», raconte une vieille femme. Les habitants de la zone et les quelques journalistes étrangers qui s’y rendent doivent obtenir des autorisations de l’armée libanaise et de l’ALS pour entrer et sortir de l’enclave. Entre les points de contrôle de l’armée libanaise et ceux de l’ALS s’étire un no man’s landmontagneux d’au moins un kilomètre. Aux points de passage de l’ALS, les véhicules sont minutieusement fouillés et les conducteurs doivent fixer avec de gros élastiques une plaque minéralogique spéciale. Aux barrages de l’armée libanaise, les camionneurs doivent parfois décharger leur cargaison. Des soldats vérifient les chargements de sacs de sable ou de ciment en y enfonçant de longues tiges métalliques. «Avec toutes ces tracasseries, nous ne pouvons pas vendre nos fruits et nos légumes, qui pourrissent avant d’arriver dans les magasins», se plaint un agriculteur. Les nerfs sont à vif dans la zone. Une femme se rappelle ainsi la panique d’une patrouille israélienne en découvrant une bouteille suspecte au milieu d’une route. «Ils ont bouclé tout le secteur, fouillé nerveusement les alentours et ont tiré sur la bouteille». Une petite fille de 9 ans avait seulement voulu faire une farce.
Circuler dans la zone occupée par Israël au Liban-Sud est souvent un jeu dangereux : la nuit, les routes sont quasiment désertes ; le jour, il faut éviter les patrouilles israéliennes et les mines, écrit Nayla Razzouk, de l’AFP. Si personne de sa famille n’est disponible, Alia, une jeune institutrice, embarque un voisin pour aller jusqu’à l’école où elle enseigne,...